Robinet coupé : les livraisons de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine se sont définitivement arrêtées mercredi matin. «Nous avons arrêté le transit du gaz russe, c’est un événement historique. La Russie perd des marchés, elle va subir des pertes financières», a déclaré le ministre ukrainien de l’Energie, German Galushchenko, cité par ses services dans un communiqué.
Aucune livraison n’était prévue mercredi, selon les données publiées la veille par l’opérateur ukrainien GTSOU, faisant état de l’expiration d’un contrat de cinq ans établi en 2019 entre la société ukrainienne Naftogaz et le géant russe Gazprom. A l’époque (avant-guerre), Volodymyr Zelensky se réjouissait d’un accord synonyme de « sécurité énergétique » et de « prospérité pour les Ukrainiens ».
Gazprom a confirmé dans un communiqué que “depuis 8 heures du matin (5 heures GMT), le gaz russe n’a pas été livré pour transiter par l’Ukraine”. “En raison du refus répété et explicite de la partie ukrainienne de prolonger cet accord, Gazprom a été privé à partir du 1er janvier de la possibilité technique et juridique de fournir du gaz pour transiter par l’Ukraine”, a déploré l’entreprise d’État russe.
Ses exportations quotidiennes vers l’Europe via le territoire ukrainien se sont élevées ces dernières semaines à quelque 40 millions de m3, pour un volume total fourni en 2023 de 14,65 milliards de mètres cubes, selon les chiffres officiels. Dans ce contexte tendu, le prix du gaz européen a atteint mardi la barre symbolique des 50 euros le mégawattheure, une première depuis plus d’un an.
Des conséquences « drastiques »
Si la dépendance de l’Europe s’est considérablement réduite depuis le début de la guerre en Ukraine, les Etats situés à l’Est continuent de s’approvisionner de manière importante auprès de Moscou. Selon le ministre ukrainien German Galushchenko mercredi, “l’Ukraine a informé ses partenaires internationaux”.
Ces dernières semaines, la Hongrie et la Slovaquie se sont plaintes de voir le robinet coupé. Le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui reste proche de Vladimir Poutine et dont le pays est très dépendant des approvisionnements en gaz russe, a prévenu mercredi des graves conséquences qu’entraînerait selon lui la fin du transit.
« L’arrêt du transit du gaz via l’Ukraine aura un impact radical sur nous tous dans l’UE, pas seulement sur la Fédération de Russie », a-t-il prévenu dans une vidéo publiée sur Facebook. Ce leader nationaliste s’est rendu à Moscou le 22 décembre pour tenter de trouver une solution urgente, provoquant la colère de Volodymyr Zelensky, qui l’a accusé de vouloir « aider Poutine ».
Une « nouvelle victoire » sur Moscou
La Hongrie reçoit l’essentiel de ses importations de gaz russe via TurkStream, qui passe sous la mer Noire, et l’arrêt du transit via l’Ukraine ne l’affectera que marginalement, même si le Premier ministre Viktor Orban a déclaré « ne pas vouloir abandonner » cette route. Parmi les alliés les plus proches de Kiev, la Pologne, par la voix de son chef de la diplomatie Radoslaw Sikorski, a pour sa part salué « une nouvelle victoire » sur Moscou.
Avec la fin de ce transit et plus de deux ans après le sabotage des tubes Nord Stream en mer Baltique, l’Europe ne sera désormais approvisionnée en gaz russe que par TurkStream, et son prolongement Balkan Stream. Elle importe également des quantités importantes de gaz naturel liquéfié (GNL) russe par méthaniers.
Par ailleurs, Gazprom doit cesser mercredi de livrer du gaz à la Moldavie, dans le contexte d’un différend financier avec cette ex-république soviétique qui vient de réélire un président pro-européen.
« Situation difficile » en Transnistrie
La région séparatiste pro-russe de Transnistrie est en difficulté suite à l’arrêt mercredi des livraisons de gaz russe à l’Europe via l’Ukraine. “La région traverse une situation difficile” après que le fournisseur local Tiraspoltransgaz “a interrompu l’approvisionnement en gaz naturel et en chauffage, affectant les localités et les institutions publiques”, a déclaré le porte-parole Daniel Voda sur le réseau social Telegram, appelant la Russie à “cesser son chantage”. »
(AFP)