France TV et Radio France (pas) sur la même longueur d’onde ? – .

France TV et Radio France (pas) sur la même longueur d’onde ? – .
France TV et Radio France (pas) sur la même longueur d’onde ? – .

Reporté! Le texte prévoyant la fusion des différentes sociétés publiques de radiodiffusion, qui devait être débattu à l’Assemblée nationale hier jeudi 23 mai et ce vendredi 24, a en effet finalement été reporté. Probablement fin juin. « Mais ce n’est pas une très bonne nouvelle, nous confie hors écran un cadre du groupe France Télévisions, car le mécontentement des salariés ne va pas forcément faiblir d’ici là… » Le mécontentement ? Une bonne partie des 16 000 salariés de l’audiovisuel public ont répondu favorablement à l’appel à la grève des syndicats. Environ 12% côté France TV, et 72% dans les rédactions de Radio France (Source SNJ).

Hier, l’intersyndicale France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) s’est réunie place Colette (Paris), devant le ministère de la Culture, pour exprimer son désaccord avec ce qu’elle considère comme étant la création d’une « BBC à la française ». Et en amont, cette semaine, à travers une tribune publiée par nos confrères du Monde, plus de 1.400 salariés du groupe, dont Nicolas Demorand et Sonia Kronlund, ont mis en garde contre une réforme qu’ils jugent « démagogique, inefficace et dangereuse ».

Énergiquement soutenu par Rachida Dati depuis sa nomination au ministère de la Culture en janvier dernier, le célèbre texte prévoit la création d’une société holding commune au 1er janvier 2025, baptisée France Médias, préparant ainsi le terrain pour une fusion qui pourrait être effective comme dès l’année prochaine. Un plan établi sur deux ans donc loin de plaire à tout le monde. Déjà parce que, selon nos informations, les différentes directions ne sont pas sur la même longueur d’onde. Sous la bannière de Radio France, l’équipe dirigée par Sibyle Veil (PDG de Radio France) s’étonnerait d’une telle volonté, alors que le groupe, porté par la locomotive France Inter, n’a “jamais été aussi fort”… tandis qu’à France TV, le clan de Delphine Ernotte (présidente de France Télévisions) affirme avoir toujours été favorable à un tel projet. «Nous sommes convaincus que cela encouragerait la collaboration, notamment sur l’information continue et sur l’ensemble du numérique», affirme un proche de la direction.

Des arguments qui sont loin de convaincre tous les salariés, selon les syndicats. Pour Renaud Bernard et Bertrand Chapeau, tous deux délégués syndicaux centraux FO à France TV, « l’opacité des contours de cette fusion », autant que « l’absence de solutions trouvées pour l’instant » concernant le mode de financement du groupe, constituent des raisons sérieuses de douter du projet. Et si le projet de simple holding leur semblait viable, celui de fusion, l’est beaucoup moins. « Car dans le cadre d’une holding, chacun tient ses conventions collectives. Mais dans une fusion, il faut trouver un point commun. La singularité de chaque métier peut ainsi être difficile à respecter. Ils craignent en outre que ce qui est présenté comme un plan pratique soit en réalité un plan économique et que de nombreux postes soient supprimés : « Aujourd’hui, l’audiovisuel public coûte 4,5 milliards d’euros par an. Si l’objectif est en réalité d’économiser de l’argent, nous aimerions qu’ils soient assez honnêtes pour nous le dire. Et à quelle échelle ? » Dans un entretien au Figaro en avril, Delphine Ernotte était déjà claire sur le sujet : « la trajectoire budgétaire fixée par l’État a déjà chiffré des économies importantes à réaliser, de l’ordre de 200 millions d’euros rien que pour France Télévisions d’ici 2028. » Evidemment, une telle somme ne tombera pas du ciel…

Le futur système de financement de France TV pourrait en effet être le futur nerf de la « guerre » autour de cette probable fusion. Car s’il est indexé sur la TVA aujourd’hui, il ne pourra plus l’être en 2025. Et parmi les solutions de remplacement potentielles, une en particulier fait trembler les murs du groupe : la budgétisation de l’État. “Cela pourrait impliquer que notre ligne éditoriale et nos contenus soient scrutés… et que les sommes allouées puissent varier en fonction du niveau de satisfaction des gouvernements en place”, craint Bertrand Chapeau. Contactés, un employé de la chaîne France Info ainsi qu’un ancien rédacteur en chef de Radio France estiment pour leur part « qu’un coup de pied dans la fourmilière » s’impose aujourd’hui. Notamment en matière de respect de la pluralité. « Je me souviens d’une fausse élection organisée au sein de la rédaction de France Info, à l’approche de l’élection présidentielle, pour savoir de quel côté penchait la rédaction. C’est Mélenchon qui l’a largement emporté. Alors évidemment, cela s’est ressenti à tous les niveaux. Des invités, aux angles de reportage choisis… tout était conditionné », nous explique l’ancien superviseur. En ce sens, peu après son arrivée à la Culture, Rachida Dati soulignait elle-même l’importance du sujet : « la liberté d’information doit être préservée. La fonction publique a également une mission d’éducation à la citoyenneté. Cela suppose de donner à toutes les opinions, celles qui font la diversité de la France, la place qui leur revient.»

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Financement, pluralité, épargne… autant de sujets brûlants qui n’ont cessé d’agiter le service public, d’ici à la holding, puis, probablement, à la fusion. De la direction aux employés. A l’heure où nous écrivons ces lignes, selon nos informations, la plupart des syndicats espèrent déjà pouvoir lancer une nouvelle grève en vue du prochain examen du texte. Seul FO, du côté de France TV, attend encore de commenter. «On attend de voir le positionnement des élus et d’éventuelles précisions sur la stratégie du sujet», explique Renaud Bernard chez FO. Une chose semble pourtant sûre, au sein même de la fonction publique et de ses différents groupes, les intérêts des uns ne sont (pour l’instant) pas toujours ceux des autres…

 
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