Las d’attendre la refonte promise depuis 2015, le Bloc québécois a déposé mardi un projet de loi pour améliorer l’accessibilité à l’assurance-emploi et corriger certains irritants.
Publié à 6h34
Mis à jour à 12h35
Léa Lévesque
La Presse Canadienne
« Le système, actuellement, par ses différents critères, est injuste, voire discriminatoire à l’égard de certains travailleurs. Et c’est essentiellement ce que nous voulons corriger avec ce projet de loi», a confié en entrevue Louise Chabot, députée du Bloc et porte-parole en matière de travail.
« Le Bloc agit là où le gouvernement libéral a échoué. » Elle propose ce qu’elle décrit comme « des modifications robustes au Loi sur l’assurance-emploi », qui sont « une réponse à l’inertie du gouvernement, au laxisme ».
Une réforme a été promise en 2015, puis réitérée en 2019 et 2021. Mais seuls des projets pilotes ont été adoptés ou des ajustements apportés au régime, ont déploré récemment deux organisations vouées à la défense des droits des chômeurs : le Mouvement autonome et solidaire des chômeurs (MASSE) et le Mouvement d’action-chômage de Montréal.
Les problèmes d’accessibilité à l’assurance-emploi sont dénoncés depuis plusieurs années. Les organisations syndicales ont déjà souligné que seulement 40 % des chômeurs sont admissibles aux prestations d’assurance-emploi.
« Il s’agit vraiment de problèmes d’accessibilité. Parlons de maladie, parlons du nombre d’heures pour avoir droit. Il y a tous ces problèmes qui font qu’aujourd’hui, le système ne protège pas les travailleurs en cas de situation pire, à savoir la perte d’emploi”, a résumé M.moi Chabot, qui est elle-même ancienne présidente d’une centrale syndicale, la CSQ.
M.moi Chabot a précisé, lors d’une conférence de presse mardi à Ottawa, qu’il offre un taux unique de 420 heures ou 12 semaines pour accéder aux prestations.
Deux problèmes ont été particulièrement évoqués dans l’actualité : celui des travailleuses des industries saisonnières et celui des travailleuses en congé de maternité dont l’emploi est supprimé suite à une restructuration d’entreprise.
De nombreux travailleurs des industries saisonnières tombent dans ce qu’on appelle le « trou noir ». Il s’agit de la période pendant laquelle les prestations d’assurance-emploi ont été épuisées, mais le travail n’a pas encore repris.
Le cas des travailleuses en congé de maternité qui perdent leur emploi à la suite d’une restructuration d’entreprise s’est même retrouvé devant la justice. Et le dossier n’est pas clos. Ces travailleuses n’ont pas accès aux prestations régulières d’assurance-emploi parce qu’elles n’ont pas accumulé suffisamment d’heures de travail assurables, puisqu’elles étaient en congé de maternité au moment de l’abolition de leur poste.
« Notre proposition vise justement à connaître la position des partis sur cet enjeu majeur de l’assurance-emploi. Ils devront s’engager”, a lancé Mmoi Chabot.
« Les conservateurs, qui aspirent au pouvoir, prendront-ils fait et cause pour se lancer et s’engager dans une réforme du régime ? Le gouvernement actuel, qui est au bord de la porte, qui avait promis depuis 2015 de réformer le régime et qui ne l’a jamais fait, va-t-il prendre la mesure et décider qu’il peut réformer le régime ? Je pense que c’est une proposition où le projet de loi aboutira», a conclu le député bloquiste.