Cinq ans après la mort du livreur Cédric Chouviat lors d’une interpellation, trois policiers vont être jugés à Paris pour homicide involontaire. Dans l’ordonnance de renvoi, les juges d’instruction ont conclu que les policiers avaient eu un « comportement inapproprié, négligent et imprudent » ayant conduit à l’asphyxie de ce père de famille décédé à l’âge de 42 ans.
Une nouvelle que Doria Chouviat, veuve du livreur décédé, accueille « tous deux » avec satisfaction et déception. « La justice a fait son travail dans le sens où une enquête a été menée, avec des preuves irréfutables. Cela nous rassure de connaître la vérité”, a-t-elle immédiatement déclaré, ce samedi, au micro de Franceinfo. Il n’en demeure pas moins qu’une quatrième policière, qui avait été placée lors de l’enquête sous le statut de témoin assisté, a échappé au procès, regrette-t-elle.
Doria Chouviat déplore surtout la qualification d’« homicide involontaire » retenue contre les policiers, qui, selon elle, « ne correspond pas à la réalité des faits ». « Cédric est décédé suite à des violences intentionnelles, disproportionnées et tout simplement illégitimes. Entre les vidéos, les témoignages, et surtout l’expertise médicale, c’est quelque chose qu’on ne peut pas réfuter”, assure-t-elle.
Avant de poursuivre : « ce procès va nous donner l’occasion de dénoncer ce qui doit l’être et de demander des comptes à certains accusés ». Car le « plus grave », selon elle, c’est que les policiers visés « puissent continuer à exercer leur fonction ». « L’assassin de mon mari est le chef de gare, c’est ça qui fait peur. Cet homme a commis l’irréparable, il ne devrait plus faire partie de la police.
Le drame à l’origine du procès remonte au 3 janvier 2020. Livreur de scooters, Cédric Chouviat a été plaqué au sol à Paris, avec son casque de moto sur la tête lors d’un contrôle de police, provoquant un malaise. Hospitalisé dans un état critique, son décès a été constaté le 5 janvier.
VidéoDécès de Cédric Chouviat : la famille déçue que les policiers n’aient pas été suspendus
Six mois après sa mort, l’affaire était devenue emblématique des violences policières après les révélations de l’expertise judiciaire : alors qu’il était mis à terre et menotté par les policiers, Cédric Chouviat avait dit à neuf reprises « j’étouffe ». en treize secondes, avant de se sentir mal. Ses plaidoyers rappellent la mort de George Floyd, un Afro-Américain étouffé en mai 2020 par un policier blanc à Minneapolis, une tragédie qui a déclenché une immense vague de manifestations aux Etats-Unis.