deux détenus accusés d’avoir tenté de tuer un personnage du banditisme

deux détenus accusés d’avoir tenté de tuer un personnage du banditisme
deux détenus accusés d’avoir tenté de tuer un personnage du banditisme

J.amil Essouri, 39 ans, a passé près de la moitié de sa vie en prison. Il n’a pas été libéré depuis 2013. Dhoul-Arham Bacari, 28 ans, est derrière les barreaux depuis six ans. Tous deux ont commis des vols, des violences et des outrages, commis en partie derrière les barreaux.

Cette fois, ils risquent la prison à vie. La tentative d’assassinat jugée du mercredi 20 novembre au vendredi 22 novembre devant la cour d’assises de Charente-Maritime a la particularité de se dérouler en milieu carcéral, à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré.

La scène se déroule sous l’œil des caméras surveillant l’espace piétonnier, le 1est Novembre 2021, vers 8h45. On voit Essouri, suivi de Bacari, traverser une première cour et atteindre un terrain de sport. Ils s’arrêtent à quelques mètres d’un détenu, des insultes sont échangées. Soudain, Essouri se précipite sur l’homme, qui se protège avec un mini but de football. Il recule vers une zone herbeuse où Bacari le frappe à son tour. Il tombe au sol où le duo le frappe à nouveau. Un groupe de détenus intervient et repousse Essouri et Bacari vers la première cour.

Sept plaies

Le nom de la victime est Mario Levelsi. Cette figure du grand banditisme a été condamnée à trente ans de réclusion criminelle pour meurtre et tentative de meurtre, des faits remontant à 1998 à Toulon, dans le Var. Après le combat, on le voit tenter d’attaquer ses agresseurs en leur lançant des pierres. Immédiatement, il retourne dans sa cellule.

Le tribunal voit des photos de son t-shirt couvert de sang. Le médecin a dénombré sept blessures, au cuir chevelu, au cou, aux jambes, pour un total de 31 points de suture. Il a refusé de porter plainte. « Vous avez les vidéos », a-t-il déclaré aux enquêteurs. Sur des images filmées par la caméra portée sur le corps d’un superviseur, on assiste aux suites de la bagarre. « Essouri, donne l’Opinel au collègue », entend-on dire un gardien. Selon plusieurs témoignages, le trentenaire portait un couteau et l’autre tenait une sorte de pioche artisanale.

The Marseillais clan

Les gardiens affirment que leurs sacs étaient emballés dans leur cellule, comme s’ils savaient qu’ils allaient être transférés. Ceci justifie la préméditation et donc la qualification de « tentative d’assassinat ». L’attaque aurait pu faire suite à une altercation la veille entre Levelsi et un autre détenu, proche d’Essouri. Ils s’étaient connus aux Baumettes, ils étaient surnommés « le clan des Marseillais ». Levelsi leur aurait reproché de faire pression sur les détenus les plus faibles.

A Saint-Martin-de-Ré, j’étais avec des tueurs et des pointeurs. Je n’avais pas ma place là-bas, je ne suis pas un criminel. Je viens de me défendre. J’ai été blessé, j’ai failli perdre ma main

Il y a des images et il y a ce qu’elles ne disent pas. Bien que dans un endroit fermé, les lames n’ont jamais été retrouvées. Dans la vidéo, pas facile de les distinguer. Essouri lui-même a été blessé au petit doigt droit. Le tendon a été sectionné et il a dû être opéré à Bordeaux. “Une hypothèse pourrait être qu’il ait tenté de s’emparer d’une arme”, avance son avocat, M.e Benoît Poquet, en manque de certitudes.

« Enfant de la peur »

Les prévenus reconnaissent avoir participé à une bagarre, sans plus. « À Saint-Martin-de-Ré, j’étais avec des tueurs et des pointeurs. Je n’avais pas ma place là-bas, je ne suis pas un criminel. Je viens de me défendre. J’ai été blessé, j’ai failli perdre la main”, clame Jamil Essouri. Collier barbe, lunettes, crâne lisse, il prend l’apparence d’un homme posé dans la cage en plexiglas posée sur le box de l’accusé.


Une coque en plexiglas a été placée sur le box des accusés.

Philippe Ménard

Né à Cannes, il n’aurait jamais surmonté les violences que lui a fait subir son père, aujourd’hui décédé. Un psychologue le décrit comme « un enfant de peur et de menace ». Il a exprimé son désir de réinsertion mais a également déclaré au spécialiste qu’il serait prêt à tuer lorsqu’il serait dehors. Avant cette affaire, sa sortie était prévue pour août 2023.

Mutinerie à Uzerche

Né à Mayotte, Dhoul-Arham Bacari arrive en métropolitaine à l’âge de 12 ans, rejoignant sa mère partie cinq ans plus tôt pour s’installer à Limoges. Il a quatre frères et trois sœurs. Il a reçu ses premières peines à l’adolescence. Son transfert en Charente-Maritime est lié à une mutinerie au centre de rétention d’Uzerche, en Corrèze, le 22 mars 2020. « J’ai suivi le mouvement, c’est vrai. Je me suis retrouvé leader, je n’ai pas compris», dit-il.

Il devait être libéré le 17 janvier 2024. « Quand je suis arrivé à Saint-Martin-de-Ré, ce fut un choc. Dans une centrale électrique, il n’y a que de grosses phrases. J’étais un agneau parmi tous ces gens. » La journée du jeudi 21 novembre débutera par la lecture des auditions de Mario Levelsi, qui a refusé de témoigner en direct au tribunal.

 
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