Le groupe Hayat Tahrir al-Sham cherche à restaurer la vie en Syrie avant la guerre civile. Le groupe rebelle, qui a orchestré la chute brutale du président Bachar al-Assad, continue de transmettre des messages d’unité à une population gravement marquée par des décennies de divisions internes.
Le groupe rebelle syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS) consolide son pouvoir dix jours seulement après que le président autocratique de longue date, Bachar al-Assad, a été radicalement évincé du pouvoir.
Des secteurs clés du pays sont progressivement placés sous leur contrôle, les deux derniers en date étant les forces militaires et policières.
HTS, qui a dirigé une coalition de milices lors d’une offensive surprise fin novembre qui a conduit à la chute d’al-Assad, est devenue la principale entité en Syrie. Au cours des dix derniers jours, ils ont nommé un nouveau gouvernement intérimaire et ont exhorté les Syriens de l’étranger, dont certains déplacés depuis plus d’une décennie, à rentrer chez eux.
La vie à Damas revient progressivement à la normale. Les écoles ont rouvert et les services sociaux ont été rétablis. Les ambassades étrangères rouvrent elles aussi doucement, le drapeau français a été hissé sur son ambassade à Damas, un geste symbolique de Paris. Les responsables français ont confirmé qu’un haut diplomate était arrivé dans la capitale syrienne ; pour la première fois en 12 ans, d’engager des pourparlers avec la nouvelle administration du pays.
HTS, dirigé par Ahmed al-Sharaa ; anciennement connu sous son pseudonyme Mohammed al-Golani, affirme avoir entrepris des réformes internes soulignées par la volonté de créer une Syrie fondée sur l’unité, le nationalisme et la paix.
HTS prend pied au sein de la police de Damas
Abou Othma, ancien chef de la police d’Idlib, a été nommé par le HTS pour gérer tous les commissariats de la capitale.
Il était chargé de faire respecter les nouvelles lois du groupe, qui n’ont pas encore été mises en œuvre. Un nouvel ensemble de lois devrait être publié prochainement, mais pour le moment, elles sont encore en discussion.
C’est une tâche colossale qui nous attend, car la force de police de Damas doit essentiellement être construite à partir de zéro. Tous les policiers en service dans la capitale sous al-Assad ont été remplacés et leurs armes récupérées.
« La plupart des anciens policiers ont pris la fuite dès notre arrivée. Mais nous en avons arrêté quelques-uns », a déclaré un homme armé, qui a récemment rejoint la nouvelle force de police, et qui n’a pas donné son nom.
De nouveaux officiers arrivent d’Idlib, une ville du nord-ouest de la Syrie, fief du groupe rebelle au pouvoir.
« Je suis arrivé ici à Damas il y a sept jours. Nous sommes juste là pour protéger la population », a déclaré un policier nouvellement nommé récemment arrivé d’Idlib.
La police de Damas a actuellement des missions très limitées et restreintes. Tant que les nouvelles lois ne seront pas annoncées, ils ne pourront rien appliquer. La plupart de leurs opérations quotidiennes consistent à recevoir des plaintes du public et à fournir des assurances.
Outre un cadre juridique clair, la police de Damas est également confrontée à un manque de personnel.
« Nous manquons clairement de policiers. Nous allons donc ouvrir les portes de notre établissement à ceux qui souhaitent nous rejoindre. Donc, après évaluation, nous procéderons au recrutement », explique le chef de la police de Damas, Abou Othma.
Les anciens soldats d’Al-Assad autorisés à concilier leur statut avec le nouveau gouvernement intérimaire
Des centaines de soldats et d’officiers syriens se sont alignés mardi devant un centre de réconciliation dans la ville de Lattaquié, dans le nord de la Syrie.
L’objectif était d’enregistrer leurs coordonnées auprès du nouveau gouvernement intérimaire afin qu’ils puissent obtenir de nouvelles cartes d’identité leur permettant de vivre et de circuler librement à l’intérieur du pays.
« Nous avons ouvert ce centre dans la province de Lattaquié, le centre accueille tous ceux qui étaient affiliés à l’ancien régime déchu. L’idée du centre de réconciliation est de donner aux soldats une carte d’identité de réconciliation pendant trois mois qui leur permet de se déplacer librement et en toute sécurité en Syrie », explique Mohammad Mustafa, responsable de la sécurité d’État du gouvernement intérimaire.
Les anciens soldats ont rempli des formulaires de candidature contenant leurs informations personnelles. Leurs armes sont également confisquées avant la fin du processus.
“Ceux qui détiennent une arme, celle-ci leur sera retirée, puis des demandes seront déposées avec toutes les informations, puis de nouvelles cartes d’identité leur seront délivrées et leur seront remises”, a noté Mohammad Mustafa.
Le nouveau gouvernement intérimaire syrien nommé par le HTS a accordé des garanties de sécurité et une amnistie aux anciens soldats et policiers qui n’ont pas participé à la torture et au meurtre de civils sous le régime d’al-Assad.
La nouvelle administration a appelé la population à retourner au travail et a exhorté les réfugiés syriens du monde entier à revenir pour aider à la reconstruction.
Il a annoncé son intention de réhabiliter et de contrôler les forces de sécurité pour empêcher le retour de « ceux qui ont du sang sur les mains ».