A Céret, tissage et peinture de Teresa Lanceta s’entremêlent

A Céret, tissage et peinture de Teresa Lanceta s’entremêlent
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Teresa Lanceta préférait tisser des fils aux pinceaux. Né à Barcelone en 1951, cet artiste catalan a choisi d’aborder l’art à travers le textile. Une rétrospective de plus de quarante ans de ses créations est actuellement présentée au Musée d’Art Moderne de Céret, dans les Pyrénées-Orientales. Tapisseries, tapis, patchworks, mais aussi dessins, vidéos et céramiques démontrent, à travers 70 œuvres, la singularité de Teresa Lanceta.

L’exposition chronothématique regorge de couleurs et de motifs, tantôt figuratifs, tantôt abstraits. Lluvia à Sévilleune tapisserie figurative aux lignes évoquant la pluie et sa mélancolie, des visages Jarapaune composition abstraite dans les tons de rose, révélant des fils de matières diverses, collectés ici et là, rapportés par ses proches, sa famille. «Teresa est instinctive. Contrairement au mouvement de la Nouvelle Tapisserie des années 1950, elle travaille sans carton préalable. »explique Gwendoline Corthier-Hardoin, co-commissaire de l’exposition.

Travail collectif avec des femmes marocaines ou gitanes

Au début des années 1980, sa rencontre avec un anthropologue basé à Marrakech, Bert Flint, la pousse à se mêler aux femmes tisserandes du Moyen Atlas. Lors de ses séjours, elle aime apprendre à leurs côtés autant que les observer. Sept tapisseries retracent cette période, ponctuant une déambulation. Lauréate du National d’Arts Plastiques d’Espagne en 2023, Teresa Lanceta conçoit ses œuvres à travers le prisme du collectif, d’abord avec des femmes marocaines, puis avec la communauté gitane de son quartier barcelonais, El Raval.

L’artiste joue avec la matière, qu’elle tisse, qu’elle suture telle une blessure, puis qu’elle panse. Ses dessins, tous habités de silhouettes d’enfants, sont traversés d’une grande fragilité. Réunis dans l’une des salles, ils évoquent des passages bibliques, comme « Le jugement de Salomon », en jaune profond, ou « le massacre des innocents », noyés en vert. Tout au long de l’exposition, le lien entre la couture et la peinture apparaît. Lacérations et cicatrices géométriques rivalisent avec les fonds bleus, rouges et noirs. En entrelaçant les matières, Teresa Lanceta harmonise la douceur et la violence, la délicatesse d’un fil avec la vivacité presque indécente de certaines couleurs.

L’une des œuvres les plus étonnantes reste sans doute Février 2003, Irak. ” Ce travail profondément plastique a été commencé pendant la guerre du Golfe qui a bouleversé Teresa Lanceta. Avec son art, elle marque aussi les événements politiques », précise le co-commissaire de l’exposition. Cette huile sur toile de jute croisée, parfait enchevêtrement de bandes peintes, révèle la patience inébranlable de l’artiste, une performance méditative, à l’image des tisserands les plus méticuleux.

 
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