La réalisatrice Raphaëlle Boitel, « l’oubliée » mise à l’honneur à la Biennale Internationale des du Cirque

La réalisatrice Raphaëlle Boitel, « l’oubliée » mise à l’honneur à la Biennale Internationale des du Cirque
La réalisatrice Raphaëlle Boitel, « l’oubliée » mise à l’honneur à la Biennale Internationale des Arts du Cirque

Raphaëlle Boitel débute sa carrière à 13 ans comme contorsionniste, repérée par le réalisateur James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, qui l’emmène faire le tour du monde de La Symphonie du Hanneton. Formée dans une bonne école, l’acrobate fonde sa compagnie, L’Oublié(e) en 2012, cultivant un style aérien entre cirque et danse avec des éclairages élaborés qui donnent un aspect cinématographique à ses créations. Le metteur en scène présentera quatre spectacles à la Biennale internationale des du cirque (Biac), abordant souvent des sujets sérieux mais délivrant toujours un message d’espoir. La chute des angesà voir dès 7 ans à La Criée à Marseille du 15 au 17 janvier et à Liberté à Toulon les 1er et 2 février, critique tout ce qui est technologique à travers un ballet robotique drôle et inquiétant. Inspiré du cinéma de David Lynch et Hitchcock, Projeter des ombresà voir au théâtre Durance de Château-Arnoux-Saint-Auban les 28 et 29 janvier, et les 6 et 7 février au Zef de Marseille, nous plongera au cœur d’une famille et de ses non-dits. Raphaëlle Boitel reprendra également son solo La bête noire et créera à la Biennale La Petite Reine avec un acrobate à vélo, “une pièce sur l’influence de l’amour, pour adultes« .

Que vous a apporté la rencontre avec James Thierrée, qui vous a choisi à l’âge de 13 ans pour jouer dans sa pièce phare « La Symphonie du Hanneton » ?

Nous nous sommes rencontrés sur le tournage de Le beau vert par Coline Serreau, puis James est venu se former à l’académie Annie Fratellini, que j’ai rejoint à 10 ans. Il m’a parlé de son émission. Comme j’étais trop jeune, ma mère, costumière, a accepté de nous suivre en tournée. Ce spectacle, fondateur du cirque contemporain, a fait le tour du monde. À cet âge-là, on ne réalise pas tout ! Je vivais ma passion, c’était génial, intense, dur aussi. J’ai travaillé treize ans avec James Thierrée et j’ai beaucoup appris en théâtre, danse et lectures.

Votre premier spectacle s’appelle « L’Oublié(e) », titre éponyme de votre compagnie. Qui est-elle ?

Je travaille sur des femmes artistes qui ont marqué leur époque mais qui ont été quelque peu oubliées. Comme Loïe Fuller, qui a développé une danse avec des voiles au début du XXe siècle. On se souvient davantage de son élève Isadora Duncan, qui lui a un peu volé la vedette. Ou encore la comtesse de Castiglione qui s’est illustrée en photographie et Camille Claudel, dont on se souvient mieux. Tous ces artistes m’ont inspiré et donné de la force en tant que jeune femme lorsque j’ai fondé ma compagnie. L’Oublié(e) a plusieurs sens : c’est aussi l’histoire de cet homme sur scène qui représente mon père (décédé quand elle avait deux ans, NDLR). Les questions du deuil et de la famille sont centrales. Cette émission parlait de ma famille. En plus, je mets en scène ma mère, ma sœur et mon frère ! Dans un premier spectacle, tout sort de soi.

Vous avez toujours été fidèle à votre éclairagiste, Tristan Baudoin, et au compositeur Arthur Bison. Comment travaillez-vous ensemble ?

C’est effectivement une particularité de l’entreprise, nous créons à six mains. Dès le début des résidences, nous travaillons dans la lumière. Tristan crée par exemple un couloir lumineux à l’intérieur duquel les artistes improvisent, je les dirige au micro, je les amène à aller plus loin dans cette direction. Arthur arrive aussi très tôt dans la création. C’est vraiment un ping-pong entre nous et c’est ça qui est génial. Dans La chute des angesla lumière est presque le septième personnage, elle fait partie du ballet acrobatique, elle bouge, elle danse grâce à de nombreux bras mécaniques. Cela n’est possible que si nous travaillons dès le départ en fusion totale.

« La Chute des Anges » et « Ombres Portes » sont les deux spectacles grand format présentés au Biac. De quoi s’agit-il ?

La chute des anges est une dystopie en noir et blanc : ce spectacle sociétal parle de « supertechnologie », de personnages formatés, contrôlés par des démiurges. La pièce parle aussi d’espoir et de révolte car ces êtres humains décident de retrouver un peu d’humanité. J’ai cherché mon inspiration dans la science-fiction, 1984 de George Orwell, Armée des Douze Singes par Terry Gilliam. Il y a beaucoup de références comme celle-là, l’allégorie de la caverne de Platon. Projeter des ombres C’est encore une fois une histoire de famille – mais pas du tout la mienne – qui souffre du non-dit. Mon écriture est souvent tragi-comique. Je parle de choses assez tragiques à travers l’humour. Je m’inspire du cinéma muet, Chaplin, Buster Keaton. La corde volante permet d’exprimer les états psychologiques de ces personnages qui portent ce secret.

Vous créerez « Petite Reine » à la Biennale avec un acrobate à vélo. Un spectacle à l’esthétique rétro ?

“Petite Reine” est l’une des quatre pièces de Raphaëlle Boitel présentées au Biac, du 15 au 18 janvier au Théâtre national de Nice et du 24 au 26 janvier au théâtre de la Joliette à Marseille. Pierre Planchenault

Oui et non. Edith est un personnage hors du temps, l’histoire pourrait se dérouler à n’importe quelle époque, même si, effectivement, il y a une référence aux années 50, avec la chanson La vie en rose par Édith Piaf. Cette émission parle d’influence romantique. C’est l’histoire d’une femme attachante et solaire que l’on voit tomber psychologiquement parce qu’un homme la maltraite. On la verra se déprécier même si elle est absolument magnifique. J’ai créé cette pièce parce que des amis ont vécu cela, mais cela pourrait aussi arriver à un homme. Je donne un message d’espoir en affirmant que nous pouvons reprendre nos vies en main. Le cirque, pour moi, est extrêmement physique, visuel, beau, mais parle de la vraie vie.

Vous êtes artiste associé à cette édition du Biac. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

L’un des premiers spectacles de cirque que j’ai vu enfant était une pièce d’Archaos (la compagnie marseillaise qui anime la Biennale, NDLR). Ce spectacle m’a vraiment marqué et m’a donné envie de faire du cirque, donc c’est émouvant pour moi d’être invité ici ! La Biennale est extrêmement reconnue. Il touche le territoire, rassemble un très grand nombre d’acteurs culturels et attire des professionnels du monde entier. Par exemple, mon programmeur au Japon sera présent. Le Biac a une vraie dimension internationale qui permet au cirque contemporain de se développer, c’est indispensable.

 
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