Le bilan a augmenté. Vingt-quatre personnes sont mortes dans les incendies qui ravagent la Californie depuis mardi dernier, ont annoncé dimanche 12 janvier les autorités. Les incendies, toujours hors de contrôle, ont détruit plus de 12 000 bâtiments, selon de premières estimations.
Aux côtés des pompiers des agences locales et étatiques de Los Angeles, des intervenants privés circulent dans leurs camionnettes blanches, surveillant les maisons individuelles.
Ces équipes, dont les prestations coûtent plusieurs milliers d’euros, sont devenues un symbole d’inégalité dans la lutte contre les incendies. Depuis 2018 et l’incendie de Woolsey, ils s’attirent des critiques, accusés d’avoir accentué les divisions entre les classes lors des catastrophes en favorisant les plus riches.
La polémique a pris un nouvel élan sur les réseaux sociaux. « Est-ce que quelqu’un a accès aux pompiers privés ?Je suis prêt à payer n’importe quel montant”un riche habitant de Palisades a posté sur X, déclenchant un flot de commentaires haineux. De son côté, l’ancien candidat milliardaire à la mairie de Los Angeles, Rick Caruso, a fait appel aux pompiers privés pour protéger son complexe commercial Palisades Village alors que le quartier était réduit à néant.
Sur le terrain, ces interventions ne font pas non plus l’unanimité. « Quand on voit arriver des groupes de pompiers privés, on ne les considère pas comme un atout»déclaré à New York Times Brian Rice, président de California Professional Firefighters, qui représente 35 000 pompiers publics. De plus, la plupart de ces pompiers privés sont formés pour travailler en forêt, alors que « La lutte contre les incendies à Los Angeles se déroule en milieu urbain ».
Un coût stratosphérique
Il est cependant impossible d’ignorer leur rôle aux États-Unis. Environ 45 pour cent de tous les pompiers travaillant dans le pays aujourd’hui sont employés dans le secteur privé, selon la National Wildfire Suppression Association, une organisation qui représente plus de 300 groupes privés de lutte contre les incendies.
Installation de coupe-feu et de systèmes d’arrosage, pose de gel ignifuge… Une grande partie du travail de ces équipes est préventive. Et face à l’ampleur des récents incendies, certains riches propriétaires font directement appel à eux pour sauver leur logement.
Toutefois, la plupart de ces pompiers privés travaillent pour des compagnies d’assurance. En effet, de grands groupes comme AIG, Chubb ou USAA proposent des polices incluant la protection incendie. Sauver une maison de plusieurs millions de dollars de l’incendie permet à l’assureur d’éviter de payer une somme importante au propriétaire. D’où le recours aux pompiers privés pour pallier le manque de moyens des services de secours dépendant du service public.
L’eau, au cœur de la polémique
Pour recruter de telles équipes, les propriétaires et les assureurs doivent débourser des milliers de dollars. Selon le New York Timesce service peut coûter entre 3 000 $ et 10 000 $ par jour, selon la main-d’œuvre mobilisée.
À la question du prix s’ajoute celle de la disponibilité de l’eau. Dans l’une des villes les plus riches de Californie, État américain fortement touché par la sécheresse, cette ressource vaut de l’or. Bryan Wheelock, vice-président de Grayback Forestry, une entreprise privée de lutte contre les incendies de l’Oregon, se défend dans le New York Times. Il a expliqué que les pompiers privés ne transportent généralement que quelques centaines de litres d’eau dans leurs camions blancs. Et lorsqu’elles travaillent dans des endroits éloignés, les équipes de pompiers puisent l’eau des étangs et des lacs à proximité.
Lorsque des incendies éclatent dans des zones urbaines, comme à Los Angeles, l’utilisation de bouches d’incendie publiques devient une préoccupation majeure. Aux premières heures des incendies de Los Angeles, les pompiers privés se sont tournés vers cette source d’eau pour se réapprovisionner, après avoir vidé les piscines de leurs clients. Ces bouches d’incendie se sont ensuite asséchées, tandis que les pompiers des villes et des comtés ont dû faire le plein eux-mêmes, posant la question de savoir si cette ressource fondamentale était gratuite en cas d’urgence.