Au Luxembourg, la Fédération des artisans réclame qu’un salarié ne soit plus rémunéré pour le premier jour d’absence. Une sanction visant à limiter les « abus ».
L’idée avait déjà été évoquée début 2024, et elle pourrait sans doute dont on reparlera en 2025 : devrions-nous, ou non, introduire un jour d’attente dans le Code du travail luxembourgeois ? La question vient d’être relancée par un voix « puissante » parmi les partenaires sociaux : celui du Fédération des Artisans. Et son réalisateur Romain Schmit l’assume : « Nous avons atteint un stade où cette question de l’absentéisme à la carte est devenue un point de fragilité dans plusieurs de nos 9 000 entreprises !»
Alors, trop souvent, la hiérarchie remarque de manière inattendue qu’un employé a disparu sans nécessairement avoir à produire des preuves pour justifier ensuite leur arrêt de courte durée (« surtout le lundi mais, bizarrement, le vendredi aussi… “). Cela finit d’abord par perturber les plans de production, l’organisation des équipes et la poursuite des chantiers. Deuxième, ” pénalise les collègues honnêtes qui sont présents à leur poste en l’absence d’arrêt de travail justifié « . Bref, il est temps que cela cesse pour l’organisation faîtière des quelque 100.000 salariés du Grand-Duché.
Et à « problème inquiétant », des solutions radicales. C’est avant tout priver tout absent du salaire de son premier jour non travaillé. Par ailleurs, la Fédération invite les inspecteurs de la Caisse Nationale de Santé à se présenter plus rigoureux dans leurs contrôles. Dans ce cas, les employeurs vont jusqu’à demander des contrôles systématiques « pour limiter les absences injustifiées »
De son côté, selon la Fédération, la Médecine du travail doit assurer un meilleur suivi de ces personnels trop souvent introuvables à leur poste et « identifier les tendances abusives ».
Une étude des causes
Enfin, le secteur artisanal réclame la fin du système lui permettant de continuer à accumuler des droits aux congés pour les salariés absent de façon récurrente ou prolongée. Une mesure qui ne relève toutefois pas directement de la responsabilité de l’Etat luxembourgeois, mais fait suite à une décision européenne.
La Fédération considère également que la création du certificat médical numérique dans le pays et chez ses voisins permettrait une « suivi automatisé » un comportement abusif plus simple. La CNS, qui voit déjà affluer les « fausses attestations », devrait alors adapter ses services à ce nouvel outil. ” Mais nous sommes certains que cette dépense permettrait d’économiser beaucoup d’argent à la caisse de santé et aux entreprises », insiste Romain Schmit.
Le Luxembourg n’est pas le seul pays agité par cette question du délai de carence. Au début de l’hiver, le France avait également remis le sujet sur la table. La question était alors de savoir si l’ensemble de la fonction publique devait être soumis au même régime que les salariés du privé : soit 3 jours d’attente (contre 1 seulement pour les personnels de l’Administration française jusqu’alors).
L’idée était là encore de réduire un taux d’absentéisme jugé trop élevé dans la fonction publique (12 jours/an en 2023 contre 10,7 dans le privé). Mais la fin du gouvernement Barnier et l’arrivée au poste de Premier ministre de François Bayrou semblent avoir balayé le projet. Qui sait, lorsqu’on évoquera le prochain budget 2025 de la France, le serpent de mer reviendra peut-être…
“En tout cas”, conclut le directeur de la Fédération des Artisans, à Luxembourg, “il est clair qu’il faut agir contre ce dérivé absentéisme bref, multiple et « confortable ». Depuis 2019, l’absentéisme a augmenté de + 40 % avec des effets dévastateurs en particulier dans les PME artisanales. »
Du côté du gouvernement, l’instauration du jour de carence ne ne fait pas partie de l’accord de coalition. Mais les mesures envisagées d’ici 2028 parlent clairement de « lutter contre toutes les formes d’abus « . Avant de déterminer quelle(s) arme(s), un étude des causes de cet absentéisme a été demandé à la CNS. Reste à voir s’il s’agit bien de comportements inacceptables ou simplement du fait d’une augmentation des absences pour raisons de santé.
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