Le gros gode n’est pas la seule réussite de Vincent Lagaf. L’animateur révélé par l’émission La classe présenté par Fabrice sur FR3 (ex-France 3,) s’est également illustré en musique. Là aussi, avec un succès insolent. Et ce, bien avant de devenir une star du petit écran. Il a vendu près d’un million d’exemplaires de son single « Bo le lavabo » et au moins autant de « La Zoubida », single sorti un an plus tard. Cette dernière chanson a même donné lieu à une adaptation en jeu vidéo au début des années 90 : Lagaf’ : les aventures de Moktar.
Un pari audacieux
Invité de Légende, l’émission YouTube de Guillaume Pley, Vincent Lagaf’ a expliqué comment « Bo le lavabo » est devenu un succès alors que personne ne voulait de la chanson. «(Quand) je sors de La Classe, Je fais des galas. Cela fonctionne plutôt bien, mais je souhaite passer au niveau supérieur. Je sors de LEn cours, je passe devant le studio Une sacrée soirée. Il va voir les gens qui font le spectacle en se présentant comme un comédien qui souhaiterait présenter un sketch. “Sur moi dit : « nous ne prenons pas de croquis. Nous sommes en direct et je ne prends pas le risque de faire un sketch car si vous faites un sketch qui casse, le spectateur s’en va et je le perds. Dubitatif sur cette réponse, il exprime son incompréhension : « Plutôt que de prendre un petit enfant qui mettra ses couilles sur la table ? » Nous lui répondons : «Eh bien oui…» Il répond : « Si je fais une chanson qui marche, tu m’emmèneras ? Il dit oui. Je lui tends la main et il la serre.
« Bo le lavabo », la chanson dont personne ne veut
Parmi les sketchs qu’il interprétait ensuite sur scène, Vincent Lagaf’ en avait un intitulé Toc 50. Il y parodiait les chanteurs du Top 50, célèbre palmarès des ventes en France et institution des années 80 et 90. à la radio et à la télévision. Son sketch se termine par ce refrain “Oh comme c’est beau, comme c’est beau l’évier”. “Et c’est un succès”a-t-il confié à Guillaume Pley. Il en fait une chanson qu’il enregistre et envoie à toutes les radios de France. Cependant, aucun n’accepte de le diffuser.
Un soir pourtant, il apprend qu’à la discothèque Pondorly, un DJ passe tous les soirs le disque mixé avec « French Kiss » de Lil’ Louis, la chanson originale d’où est tiré le sample qui a servi à faire « Bo le lavabo » . . Vincent Lagaf’ s’y rend pour voir ce qui se passe. « Là, je vois toute la discothèque, qui était en mode un peu endormie, se lever et s’aligner devant le DJ en train de chanter. Et quand le refrain arrive, […] Toute l’entreprise crie : « Oh, l’évier est si beau. »
Les discothèques au sommet du Top 50
Ni une ni deux, Vincent Lagaf’ se dit que le mouvement est en marche et qu’il faut absolument envoyer le 45 tours à toutes les radios pour qu’elles puissent le diffuser. Mais son producteur Hervé Hubert, qui a travaillé avec Thierry Le Luron, Sim et Benoît Poelvoorde, a une autre stratégie en tête. « Il me dit non. On va l’envoyer aux discothèques avec les instructions.» Bon choix. C’est un carton dans les discothèques et le lundi, les gens vont à la Fnac et demandent le disque qui n’est pas dans les rayons. “Ça résonne à l’oreille d’un gars qui s’appelle Alain Puglia (un autre producteur français qui a notamment travaillé avec Popeck, André Lamy, Patrick Timsit et Laurent Gerra, NDLR) qui me dit : ‘je produis ton disque’ »explains Vincent Lagaf’. Result ? « Nous en avons vendu des tonnes (pas loin du million, avoue-t-il, NDLR) et je suis toujours dans le (Livre) Guinness (records). Je suis le 45 qui a vendu le plus en une journée.
The Bigdil, plus qu’un jeu télévisé, un phénomène du petit écran
Ironiquement, avec ses chansons parodiant celles du Top 50, Lagaf’ s’est hissé dans ce classement dont il se moque. Il y a passé 28 semaines, dont une sur la plus haute marche du podium.
« 800 000 francs ? C’est un cinquième de ce que vous allez obtenir.
“Cela a payé la maison d’avance, avoue l’humoriste devenu chanteur avant de devenir animateur télé avec le succès qu’on lui connaît. J’ai reçu une lettre recommandée. […] Je regarde la chose. J’ouvre… la Sacem (l’équivalent de la Sabam en France, NDLR). Et je ne comprends pas. Je dis qu’est-ce que c’est, ce n’est pas possible. J’appelle la Sacem parce qu’en bas c’est écrit 800 000 francs (français, NDLR). Je ne sais pas ce que c’est que 800 000 francs. Pour moi, 800 000 francs, c’est le Loto. J’appelle la Sacem et je leur dis que je suis Vincent Lagaf’ et que j’ai reçu une lettre avec un chèque mais je pense que vous avez fait une erreur. Le gars me dit : “c’est quoi le numéro ?” Je dis 800 000 francs. Il m’a dit : « non, il n’y a pas d’erreur, c’est un cinquième de ce que tu vas avoir. Vais-je toucher 4 millions de francs ? Il m’a dit oui.“
Un an plus tard, en 1991, il récidive avec « La Zoubida ». Il s’est également vendu à environ un million d’exemplaires.
Et Vincent Lagaf de conclure : « Cette année-là, une loi a été votée. Il disait que si vous ouvrez une entreprise en changeant d’activité, vous êtes exonéré d’impôts. Il mime le geste qui signifie bingo… avec un grand sourire.