Démystifier la science | Les affres climatiques de l’asphalte

Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques des lecteurs.


Publié à 1h36

Mis à jour à 8h00

Allons-nous changer le type d’asphalte des rues à cause du changement climatique ?

Jean Pellerin

Oui, mais au Canada, cela ne suffit peut-être pas pour éviter des routes plus nidifiées qu’avant.

« Avec les changements climatiques, il faut avoir des bitumes qui résistent aux températures plus élevées, mais il faut maintenir une résistance aux températures les plus froides », explique Alan Carter, ingénieur en asphalte à l’École de technologie supérieure (ETS). « L’asphalte devra donc résister à une plage de températures plus large. Ce sera facilement 20 à 30 % plus cher. »

Comme nous l’avons vu l’hiver dernier, le changement climatique s’accompagnera également d’un réchauffement soudain en hiver.

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PHOTO PRISE SUR LE SITE ETS

Alan Carter, ingénieur asphalte chez ETS

Nous allons avoir davantage de cycles de gel et de dégel. Cela affecte la durabilité de l’asphalte. Et pour le moment, nous ne disposons pas d’outils permettant de quantifier la durabilité en fonction du nombre de cycles de gel-dégel.

Alan Carter, ingénieur asphalte chez ETS

L’asphalte est composé à 95 % de granules de pierre et à 5 % de bitume, un résidu lourd du pétrole. « Les roches ne se soucient pas du changement climatique », déclare M. Carter. Il fait plus chaud, plus froid, c’est tout. La température affecte la colle, le bitume. »

L’asphalte est caractérisé par un « indice de performance » (PG) qui indique la température maximale et minimale qu’il peut supporter. Dans le sud du Québec, il faut du PG 58-34, ce qui signifie qu’il peut résister à des températures allant de -34 à 58 degrés Celsius.

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PHOTO DU SITE DU DÉPARTEMENT DES TRANSPORTS DE L’INDIANA

Orniérage provoqué par le dépassement de la température maximale de l’indice de performance de l’asphalte.

Réservoir thermique

« Le sol est un réservoir thermique », explique l’ingénieur de l’ETS. Ainsi, il se réchauffera davantage en surface que l’air, car il se rafraîchira moins pendant la nuit. Et en hiver, la chaleur des profondeurs du sol tempère la température de surface de l’asphalte. »

Lorsqu’il fait chaud, l’asphalte se dilate et lorsqu’il fait froid, il se contracte. Cela crée un mouvement qui peut créer des fissures si le PG est dépassé. « Et il y a une limite au nombre de cycles thermiques chaud-froid que l’asphalte peut supporter. Par la suite, il devient moins élastique et des fissures apparaissent lors de changements de température trop brusques. »

Comme les augmentations et les baisses de température sont plus brusques, particulièrement en hiver, des travaux sont en cours pour développer un indice qui mesurerait la capacité à résister à plus ou moins de cycles de température.

Alan Carter, ingénieur asphalte chez ETS

Ces changements de températures hivernales expliquent pourquoi nos routes sont plus craquelées qu’en France par exemple, selon M. Carter. « Le changement climatique entraînera des hivers en moyenne moins rigoureux, mais avec davantage de changements de température. Donc finalement, ça va être plus dur sur l’asphalte. »

Le dépassement de la température maximale du PG crée des ornières. Pour des températures inférieures au minimum PG, des fissures thermiques apparaissent perpendiculairement au sens de circulation. Ils se produisent à des intervalles correspondant à la largeur de la rue. Pour une rue de 1 kilomètre et 20 mètres de large, il y aura donc 50 fissures séparées de 20 mètres chacune.

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Apprendre encore plus

  • 77,4%
    Proportion des routes de responsabilité provinciale au Québec qui étaient en bon état en 2022. En 2006, cette proportion était de 63,2 %.

    Source : Transport et Mobilité durable Québec

 
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