Divisé en 14 chapitres, Terre de Sable est l’un des sept un coup queAkira Toriyama produit dans sa vie – exactement autant que le nombre de Dragon Ballquelle coïncidence ! Il a été prépublié en 2000 dans le Saut Shōnen hebdomadaireavant d’être publié une première fois chez Glénat en 2002. Le manga a connu trois adaptations notables, dont une en film et une autre en série animée, sorties respectivement en 2023 et 2024. Publié six mois après la mort inopinée de l’auteur, la réédition de Terre de Sable cette même année apparaît comme un véritable hommage. Il y a un dossier avec un entretien avec l’auteur, ainsi que des dessins et croquis exclusifs. Une belle façon d’honorer la mémoire de ce grand mangaka qu’était Akira Toriyama.
Un Monde où Van Damme avait raison
Dès les premières pages, on comprend vite à quoi fait allusion le titre. L’intrigue se déroule dans un vaste désert de Monde Toriyama – appelé Monde des dragons par les fans de Dragon Ballc’est une représentation de la Terre sur laquelle se déroule l’action de plusieurs mangas de Toriyama -, dans laquelle humains et monstres vivent côte à côte…. dans un désert, car il n’y a pas Il ne reste plus une goutte d’eau à la surface de la terre ! Il devient alors compliqué de survivre sans pouvoir s’hydrater, surtout par forte chaleur. Un motif qui fait penser à la célèbre vandeamerie de Jean-Claude Van Damme : « J’adore l’eau. Dans 20/30 ans, il n’y en aura plus ».
C’est dans ce contexte que l’on découvre Belzébuth, le prince des démons, ainsi que d’autres monstres volant des bouteilles d’eau aux humains, pour les ramener vers leurs pairs. Activité respectable, car après tout, tous les moyens sont bons pour survivre. Les monstres reçoivent la visite de Rao, un shérif venu demander de l’aide dans la recherche d’une source dite « légendaire ». Difficile pour eux de croire à l’existence d’une oasis au cœur de cette terre aride, jusqu’à ce que l’officier rapporte avoir aperçu une certaine espèce d’oiseaux. Avec l’approbation de son père, Belzébuth part aux côtés de Rao et Voleurun monstre voleur, à la recherche de la source légendaire.
Un peu de Mad Max et Dragon Ball
-A la manière d’un jeu d’aventure, l’écriture de Terre de Sable se veut simple et linéaire. En plus de planter le décor et de nous présenter les personnages qui participeront à la quête, le premier chapitre annonce parfaitement la structure des 13 suivants. Une fois partis, nos héros conduisent à tour de rôle la voiture de Rao, dans le plus grand calme. Un Dragon Geji, sorte de mille-pattes géant, surgit de sol et poursuit les protagonistes. Nos protagonistes allègent le véhicule au maximum, pour perdre la créature. Chaque chapitre est comme une mission à accomplir, pour pouvoir continuer l’aventure. Des phases d’exploration aux phases de combat, en passant par les phases de discussion, Akira Toriyama utilise franchement les codes du jeu vidéo pour construire son histoire.
Format oblige, le mangaka doit aller à l’essentiel. Elle ne peut donc pas développer l’univers, ainsi que les événements survenus dans le passé. Nous n’avons droit qu’à deux pages expliquant pourquoi il n’y a plus d’eau, à cause de l’action des êtres humains, ainsi que des guerres pour accéder à cette ressource. Les pages explicatives nous montrent aussi que le souverain utilise le dernier réservoir pour s’enrichir. Les écrits de Toriyama nous amènent à nous interroger, tant sur les événements passés que sur la nature humaine. Une nature que le mangaka traite à travers le personnage de Rao. Ses croyances et sa philosophie sont remises en question au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Il est particulièrement intéressant de voir Belzébuth et Thief choqués lorsque le shérif leur annonce qu’il a déjà tué. On se demande alors qui sont les vrais monstres : Yokai et autres démons ou êtres humains ?
Quant à l’aspect graphique, le vaste désert n’est pas sans rappeler les paysages dénudés et infinis présents dans Dragon Ball. Ce grand espace permet aux Mangaka de mettre en œuvre des combats dynamiques, où Belzébuth et Rao montrent toute l’étendue de leur force, ainsi que des affrontements à distance avec des tanks. Le côté post-apocalyptique de l’univers est visible à travers les tenues de certains personnages, comme les voyous présents dans le chapitre 2. Leur apparence punk pourrait rappeler le manga culte. Hokuto No Ken, Ken le garçon qui a survécu dans sa version française, ou dans le film Mad Max. Le mangaka distille également quelques touches d’humour, notamment avec la famille de Nageurs. En plus des grosses lunettes et des armes pour rappeler le personnage post-apocalyptique, chaque membre est vêtu d’un maillot de bain. Ce qui explique leur nom de « nageurs ». Idéal pour éviter d’avoir trop chaud, mais ridicule vu le cadre.
SandLand est agréable à lire. On retrouve tous les éléments qui ont fait le succès d’Akira Toriyama. L’histoire se veut simple et nous fait réfléchir sur l’activité humaine et son impact sur l’environnement. Espérons que nous ne connaîtrons pas un avenir aussi désastreux…
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