Quels sont les facteurs qui influencent les résultats académiques d’un étudiant en cycle d’orientation ? Des chercheurs genevois ont étudié les performances d’adolescents de 11e année en mathématiques et en français. Les trois sections sont concernées : littéraire-scientifique (LS) ; langues modernes et communication (LC) et communication et technologie (CT). Premier constat : l’organisation par filière a un effet pervers. Les attentes des étudiants sont ainsi plus élevées en LS (7,3 sur une échelle de 1 à 9) qu’en CT (5 sur 9). Bref, on demande moins aux étudiants des filières dites « faibles ».
Pour les chercheurs, « cet effet sectoriel résulte en grande partie des différences de formation ». Même si l’enseignant efficace n’existe pas partout et à tout moment, le rôle de l’enseignant est essentiel. Selon la discipline et le secteur, la performance de l’étudiant varie entre 5,6% et 15,1%. Il y a donc un effet de classe et un effet maître. En d’autres termes : il y a de bons et de mauvais professeurs. « Ce n’est pas si simple. Je suis conscient que la situation n’est pas facile. Il y a un enseignement qui fonctionne avec certains élèves et moins avec d’autres », estime Anne Hiltpold, conseillère d’État chargée de l’Instruction publique (DIP).
Si les conclusions de l’étude “ne sont pas une grande surprise” aux yeux du magistrat PLR, “maintenant que l’effet maître a été démontré, on peut travailler à améliorer les choses et réfléchir aux modalités d’enseignement”. L’étude recommande notamment de considérer « le développement professionnel des enseignants comme un levier d’action », en favorisant l’actualisation des pratiques pédagogiques.
Pour la conseillère d’Etat, il s’agit d’exploiter les conclusions des chercheurs dans le cadre de la réforme du cycle, l’un des enjeux majeurs de son mandat. « Cela fait des années que nous discutons de la structure du cycle, mais nous voyons que ce n’est pas le seul paramètre », poursuit Anne Hiltpold. Il ne s’agit pas de jeter la pierre aux enseignants, mais de travailler sur la pédagogie. Si on remet en cause ces pratiques, c’est avant tout pour le bien des étudiants.»
Le tout a été présenté aux professeurs. Ces derniers doivent faire leurs propositions. Le 8 janvier aura lieu une journée d’étude cantonale pour transformer les réflexions en plans d’action concrets.
« Nous devons changer tout le navire ! »
Selon Michaël Savoy, membre du bureau de la Fédération des associations de maîtres du cycle d’orientation, l’étude montre qu’il faut « changer les structures. Le système de filières mis en place pour aider les élèves en difficulté s’est retourné contre eux. Cela a créé des voies d’évitement qui divisent les étudiants. Qu’en est-il de l’effet maître ? « Loin de moi l’idée de le minimiser. Cela correspond à ce que nous continuons de défendre. Nous devons donner aux enseignants le temps de préparer leurs cours, d’interagir avec leurs pairs et d’assurer une formation continue. Il salue la démarche participative lancée par la DIP : « Nous appelons à ces changements comme nous le souhaitons. C’est un tout ! Il ne s’agit pas de changer un seul écrou, mais tout le navire !