A Marseille, le festival Les Plus Belles de Mai impose les femmes dans l’espace public

A Marseille, le festival Les Plus Belles de Mai impose les femmes dans l’espace public
A Marseille, le festival Les Plus Belles de Mai impose les femmes dans l’espace public
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Défilé de rue lors du festival Les Plus Belles de Mai, devant le bar Marius, dans le quartier de la Belle-de-Mai, à Marseille, le 13 avril 2024. JEAN-CLAUDE SANCHIS

Ils sont huit, alignés épaule contre épaule, la tête haute et le regard fier. Les femmes du collectif Mira, toutes résidentes du quartier Belle-de-Mai en 3e quartier de Marseille, scandent, à leur tour, ” Je suis f “, un texte écrit par l’un d’eux. En quelques minutes seulement, ces femmes de tous âges et de toutes origines se passent le micro pour exprimer les mêmes mots, qu’elles lisent sur leur smartphone. En français, en arabe, en kabyle, en russe, en allemand, en espagnol, la litanie est répétée. Oscillant entre l’urgence de dire et l’euphorie joyeuse d’avoir le courage de le faire, là, sur une place publique. “Je suis Fidélité, je suis Fertilité, je suis Fragilité, je suis Force, je suis Futur (…). Je suis une femme. »

Depuis trois semaines, ce rituel puissant bouscule chaque samedi, en début de soirée, les habitudes de la Belle-de-Mai, quartier populaire et cosmopolite situé en bordure du centre-ville, l’un des plus pauvres de Marseille. Un court moment d’expression en forme de coup de poing, qui dit tout de la intention politique de la première édition du festival Les Plus Belles de Mai. « Contribuer à redonner aux femmes leur place dans un espace public dominé par les hommes et où elles ne se sentent pas légitimes », résume Christine Bouvier, directrice artistique de l’association RedPlexus, spécialisée dans les performances urbaines, et programmatrice de l’événement.

Volontairement nomade, le festival se déroule chaque week-end, du 13 avril au 4 mai, sur la terrasse d’un bar différent, à cheval sur la piste. Quatre scènes où se conjuguent propositions de danse gratuites, concerts, projections, expositions mais aussi apéritifs et repas conviviaux… Et, comme fil conducteur, cette performance amateur des femmes du collectif Mira.

« Soyez accepté ici, sans être jugé »

Ce samedi 27 avril, alors que l’orage souffle, la scène est installée au cœur du quartier, place Caffo. Après le bar Marius et le restaurant cap-verdien Les Délices de Praia, c’est le Café du Théâtre, tenu depuis treize ans par Ghalia Ferrat, une vibrante quinquagénaire d’origine kabyle, qui accueille artistes et spectateurs. « Nous nous sommes rendu compte que même si leur clientèle était presque exclusivement masculine, certains bars étaient tenus par des femmes. Nous avons décidé de leur demander pour le festival”, se demande Christine Bouvier. Au fond de la salle, un groupe d’hommes, attablés devant un stock de bières plongées dans des glaçons, observent en silence cette invasion de leur territoire.

D’autres habitués, tout sourire, s’approchent des femmes du collectif pour les remercier de leur présence. « Vous ne savez pas à quel point c’est un changement d’être accepté ici, sans être jugé »exulte, quelques minutes après sa prestation en robe noire moulante, Dalida Zouachi, 50 ans, dont la moitié a passé à la Belle-de-Mai, une des locomotives du collectif Mira. “En faisant cela, nous donnons du courage à d’autres femmes qui hésitent encore à se montrer”assure son amie Zelikha Eldjou, auteur de Je suis f.

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