Jusqu’au samedi 7 décembre, la Bretagne bat au rythme des découvertes musicales avec la 46e édition des Trans Musicales de Rennes, un festival pionnier sans tête d’affiche, mais qui cache de futures pépites, comme l’explique son programmateur historique, Jean-Louis Brossard.
Avec une programmation de près de 80 artistes ou groupes, Trans fait le plein d’éclectisme pendant quatre jours. L’événement est souhaité « un espace-- où tout est possible » dépôt « ils représentent la richesse de la création musicale contemporaine ». Des artistes de plus de 40 origines géographiques et culturelles différentes s’y produiront.
« Ce n’est pas toujours facile de faire émerger un fil conducteur, car le fil conducteur, c’est la découverte et les groupes qui arrivent de partout ».
Jean-Louis Brossard, cofondatore di Trans Musicales de Rennesà l’AFP
Côté styles, place aux mixages avec des cocktails sonores originaux : électro dance afrofuturiste, disco punk, électro-folk tibétain, garage rock psychédélique ou encore jazz spirituel résonneront dans le parc de l’Expo et dans les autres lieux du festival.
Parmi les tendances de cette 46ème édition se distingue “un retour du rap français”, dit Jean-Louis Brossard. Un effet logique, car dans ce genre musical très apprécié des jeunes, les innovations ne manquent pas. Suite jeudi 5 décembre : deux collectifs de rappeurs ayant pour dénominateur commun d’avoir des numéros dans leur nom.
Les 135 habitants d’Ile-de-France – prononcé 1,3,5 – cherchent à rapprocher les mondes du rap et du clubbing. Ses membres sont des rappeurs, des DJ, des beatmakers (compositeurs), des graphistes ou graffeurs et des ingénieurs du son.
Le lendemain c’est au tour du trio marseillais 22Carbone, autre terre fertile du rap francophone. Le groupe reprend ses codes, avec des ponts vers l’électronique en duo (“Dans votre phase”) avec Laurent Garnier. Parallèlement, le rock et ses variations seront présents au menu, ainsi que l’électronique sous toutes les saveurs, y compris la techno.
“Le rap, ce n’est pas quelque chose qu’on fait seul, il faut aussi le faire avec des musiciens, avec des beatmakers (…) donc quand on a vraiment un groupe qui se rassemble, c’est fantastique.”
Jean-Louis Brossard, cofondatore di Trans Musicales de Rennesà l’AFP
Enji chantant en mongol, Quinquis en breton, Daniela Pes en sarde, Verde Prato en basque et Mayssa Jallad en arabe… Les artistes accompagnent les festivaliers dans un voyage. “C’est quelque chose que je voulais montrer, car c’est un partage de musiques innovantes et de musiques traditionnelles”, souligne le programmeur. Même dans la musique électronique “Il y a un son différent, une manière de mixer différente de celle des gars, c’est ce que je ressens”, croyez-le.
Ces compositeurs tracent leur propre voie, comme DeLaurentis, qui combine couleur et musique et crée de nouveaux sons avec sa voix testée par l’IA. Côté techno, le canadien Raven, le duo rennais Valise et le DJ franco-éthiopien Hewan Aman laissent leur empreinte aux platines.
Au milieu de cette programmation pléthorique, une niche est particulièrement examinée : la résidence. C’est simple, les trois derniers occupants, Lujipeka, Zaho de Sagazan et Yamê, ont tous explosé par la suite. Précédemment Jeanne Aggiunto, Stromae, Philippe Katerine…
Comment le festival sélectionne-t-il les poulains gagnants ? D« c’est d’abord un projet qui doit plaire et il ne faut pas qu’il soit trop avancé », révèle Jean-Louis Brossard. Et pour le reste ? “C’est très simple, c’est un favori.”
C’est le cas de Candeur Cyclone, duo bruxellois qui vient d’émerger à l’ère des réseaux sociaux et qui, après les chansons électro pop dévoilées derrière les écrans, connaît ses premières phases. La fête se poursuit également dans un « off », Bars en Trans, incubateur de talents.
La beauté des Trans Musicales réside aussi dans sa définition : un lieu de découvertes et de premières. “Quand le festival se termine, je reviens à une page blanche” confie Jean-Louis Brossard, inlassablement curieux depuis 1979.
Un artiste n’y est attendu qu’une seule fois, sauf cas exceptionnel comme Stromae ou Daft Punk, qui sont revenus “en signe d’amitié et de remerciement aux personnes trans”.