Toujours libre de tout contrat après sa fin d’aventure au VAFC, Allan Linguet reste néanmoins déterminé. L’arrière droit de 25 ans, valeur sûre à son poste lors de ses dernières années au Hainaut, nous livre son regard sur la situation d’un club à qui il dit devoir tout et fait le point sur sa situation en rétablissant quelques vérités. Entretien.
Allan, qu’es-tu devenu depuis six mois et ton départ du VAFC ?
« Je deviens un peu comme tout le monde. Bien évidemment, j’espère trouver un projet assez tôt, c’est tout ce que je souhaite. Pour pouvoir trouver une opportunité, il faut être prêt. Je m’entraîne tous les jours : trois fois par semaine avec une équipe non loin de chez moi, et aussi seul avec un préparateur physique. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour être prêt le grand jour.
Avez-vous eu une offre de prolongation du VAFC et avez-vous envisagé de continuer chez VA ?
Pour être honnête, je n’ai pas reçu de proposition de prolongation, mes anciens agents n’avaient pas été approchés par le club. L’aurais-je accepté ou refusé ? Je ne peux pas le savoir, c’est seulement quand on a l’offre devant nous qu’on peut prendre une décision. Je pense quand même avoir passé pas mal de - à Valenciennes. J’ai vécu de très bons moments, d’autres un peu plus compliqués, mais je ne retiens que le positif de mon époque. C’est un club où j’ai signé en tant que professionnel et qui m’a tout donné.
Avec un peu plus de recul, quel regard portez-vous sur cette fin contrastée du VAFC avec cette demi-finale de Coupe de France et la relégation en National ? Y a-t-il des regrets ?
Complètement ! Comme je l’ai dit, j’aurais préféré sortir dès le premier tour de Coupe de France – même si on a vécu une belle aventure – et maintenir le club. Si le club avait continué, je serais peut-être encore à Valenciennes, qui sait ? Nous ne pouvons pas connaître le passé et regarder en arrière, mais cela laisse certainement un goût amer. J’ai passé sept ans au VAFC, dont cinq ans en professionnel, et quitter le club qui vous a tout donné sur une telle note… C’est un sentiment amer. J’étais dégoûté, et je pense que c’était le cas de tous ceux qui portent Valenciennes dans leur cœur. J’aurais préféré repartir sur une bonne note et faire des adieux plus joyeux.
Continuez-vous à suivre VA et quel est votre point de vue sur la situation actuelle ? On savait que vous étiez assez proche d’Ahmed Kantari…
Je regarde encore beaucoup de leurs matchs, je les suis, j’ai des amis qui sont toujours là. Franchement, ils ont un projet intéressant, mais cela ne garantit pas une montée en puissance directe. On sait que le football est compliqué et que le National est dur. Il y a beaucoup d’équipes qui n’ont rien à faire à ce niveau, dont Valenciennes. Une montée en puissance immédiate, c’est ce que tout le monde espère et je la veux pour le club, mais ce n’est pas quelque chose qui se fera en claquant des doigts. Il y a beaucoup d’équipes qui veulent progresser et il y a toujours des surprises.
On sait que le football est impitoyable et cela n’a pas favorisé l’image d’Ahmed Kantari, surtout avec la descente en National. Je pense que l’accumulation signifiait qu’ils ne lui donnaient pas plus de -, même si beaucoup diraient qu’il en avait assez. Mais un projet se construit et s’entretient. Quand vous arrivez en National, vous découvrez une division et des clubs différents, vous disposez de moyens différents. Ça a très bien commencé, j’étais très content, puis il y a eu une passe où tout le monde était un peu moins bien. Je pense qu’il faut mettre tout le monde dans le même sac, que ce soit les joueurs ou l’entraîneur, chacun a sa part de responsabilités.
Quand tout ne va pas très bien, on frappe le coach avant les joueurs. C’est un peu dommage, mais j’espère qu’il rebondira. C’est quelqu’un qui a une certaine mentalité, qui ne va pas s’arrêter là. Je pense qu’il est dégoûté aussi. Il aurait aimé faire remonter le club, il porte Valenciennes dans son cœur. Peut-être que tout le monde n’en est pas conscient, mais je sais qu’Ahmed ne souhaite que le meilleur pour le club.
Si on revient à votre situation personnelle, avez-vous eu des retouches depuis votre départ du VAFC et à quels niveaux ?
