Les personnages hauts en couleur du peintre sétois Tony Bosc sont devenus iconiques.
Un vieux canapé au fond d’un petit garage donnant sur une ruelle du Barrou. Un chevalet, et quelques notes de rap pour une ambiance relaxante. Nous voici dans l’antre créatif de Tony Bosc, 36 ans. On se croirait presque à Pointe Courte, pour lui « un lieu vital ». Le berceau familial de l’artiste sétois, devenu emblématique de l’île de la Singulière. Impossible de manquer sa galerie de personnages au teint rosé, emblématique de la ville. Pêcheurs, jouteurs et tous leurs amis, souvent identifiables à leur tenue et couvre-chef, se côtoient joyeusement sur les murs du K-live rue du Passage ou au-dessus des comptoirs des lieux festifs de Sète. L’artiste s’immerge dans la vie unique de Sète. “Ce qui m’inspire le plus, c’est ma famille, mon entourage”confie-t-il, Brassens aussi. D’un croquis furtif né “après une grosse soirée” il y a une dizaine d’années, le Sétois crée aujourd’hui des peintures complexes, demandées au-delà des frontières de Saint-Clair où il a grandi.
« Lors d’une soirée entre amis »
On peut dire que Tony Bosc est tombé dans le pot du dessin très jeune. « J’étais assez impulsif alors pour me canaliser, ma grand-mère m’a commencé à dessiner. J’ai utilisé tout ce qui me tombait sous la main !glisse Tony Bosc, avec le même sourire ravageur que son grand-père, feu Guy Molle. Mais c’est vers 22 ans que le jeune ouvrier du bâtiment a une véritable révélation : « C’était lors d’une soirée entre amis. On rêvait un peu et on s’est dit « et si on faisait des tableaux ! » Et nous avons commencé à dessiner avec des marqueurs.. Il publie son sketch sur Facebook. Le propriétaire d’un restaurant l’a immédiatement contacté pour lui proposer de créer sur un mur de l’établissement.
“Mes personnages me permettent aussi de jouer avec les clichés et les classes sociales”
« À l’époque, je n’avais pas de matériel. J’ai pris les feutres que nous utilisons pour écrire le menu et en trois heures j’ai peint avec ! Le résultat étonnera un autre artiste, le plasticien Maxime Lhermet. « Le lendemain, il m’a invité dans son studio. J’ai travaillé avec lui pendant un an, j’ai appris en le regardant. Il m’a dit que j’avais la capacité de remplir l’espace !«C’est ça qui a été le déclencheur. Il décide alors de partir à Paris où il s’installe près de l’école des Gobelins. « Pendant 8 mois, j’ai peint une trentaine de toiles. Je jouais avec les matériaux au sol”.
Le jeune artiste fréquente des expositions et découvre l’art. «J’ai tout mangé. C’est là que j’ai vu Combas. C’était incroyable, j’ai découvert sa personnalité, et ses hommes de couleur avec des cerclages noirs. Un ami, René Caperan, l’aide à lancer sa première exposition à Sète. La vente a été un succès dès le premier soir. Tony Bosc cherche à trouver sa propre identité visuelle. Là encore, c’est en rentrant d’une soirée qu’il trouve l’inspiration : « J’ai dessiné un cercle, deux yeux, une bouche, je l’ai habillé de jaune, bleu, rose sans détails et j’ai mis un chapeau. J’ai rempli une feuille A3”. Il réalisera une centaine de sérigraphies »,Tout est parti ! Il contient les débuts de ses personnages.
« Figuration animée »
“Ils me permettent aussi de jouer avec les clichés, les classes sociales”, estime-t-il.analyse le peintre qui revendique une sorte de “représentation animée” en hommage à l’école sétoise de Figuration Libre. “Ces artistes m’ont ouvert à l’art, grâce à eux, on a mis les pieds sous la table !”rigole Tony Bosc, qui n’en revient toujours pas d’avoir été invité à rendre hommage à Brassens pour le 100e anniversaire de sa naissance. En noir et blanc cette fois. Touché et très fier d’avoir été choisi pour l’affiche Saint-Louis 2021, « 50 ans après que mon grand-père ait remporté le tournoi ».
Curieux de toutes les formes d’art (la mode pourrait bien le séduire), Tony Bosc nourrit les siennes grâce aux fortes amitiés qu’il noue avec les graffeurs et muralistes qu’il rencontre. Comme Depose, Amon, Maye, Small, Nash, Jean Denant. Avec le monde de la musique aussi, fan du rap de Demi Portion mais aussi d’Aznavour et Brassens. Bois, plastique, verre, 3D, impressions, ses toiles voyagent au gré des supports et des projets, souvent réunis. Tony Bosc bouillonne constamment d’idées. Avec le rêve d’une deuxième exposition à l’horizon.