« L’entrée en fanfare d’Exosens sur les marchés financiers est le résultat d’un blocus étatique »

« L’entrée en fanfare d’Exosens sur les marchés financiers est le résultat d’un blocus étatique »
« L’entrée en fanfare d’Exosens sur les marchés financiers est le résultat d’un blocus étatique »

LL’État fait rarement de bonnes affaires lorsqu’il s’implique dans des investissements privés, mais il peut permettre à d’autres de le faire, et de très bonnes. Ce vendredi, la société Exosens entre en bourse à Paris. Le succès est d’ores et déjà assuré, puisque le carnet d’ordres ouvert aux investisseurs institutionnels lundi 3 juin s’est rempli à la vitesse de l’éclair et promet une entrée sur le marché avec une valorisation dépassant le milliard d’euros.

Pas mal, pour une entreprise qui réalise 319 millions d’euros de chiffre d’affaires et 1.600 salariés. Mais c’est son histoire récente qui est singulière, et instructive quant au destin des entreprises technologiques françaises. Car cette entrée en fanfare sur les marchés financiers est le résultat d’un blocage de l’État.

En décembre 2020, le gouvernement a interdit la vente de cette société, qui s’appelait alors Photonis, au groupe américain Teledyne. L’entreprise est spécialisée dans la vision nocturne. Ses composants équipent les lunettes des combattants sur les champs de bataille. Photonis est leader sur ce marché, hors Etats-Unis. Le propriétaire de l’époque, le fonds d’investissement Ardian, pensait pourtant avoir trouvé un bon candidat. Teledyne est une entreprise industrielle renommée, très présente en France et fournisseur de l’armée française. Mais l’Etat, sous la pression des députés, craignait une aspiration aux savoir-faire et des conséquences sur l’emploi, notamment pour son usine de Brive-la-Gaillarde (Corrèze).

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Cette décision imprévue va changer le destin de l’entreprise… au détriment de son propriétaire. Teledyne a proposé plus de 500 millions d’euros, ce qui aurait permis à Ardian de couvrir ses coûts à un moment où l’entreprise se remettait d’années difficiles. Elle a dû se résoudre à accepter l’offre du seul Français réellement intéressé (Safran et Thales avaient décliné), le fonds HLD, dirigé par Jean-Bernard Lafonta : seulement 370 millions d’euros.

Série d’acquisitions ciblées

Bonne chance à lui. Devenue Exosens, la société se lance dans une série d’acquisitions ciblées pour élargir sa gamme hors de la défense et dans le domaine de l’imagerie, vers la santé, l’industrie, le nucléaire… Le retour des investissements militaires avec le conflit ukrainien a fait le reste. Le chiffre d’affaires croît désormais de 20 à 30 % par an. Il a doublé depuis le rachat, et devrait encore doubler en 2027. Le fonds HLD restera majoritaire après l’introduction en bourse, mais a déjà récupéré, en termes de valorisation, près de trois fois son investissement.

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