J’ai eu des hits, et j’en ai eu beaucoup (sourire). Je l’ai eu à la fin de mon contrat à Valenciennes (en juin), mais aussi avant car j’ai pu négocier dès janvier. J’en ai eu en Ligue 2, dans des clubs avec de bons projets. Également à l’étranger, que ce soit en Belgique, en Suisse, en Allemagne… Que s’est-il passé ensuite ? Je ne sais pas car ce n’est pas moi qui suis en contact direct avec les clubs. J’avais conscience d’un certain intérêt de la part de plusieurs clubs. Aujourd’hui, je suis sans club mais ce n’est pas une fin en soi. Si cela ne s’est pas produit, c’est parce que c’était censé se passer ainsi. Je n’avais pas mon dossier entre les mains, je ne pouvais pas y faire grand chose.
Est-ce aussi une envie de prendre du - avant de trouver le bon projet ?
Tout ce que je veux, c’est rejouer au football le plus tôt possible. Cela commence à faire un bon bout de - maintenant. Ça me manque. En août, le football me manquait déjà alors imaginez en décembre… (sourire). Ce n’est pas du tout quelque chose que je voulais. Après, il était certain que je n’allais pas sauter sur la première offre qui me serait présentée. Mais je n’étais pas du tout dans l’état d’esprit de chercher la chose parfaite. Tout ce que je voulais, c’était trouver un bon projet dans un club qui me fasse confiance. La chose la plus importante pour un joueur est de jouer. C’est quelque chose que j’ai subi parce que je n’avais pas mon dossier entre les mains. Mais c’est du passé, je ne vais pas y revenir. Le plus important est que je trouve un projet qui me plaît et que je joue.
Récemment, vous avez eu un essai au NAC Breda qui n’a pas abouti. La presse néerlandaise a évoqué un passage pas suffisamment impressionnant, que vous avez démenti. Ce qui s’est passé?
Le NAC Breda avait manifesté son intérêt cet été, mais je n’en étais pas au courant. De bons projets peuvent donc surgir à tout moment. C’est un top club, avec de bonnes infrastructures, un bon projet, qui vient de démarrer mais qui est bien placé pour une promotion (actuellement 7ème de l’Eredivisie). Ils ont appelé un de mes représentants actuels et m’ont demandé de passer trois jours à m’entraîner et de faire un match avec eux. Ça s’est bien passé, j’étais à l’aise, dans un bon groupe.
Je comprends que les gens disent que je n’ai pas assez impressionné parce que je n’ai pas été retenu, mais il y a plein de choses à prendre en compte. Le test a eu lieu à la mi-novembre. A l’heure actuelle, la majeure partie de l’effectif est constituée, presque tous les budgets sont respectés. Transplanter un joueur en plein mois de novembre est un peu délicat. Il faut regarder l’aspect financier et la construction de l’effectif. C’est un peu ce qui fait que je suis encore à la maison aujourd’hui. Il y a encore des contacts avec le club, il y a un mercato hivernal qui va peut-être bousculer les choses. Les discussions ne sont pas terminées.
Aujourd’hui et après six mois sans club, à quel standard de club aspirez-vous ? Avez-vous réduit vos exigences ?
Quand on reste six mois sans club, la note du joueur baisse, les clubs sont plus réticents et se posent des questions. Est-il prêt ? Est-il en bonne condition physique ? A-t-il encore le niveau ? On m’a posé beaucoup de questions et je comprends qu’il puisse y en avoir. Cela peut surprendre, et cela m’a moi-même surpris. Maintenant, je ne vais pas forcément baisser mes exigences. Je suis une personne ambitieuse, exigeante envers elle-même. Aujourd’hui, je sais que je suis prêt à atteindre les objectifs que je me suis fixés. Les clubs n’ont pas forcément cette garantie, ce qui fait que je suis testé sur mon profil de joueur et ma mentalité. Je ne ferme aucune porte, et c’est le cas depuis cet été.
Peut-on vous imaginer sans club après le mercato hivernal ? Avez-vous un délai ?
Ce dernier serait le mercato hivernal. Aujourd’hui, il est déjà très tard pour moi (sourire). Cela commence à prendre beaucoup de -, surtout dans ma tête car j’ai toujours été en club. Mais j’aurais appris. Ces six mois sans club m’ont fait grandir et prendre conscience de certaines choses. Cela me servira de leçon pour la suite de ma carrière. J’ai toujours été quelqu’un de déterminé et d’exigeant, ce n’est rien de moins qu’une bonne chose qui va me démoraliser et m’inciter à tout abandonner. Janvier maximum sera la date limite pour trouver un projet. Je ne me vois pas passer une année complète sans jouer au football. »
Tous les commentaires recueillis par Enzo PAILOT
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