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Plongez dans l’intimité de la salle du Musée des Décoratifs

A l’heure où une « épidémie de solitude » se propage parmi les Français, le MAD propose une histoire intime du XVIIIe siècle à nos jours à travers 470 œuvres : peintures, photographies, objets d’ décoratifs, quotidiens et de design. Signée de l’architecte Italo Rota (décédé en avril dernier), concepteur avec Fabio Fornasari du musée Novecento de Milan, la scénographie spectaculaire s’ouvre sur un trou de serrure géant, révélant les objets autant qu’elle les cache. Dans ce jeu permanent entre pudeur et dévoilement, se joue tout l’enjeu de l’exposition, qui va de l’espace clos de la chambre à la présentation de soi sur les réseaux sociaux, de la vie recluse à une vie exposée.

Une chambre à soi

A painting by Édouard Vuillard, Personnages dans un intérieur. Intimité (1896) ouvre la tournée, représentant des femmes dans un intérieur bourgeois. Une toile intimiste du peintre danois Vilhelm Hammershoi met en lumière la mélancolie de ces femmes confinées dans leur maison, tandis qu’une photographie de Martine Locatelli met en scène une adolescente dans l’intimité de sa chambre.

Vue de l’exposition « L’intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Luc Boegly

Le lit lui-même peut être un objet de contestation politique, comme en témoigne une photo du Bed-in-for-peace de John Lennon et Yoko Ono en 1969. Il reflète son époque, tout comme le design reflète l’évolution de la société : le lit La Cova Le canapé en forme de nid de Gianni Ruffi (1969) évoque le retrait protecteur des années 50 et 60, à l’inverse le canapé Bazaar (1969-1970) de Superstudio et du Memphis Ring (1981) rappellent le désir de se retrouver et de partager l’intimité dans les années 70.

Vue de l'exposition « L'intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Christophe Delliere

Vue de l’exposition « L’intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Christophe Delliere

De la bourdaloue aux sextoys

L’exposition fait également la part belle aux soins du corps, illustrés dès le vernissage par la peinture. Femme assise au bord d’une baignoire, s’essuyant le cou (1880-1895) par Degas. Le visiteur découvre ensuite des objets pratiques (dont l’étonnante bourdaloue, pot de chambre du XVIIIe siècle adapté à la forme des femmes pour uriner en public !) puis des accessoires de beauté raffinés : boîte à mouches du XVIIIe siècle, poudriers de Boucheron à Line Vautrin, psychés et mains miroirs, flacons de parfum, tubes de rouge à lèvres…

Vue de l'exposition « L'intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Luc BoeglyVue de l'exposition « L'intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Luc Boegly

Vue de l’exposition « L’intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Luc Boegly

La représentation de l’intimité sexuelle rythme l’exposition, avec des peintures libertines du XVIIIe siècle (dont La serrure de Fragonard de 1777 prêté par le musée du Louvre) aux œuvres récentes représentant l’homosexualité, comme le dessin En désespoir de cause de David Hockney (1966) ou encore des photographies de lesbiennes de Zanele Muholi. Une vitrine entière est dédiée aux sextoys devenus objets design (8e Ciel de Matali Crasset)

Vue de l'exposition « L'intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Christophe DelliereVue de l'exposition « L'intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Christophe Delliere

Vue de l’exposition « L’intimité de la chambre aux réseaux sociaux » au Musée des Arts Décoratifs de Paris © Musée des Arts Décoratifs/ Christophe Delliere

Des secrets que nous montrons

Projeté dans les dernières salles, un film en noir et blanc du réalisateur JK Raymond-Millet de 1947 anticipait avec une prescience saisissante l’existence de téléphones connectés et d’une vie publique où l’écran s’immisçait partout. La preuve en images, surexposées dans les comptes Instagram des créateurs de contenus et mises en perspective dans les photographies d’Evan Baden. A l’inverse, les pages calligraphiées d’un journal intime sont aux antipodes de ces « secrets » que nous exhibons. Une conversation avec soi-même qui atteint son apogée au XIXème siècle, l’intimité ultime.

Evan Baden, Emily, 2010 © Evan BadenEvan Baden, Emily, 2010 © Evan Baden

Evan Baden, Emily, 2010 © Evan Baden

« L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux »
Musée des Arts Décoratifs 107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Jusqu’au 30 mars

Teaser de l’exposition « L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux » | Musée des Arts Décoratifs
 
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