Arrivé du Mexique il y a quelques années après avoir fait l’effort d’apprendre le français, Alan Munoz a été déçu de découvrir que la ville de Montréal ne valorisait pas davantage sa langue principale.
Alan Muñoz
Candidat à la maîtrise en affaires publiques et internationales, Université de Montréal
En 2015, au Mexique, j’ai décidé de commencer à étudier la langue française afin de m’installer au Québec et d’avoir accès au marché du travail et de vivre ma vie professionnelle en français.
En 2020, dès mon arrivée à Montréal, j’ai eu la surprise de constater que, dans la vie quotidienne, la maîtrise du français, bien que nécessaire, ne semblait pas vraiment un prérequis pour les nouveaux arrivants. Ainsi, dans le commerce de détail, lorsque je demandais des services en français, mon accent étranger incitait les employés à me répondre en anglais, malgré mon insistance à continuer dans la langue commune de cette province.
Quelques années plus tard, la situation dans le monde du travail n’a pas beaucoup changé : les employeurs semblent plus à l’aise pour me parler en anglais et certains m’ont dit que j’avais des barrières linguistiques (en raison de mon accent) même si je parlais dans leur langue. propre langue et sans tenir compte de mes différents certificats en français.
Je parle anglais, mais mon objectif est de m’intégrer à la société québécoise, et il semble que la société québécoise ait de la difficulté à m’intégrer.
La ville de Montréal est-elle en train de perdre sa position de puissance francophone mondiale ? Selon les données du rapport 2024 sur l’évolution de la situation linguistique au Québec de l’Office québécois de la langue française1L’anglais a gagné du terrain dans l’espace public : la proportion de Montréalais utilisant le plus souvent l’anglais est passée de 13,4 % en 2016 à 17,4 % en 2022. Dans la même période, la proportion de citoyens utilisant le plus souvent le français est passée de 67,5 % en 2016 à 59,5 %. % en 2022.
Le Comité sur la langue française, présidé par Louise Harel, propose des recommandations visant à accroître l’influence du français dans la vie quotidienne des Montréalais et à réaffirmer le statut de Montréal comme métropole francophone d’Amérique et leader de la francophonie. On ne peut que saluer les propositions que le Comité a soumises récemment à la Ville de Montréal2.
Inverser la tendance
Pourquoi est-il important d’inverser cette tendance ? Historiquement, Montréal était considérée comme la deuxième ville francophone juste après Paris. Aujourd’hui, Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, a même dépassé Montréal en nombre de citoyens francophones.
La ville de Montréal devrait non seulement continuer à protéger le français, mais aussi utiliser cette langue comme un avantage. Si le français domine la vie quotidienne, la ville continuera d’être un important centre francophone d’innovation, de recherche et un acteur majeur sur la scène culturelle mondiale.
Les institutions francophones de la ville telles que ses musées, ses organismes et ses universités sont considérées comme des puissances dans leurs domaines d’action respectifs. C’est grâce à la culture issue de la langue française que Montréal possède un attrait touristique distinctif en Amérique du Nord.
Le déclin du français dans l’espace public constitue-t-il un mouvement définitif qui met à mal la position de la métropole comme leader de la francophonie ? La mise en œuvre des recommandations du Comité de la langue française de Montréal ainsi que le renforcement législatif du Québec en matière de protection linguistique ont tout pour permettre à Montréal de retrouver la place prédominante qu’elle occupait comme capitale mondiale de la francophonie. Mais un fait demeure : ce sont aussi les citoyens et les employeurs qui doivent s’impliquer et soutenir ces initiatives avant que la situation ne devienne irréversible.
1. Consultez le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec 2024
2. Consultez le deuxième rapport de recommandations de la commission sur la langue française de la Ville de Montréal
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