« Nous savons quels sont les grands défis en Belgique. C’est une chanson que nous chantons depuis des années » – .

« Nous savons quels sont les grands défis en Belgique. C’est une chanson que nous chantons depuis des années » – .
« Nous savons quels sont les grands défis en Belgique. C’est une chanson que nous chantons depuis des années » – .

Dérapage des finances publiques, coût du travail trop élevé, fiscalité écrasante, perte de compétitivité, transition verte et numérique, hausse du taux d’emploi… Les défis socio-économiques ne manqueront pas au lendemain des élections fédérales et régionales. Et la Belgique ne pourra pas se permettre une autre longue crise politique. Certaines réformes de grande envergure sont, il est vrai, urgentes à mettre en œuvre, là où les résultats de Vivaldi ont été très maigres. Pensons seulement à une réforme fiscale de grande ampleur, souvent annoncée, jamais concrétisée. En cas de blocage prolongé de nos institutions, l’Europe et les agences de notation pourraient rapidement perdre patience. Jusqu’à récemment, en guise d’avertissement, l’agence de notation Fitch soulignait le coût excessif de notre système de retraite.

mouette

Ce modèle belge, mis en place depuis les années 1980 avec les mesures prises pour sortir de la crise du deuxième choc pétrolier, est un amortisseur de crise dans un contexte hyper-inflationniste. Mais dès que la croissance repartira, la Belgique en profitera moins.»

D’autant que la Belgique, en affichant de meilleures performances que ses voisins en 2023, a sans doute mangé son pain blanc. “Les performances de l’économie belge l’année dernière laissent présager un avenir plus difficile.», confirme Sylviane Delcuve, économiste chez BNP Paribas Fortis. Et pour expliquer son propos : «Si nous avons été meilleurs que les autres, cela s’explique par le fait que le choc sur le pouvoir d’achat qu’ont connu les Français, les Allemands et les Néerlandais, nous ne l’avons pas connu grâce au mécanisme d’indexation automatique des salaires. Ce modèle belge, mis en place depuis les années 1980 avec les mesures prises pour sortir du deuxième choc pétrolier, est un amortisseur de crise dans un contexte hyper-inflationniste comme on l’a connu avec la crise énergétique. Mais dès que la croissance repartira, la Belgique en profitera moins.»

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Croissance maigre

Et il est vrai que la croissance devrait être bien maigre dans les années à venir. Selon les dernières projections fournies par le Bureau du Plan, la croissance économique devrait osciller entre 1,3 et 1,4% par an durant la période 2025-2029. Pas médiocre mais pas fou non plus. “Ce genre de bulle dans laquelle nous vivions en 2023, ça ne durera pas dans le temps”résume Sylviane Delcuve.

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Tout le monde serait-il d’accord pour voir son salaire réduit de 50 % ? Évidemment pas. Avons-nous une sécurité sociale qui permet de réduire de moitié les cotisations sociales ? Ni l’un ni l’autre…”

Dans ce contexte de rationalisation, les prochains dirigeants prendront-ils à bras-le-corps certains de ces grands projets ? “Nous savons quels sont les défis en Belgique, nous savons aussi où se trouvent les problèmes. Mais sur de nombreux points à réformer, c’est une chanson que nous chantons depuis des années et il ne se passe pas grand-chose. Regardez la question de la compétitivité. Tout le monde est conscient du problème. Mais il n’y a pas de consensus sur les solutions à mettre en œuvre. Tout le monde serait-il d’accord pour voir son salaire réduit de 50 % ? Évidemment pas. Avons-nous une sécurité sociale qui permet de réduire de moitié les cotisations sociales ? Ni l’un ni l’autre…”, explique encore l’économiste. Même chose avec le problème du taux d’emploi. “On constate que le taux d’emploi de la Belgique est l’un des plus bas d’Europe. Il n’existe pas 36 formules pour changer cela : il faut garder les plus âgés dans l’emploi. Mais regardez comment les entreprises se comportent avec les personnes qui se rapprochent de l’âge de la retraite. Vivons-nous vraiment dans un monde où les entreprises parviennent à convaincre, arguments financiers à l’appui, les personnes de 62 ans de rester au travail jusqu’à 67 ans ? Dans la vraie vie, et au-delà des discours, ça ne se passe pas comme ça et il y a beaucoup d’hypocrisie sur ces questions… »

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Condamné à l’immobilité ?

La Belgique, en raison de son mode de vote qui conduit à des gouvernements de coalition et de son système institutionnel complexe, serait-elle condamnée à l’immobilité ou, à tout le moins, devrait-elle se contenter d’une stratégie de toutes sortes ? Petites étapes? “Je suis convaincu que les seules réformes valables sont celles que nous prenons aujourd’hui pour les nouveaux concernés. Changer les règles du jeu en cours de route se heurte toujours à des résistances. Regardez la réforme des retraites en France quand Emmanuel Macron a voulu augmenter l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Avec le système 49.3, ils ont réussi à faire passer ce changement en France mais nous n’avons pas cette possibilité en Belgique. Chez nous, dans des coalitions où les partis ne sont souvent pas d’accord, nous passons notre temps à travailler sur des réformes qui n’aboutissent jamais. C’est un constat un peu triste mais c’est comme ça… ».

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« Nous allons trop loin. Nous voulons atteindre des critères que nous sommes les seuls à vouloir atteindre… Regardez les objectifs en matière de PEB pour les logements et les immeubles. Tout cela est irréaliste. C’est beau sur le papier mais on n’y va pas quand on ne dynamite même pas toutes les maisons les unes après les autres… »

«La Flandre sera rattrapée par la perte de compétitivité»

Parmi les enjeux majeurs de l’après-élection, il y aura aussi la question de la compétitivité. Certains chiffres démontrent clairement une perte de parts de marché pour nos entreprises à l’international. “La perte de compétitivité de la Belgique s’inscrit dans un cadre plus large, celui de la perte de compétitivité de l’Europe. Certaines directives européennes sont allées beaucoup trop loin, comme la directive Bolkestein, qui a tué de nombreux petits emplois dans nos pays, en permettant par exemple à un plombier polonais travaillant en Belgique de payer ses cotisations sociales comme s’il était en Pologne. Dans ces conditions, le jeune belge, qui n’a pas forcément fait d’études, ne trouvera jamais d’emploi dans ce secteur.», explique Sylviane Delcuve. Qui croit que l’Europe s’est aussi tiré une balle dans le pied en imposant à l’industrie des objectifs climatiques et environnementaux bien trop ambitieux. “Nous allons trop loin. Nous voulons atteindre des critères que nous seuls souhaitons atteindre… Regardez les objectifs en matière de PEB pour les logements et les immeubles. Tout cela est irréaliste. C’est beau sur le papier mais on ne va pas dynamiter toutes les maisons les unes après les autres… Le même constat peut être fait pour les véhicules électriques : on veut aller plus vite que la musique ». Et pour continuer : « La désindustrialisation en Wallonie est en marche depuis longtemps. La Flandre possède encore des industries, mais le problème de la compétitivité les rattrapera également.»

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Enfin, des politiques spécifiques ont-elles été mises en œuvre dans les différentes régions du pays pour faire face à ces défis ? “J’ai beau chercher, je n’en vois pas particulièrement », répond Sylviane Delcuve. Et pour conclure : « Sur le plan économique, nous vivons une situation qui perdure dans le temps. Et plus le temps passe, plus nous avons des gouvernements de gauche en Wallonie et de droite en Flandre. Et si on déroule le tapis rouge aux entreprises en Flandre, on est loin de le dérouler de la même manière dans le sud du pays… »

 
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