L’immense établissement de bains privés, ensevelis sous les cendres de l’éruption du Vésuve depuis l’an 79, met en lumière les inégalités sociales de l’époque.
C’est un somptueux établissement de bains privés, potentiellement l’un des plus grands de toute la ville, qui a été découvert par un groupe d’archéologues à Pompéi. Au cœur d’une grande demeure, des chambres chaudes, tièdes et froides, mais aussi des œuvres d’art et une grande piscine ont été exhumées ces deux dernières années. « Une découverte unique en son genre »raconte à la BBC Sophie Hay, archéologue à Pompéi, soulignant l’existence d’une société de classes au sein de la ville antique.
Dans le même quartier, une laverie, une boulangerie et une maison particulière sont sorties de terre. Selon les études archéologiques, ils appartiendraient à un riche : Alus Rustius Verus, un homme politique influent de Pompéi. « Il n’y a que quelques maisons qui disposent d’un complexe de bains privés, c’était donc quelque chose de vraiment réservé aux plus riches des riches.Exolliance donc à la BBC Gabriel, Coment directeur des Archives de Paris. Il s’agit probablement du plus grand complexe thermal dans une maison privée de la ville. »
Deux corps retrouvés
Deux squelettes y ont été retrouvés sous des tas de cendres. L’un des corps, allongé sur un lit et recroquevillé en position fœtale, appartenait à une femme âgée de 35 à 50 ans. Le second, dans un coin de la pièce, est celui d’un homme plus jeune, âgé de dix ou vingt ans. Comme ce fut le cas pour 15 000 autres Pompéiens, ces deux habitants furent tués lorsqu’un tsunami de gaz volcanique surchauffé s’abattit sur la ville après l’éruption du Vésuve en l’an 79. « La coulée pyroclastique du volcan est passée dans la rue, juste à l’extérieur de cette pièce, et a provoqué l’effondrement d’un mur, qui a pratiquement écrasé l’homme à mort.voir Sophie là-bas. La femme était encore en vie lorsqu’il est mort et cette pièce s’est alors remplie du reste de la coulée pyroclastique, et c’est ainsi qu’elle est morte. »
Selon l’archéologue, il s’agissait probablement d’une personne de la haute société. Peut-être était-ce la femme du propriétaire ? Ou peut-être une aide-ménagère ? « Nous ne savons pas »elle regrette. Mais des éléments confirment son appartenance à une classe sociale facile. Sur le corps du squelette féminin, les chercheurs ont récupéré des pièces d’or et d’argent, ainsi que des bijoux. Parmi eux, des boucles d’oreilles en or et perles naturelles, des pendentifs collier et des pierres semi-précieuses. « Les pièces brillent comme si elles étaient neuves »émerveillez-vous devant l’archéologue Alexandre Russo avec la BBC.
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Sophie Haye préciserait cependant que derrière cette richesse romaine, des dizaines d’esclaves vivaient et travaillaient dans des conditions « insupportable ». L’archéologue prend par exemple le cas de la chaufferie, où l’esclavage devait faire fonctionner tout un système de canalisations pour chauffer l’eau du complexe thermal. Ils devaient alors opérer au-dessus d’un poêle qui dégageait une quantité importante de chaleur. « Ce qui ressort le plus de ces fouilles, c’est le contraste saisissant entre la vie des esclaves et celle des très, très riches. Et on le voit ici, la différence entre la vie somptueuse de l’établissement sanitaire et les fours, où les esclaves alimentaient le feu en travaillant toute la journée. »explique Sophie Haye.
Dernières semaines de fouilles
Seuls quelques Pompéiens, même parmi les plus riches de la ville, ont eu la chance de pouvoir utiliser un complexe thermal. Ceux qui fréquentaient les bains se déshabillaient dans un vestiaire aux murs rouges. Son sol était décoré de mosaïques aux motifs géométriques en marbre provenant de l’Empire romain. Après être passés aux vestiaires, ils se dirigèrent vers la salle chaude où se trouvait un bain aux allures de sauna. Après s’être appliqué de l’huile sur le corps, ils se sont finalement rendus au frigidarium, la plus grande salle du complexe thermal où 20 à 30 personnes pouvaient se rafraîchir en même temps dans un bassin entouré de colonnes rouges et de fresques représentatives des sportifs.
L’année dernière, les archéologues ont découvert une grande salle de banquet aux murs de jais noir sur laquelle étaient disposées des œuvres d’art anciennes. Une petite pièce intimiste peinte en bleu pâle, qui servait de salle de prière aux habitants, avait également été mise au jour. Les fouilles entrent désormais dans leurs dernières semaines et de nouvelles découvertes n’ont pas encore émergé des cendres du complexe thermal. L’objectif du site est d’ouvrir, à terme, les portes du lieu au grand public.