qu’est-ce que la KSW, petite organisation polonaise qui a conquis l’Europe… et attend 20 000 spectateurs à la Défense Arena de Paris ?

qu’est-ce que la KSW, petite organisation polonaise qui a conquis l’Europe… et attend 20 000 spectateurs à la Défense Arena de Paris ?
qu’est-ce que la KSW, petite organisation polonaise qui a conquis l’Europe… et attend 20 000 spectateurs à la Défense Arena de Paris ?

NARRATIF – Vendredi 20 décembre, les Français Salahdine Parnasse et Wilson Varela concourront pour la ceinture des poids légers KSW devant vingt mille spectateurs à Paris. Cette organisation, encore peu connue en , existe depuis bientôt vingt ans, et remplit les stades d’Europe de l’Est, unie autour de l’esprit gladiateur.

La rumeur d’une organisation européenne florissante, remplissant des stades entiers, enchâssant les combats dans des jeux de lumière fantastiques, s’est répandue parmi les amateurs de combat français début 2019. Grâce à un événement particulier : un jeune combattant d’Aubervilliers nommé Salahdine Parnasse allait y combattre. pour la ceinture. C’est ainsi que la Konfrontacja Sztuk Walki (confrontation d’arts martiaux mixtes, en polonais dans le texte) commença à se faire connaître en dehors de l’Europe de l’Est.

Un certain scepticisme régnait. Il est devenu incrédule. En effet, la qualité de production des soirées surpasse tout sur le Vieux Continent. L’autre concurrent pour la suprématie continentale est les guerriers Cage de nos voisins britanniques. Sportivement, ça vaut le coup. En matière de divertissement, en revanche, il n’y a pas de débat.

Martin Levandowski remet la ceinture à Salahdine Parnasse.
Sébastien Rudnicki.

Pour comprendre comment la KSW a pu se développer à ce point, il faut remonter aux sources de son histoire. En 2002, un certain Martin Lewandowski accepte la mission de relancer l’hôtel Mariott à Varsovie. Diplômé en économie et commerce, ayant vécu deux ans en Australie, il est passionné de sports de combat. Pour se démarquer de la concurrence, il pense à quelque chose de nouveau, de spectaculaire. C’est alors qu’il songe à transférer dans son pays ce qui a fait le succès de Fierté au Japon : un savant mélange d’excellence sportive, de spectacle et de rivalités. Le MMA n’était alors ni vraiment légal ni vraiment illégal en Pologne. Martin Lewandovski s’engouffre dans la brèche et organise un premier gala au restaurant. Puis une seconde, dont la télévision nationale Telewizja Polsat a immédiatement acheté les droits et sponsorisé. Très vite, il démissionne pour s’occuper à plein - de KSW.

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Astucieux, il fait marcher le KSW sur deux jambes. Il y a le parfum sulfureux d’un sport objectivement violent, associé dans l’imaginaire collectif “aux combats de chiens, aux gangsters, aux hooligans” : mais aussi une image associée au luxe grâce au groupe Mariott où se sont déroulés les premiers galas. Pour relier les deux, il utilise l’univers des gladiateurs et du Colisée, « de l’Empire romain en fait ». En quinze ans, son organisation n’a fait que croître régulièrement, dans le vivier fertile de l’Europe de l’Est. Il faut reconnaître que la mentalité locale n’attendait que ça : une organisation professionnelle bien huilée, avec un bon niveau et des histoires à raconter.

« Nous sommes économiquement sains et rentables » bienvenue à M. Lewandovski. Entre les lignes, il pointe avec ironie le fait que des financiers, sentant le vent passer, se sont lancés dans le MMA avec de l’argent parfois mystérieux. La principale ligue française, l’Ares, est encore loin de la rentabilité, c’est un euphémisme (l’Hexagone MMA, qui talonne de près avec son style moins bling bling, est mieux structuré et rapporte de l’argent). Dans l’histoire du KSW, il y a bien sûr les stades : la trente-neuvième édition s’est déroulée au Stadion PGE Narodowy, le stade national de Pologne à Varsovie. Des soirées ont également eu lieu en Angleterre et en Irlande.

Au dessus de nous il n’y a que l’UFC

Martin Lewandowski, patron du KSW.

Où se situe KSW dans un monde dominé par l’UFC, par rapport à One (Asie), au groupe PFL-Bellator ? « Nous sommes dans cette industrie depuis plus longtemps qu’eux, nous avons plus d’expérience sur ce marché. Nous sommes une entreprise solide depuis vingt ans, qui s’est construite brique par brique, nous aidons ce sport à se développer en Europe, nous avons déjà visité six pays : au-dessus de nous il n’y a que l’UFC ».

Un proverbe apocryphe dit que “la révolution est comme un vélo quand elle n’avance pas, elle tombe”. Dans le sport business, la logique est la même : il faut être en mesure de conquérir. Ainsi, la KSW voit très favorablement la légalisation du MMA en France, et y vient pour la première fois en avril 2024. L’expérience ayant été particulièrement bonne, Martin Lewandovski récidive en décembre 2024, pour appuyer le coup. Un important contingent de Français a été recruté, et le combat principal verra deux joueurs français s’affronter dans un classique Paris-Marseille, avec Salahdine Parnasse et Wilson Varela. Cet événement, en termes de lieux, sera le plus important que le sol français ait jamais connu.

Martin Levandowski.
KSW.

C’est là qu’intervient la principale critique faite au KSW : et si ces Français étaient signés pour qu’il y ait le moins de Polonais à Paris, où comme chacun le sait, les contrôles antidopage sont on ne peut plus stricts ? La question du dopage est le principal obstacle à l’adhésion à cette organisation qui traite bien ses combattants et les rémunère mieux qu’ailleurs. Héritant du lourd passif de l’URSS, l’Europe de l’Est entretient des relations avec « produits » plus lâche qu’en France. Les grands champions de l’organisation ne figurent pas sur les cartes parisiennes, c’est un fait, et il est difficile de ne pas y voir un aveu. Le patron nous assure : « C’est un problème qui touche tous les sports, dans tous les pays. Nous progressons, mais il est impossible de tout contrôler ». Soit.

Cette soirée propose un menu alléchant, un concert inclus (de Gazo, sans commentaires), et promet un divertissement qui n’a rien à envier à certains zéniths. L’UFC, dont la qualité des combats est inégalée actuellement (et sans doute pour longtemps), verrouille farouchement le show pour ne garder que le sport. La stratégie consistant à conserver l’excellence sportive tout en ajoutant du divertissement pourrait aider la KSW à franchir le cap continental si difficile à négocier. «Nous prévoyons d’aller aux États-Unis» confirme Martin Lewandovski, qui figure régulièrement dans le top trente des personnalités les plus influentes du monde du sport depuis 2017.

Au fait, pourquoi KSW combat-il dans une cage en forme d’anneau, et non dans un octogone comme c’est l’habitude ? « En boxe, on dit un ring. Ce qui veut dire bague. C’était du deuxième degré » rigole le patron. Avant de reconnaître volontiers que la bague est un clin d’œil à l’univers du luxe dont elle est issue.

Une soirée KSW.
KSW.
 
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