THOMAS SAMSON / AFP
Ces autres dossiers judiciaires dans lesquels Sarkozy (ici en novembre 2024) attend toujours des décisions
POLITIQUE – Suivant. La Cour de cassation a rejeté mercredi 18 décembre le pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des écoutes téléphoniques, rendant définitive sa condamnation à un an de prison sous bracelet électronique pour corruption et trafic d’influence. Une sanction inédite pour un ancien chef de l’Etat.
Dans cette affaire, dite “Bismuth”, l'”ex” de l’Élysée a été reconnu coupable d’avoir constitué en 2014, aux côtés de son avocat historique Thierry Herzog, une « pacte de corruption » avec Gilbert Azibert, premier magistrat à la Cour de cassation, afin qu’il puisse transmettre des informations et tenter d’influencer un pourvoi déposé dans une autre procédure, l’affaire Bettencourt.
En réaction ce mercredi, l’ancien président de la République explique vouloir continuer à se battre « la profonde injustice » qui lui est fait. Il confirme avoir saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), convaincu de « reste dans tes droits », et a dit « détermination totale sur ce dossier comme sur les autres. » Parce que Nicolas Sarkozy n’en a pas fini avec la justice. Loin de là.
Soupçons de financement libyen
Définitivement condamné dans l’affaire des écoutes téléphoniques, l’ancien chef de l’Etat a encore plusieurs affaires et échéances cruciales devant lui. Il doit d’abord retourner à la maison d’arrêt de Paris, début janvier, pour l’ouverture du procès des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, après une décennie d’enquêtes.
En résumé, l’ancien locataire de l’Élysée, qui conteste vigoureusement toute infraction, est soupçonné d’avoir “noué” avec le riche dictateur Mouammar Kadhafi “un pacte de corruption” pour le financement de sa campagne présidentielle contre Ségolène Royal, et pour avoir permis « parfaite connaissance des faits » ses proches pour « obtenir le soutien financier des autorités libyennes ». Ceci, en échange d’un retour à la respectabilité diplomatique.
Sur le banc des accusés, aux côtés de plusieurs anciens ministres – dont Claude Guéant et l’actuel député macroniste Éric Woerth – Nicolas Sarkozy risque 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende dans cette affaire. Le tribunal peut également imposer jusqu’à cinq ans d’inéligibilité. A noter que Thierry Herzog, avocat historique de l’ancien chef de l’Etat, ne pourra pas le défendre. L’arrêt de la Cour de cassation rendu ce mercredi rend effective son interdiction du port de la robe noire pour les trois prochaines années.
Affaire Bygmalion
L’ancien président de la République attend également une décision de justice concernant sa deuxième campagne présidentielle, celle de 2012, perdue face à François Hollande. Nicolas Sarkozy a été condamné en appel le 14 février 2024 pour financement illégal de campagne à un an d’emprisonnement dont six mois sous bracelet électronique. Une peine inférieure à celle d’un an qui a été prononcée en première instance, en septembre 2021.
En cause : un système de fausses factures liant l’UMP (ancêtre de LR), le parti de l’ancien président et l’agence de communication Bygmalion, chargée d’organiser des réunions et autres événements coûteux, pour cacher le dépassement (de 20 millions d’euros environ) de le plafond légal des dépenses de campagne autorisées.
Comme pour l’affaire des écoutes téléphoniques, Nicolas Sarkozy s’est également pourvu en cassation. Un premier pas a été franchi le 20 novembre, avec la non-transmission de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qu’il soulevait. La date d’examen des recours sur le fond n’a pas encore été fixée.
Takieddine’s retraction
Ce n’est pas tout. L’ancien président de la République a également été mis en examen en octobre 2023 (comme son épouse Carla Bruni-Sarkozy) pour « recel de subornation de témoin » et « association de malfaiteurs en vue de préparer un procès frauduleux en bande organisée » dans l’enquête sur d’éventuelles manœuvres frauduleuses pour écarter les soupçons de financement libyen. Le cas cité ci-dessus.
L’opération (appelée « Sauvons Sarkozy » par l’un des autres accusés) aurait notamment consisté à obtenir le retrait des accusations du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine en échange d’une éventuelle rémunération. Dans une vidéo diffusée notamment par BFMTV, l’homme en question est revenu sur ses déclarations devant les juges selon lesquelles il aurait remis à Nicolas Sarkozy, ainsi qu’à ses proches, 5 millions d’euros d’argent libyen pour la campagne. 2007.
La justice soupçonne dix protagonistes d’avoir participé à cette opération, dont la reine des paparazzi Mimi Marchand et l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie.
Enquêtes préliminaires
Outre ces trois dossiers, Nicolas Sarkozy fait également l’objet de plusieurs enquêtes préliminaires sur d’autres dossiers. Ses activités lucratives de conseil en Russie, par exemple, intéressent toujours le Parquet national financier (PNF) pour un éventuel trafic d’influence. Selon Mediapart, qui a révélé l’information, une enquête préliminaire a été ouverte à l’été 2020. Elle vise à déterminer si Nicolas Sarkozy « aurait participé à des activités de lobbying potentiellement criminelles » au nom des oligarques russes.
Depuis 2019, la justice enquête également sur l’attribution controversée de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Au cœur des soupçons se trouve un déjeuner organisé en 2010 entre Nicolas Sarkozy, alors président de la République, deux hauts dirigeants qatariens et Michel Platini, alors président de l’UEFA. Dans cette affaire, l’association Anticor a porté plainte en avril 2023 contre l’ancien président de la République pour “trafic d’influence” et « corruption d’agent public étranger ».
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