“Un petit truc en plus” aura été le plus gros succès du box-office français en 2024, devant “Le Comte de Monte-Cristo”.
En août dernier, son réalisateur livrait son ressenti à Audrey Crespo-Mara, devant cet incroyable plébiscite.
Artus lui raconta notamment qu’il portait ce film depuis presque toujours.
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Sept à huit
Quatre, puis six, et désormais plus de 10 millions d’entrées : la comédie « Un p’tit truc en plus », réalisée par Artus, également à l’affiche du film, est un phénomène. Une nouvelle que l’humoriste savoure. « Je suis en lévitation. Je suis devenu accro à mon téléphone portable car l’application me dit si on fait des entrées, si les gens veulent encore y aller. Il y a ce côté un peu stressant de se dire : “Je ne veux pas que les gens s’ennuient, je veux qu’ils continuent à le voir”“expliquait-il à Audrey Crespo-Mara dans le « Portrait de la semaine » de « Sept à Huit » en août dernier, à retrouver en tête de cet article.
De là à prendre la grosse tête ? « Il faudrait demander à mes proches, mais je ne pense pas »il répond tout de suite. Autrement, nous aurions été surpris. Cette aventure semblait l’accompagner depuis longtemps. Même enfant, lorsqu’on demandait à Artus ce qu’il voulait faire quand il serait grand, il répondait inlassablement : « promener les personnes handicapées dans les parcs ». « Ce n’est pas un vrai travail, je pense. Je ne sais pas pourquoi. J’ai toujours été attirée par ces gens qui ont un petit quelque chose en plus, ce côté simple dans le bon sens du terme, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de barrières sociales, de codes qu’on s’est fixés (… ) Ils n’ont pas ce sourire hypocrite qui est un sourire valable. Ils ne le savent pas. ne fais pas ça et tant mieux. Ça fait vraiment du bien, cette connexion humaine. simple”ajoute-t-il.
Dans tous les handicaps qui touchent la tête, c’est fou de se rendre compte qu’il y a toujours un lien avec l’enfance et le fait de rester dans cette bulle infantile.
cadre
Rien de plus naturel pour Artus de porter ce regard nouveau et tendre sur le handicap mental. « Dans tous les handicaps qui touchent la tête, c’est fou de se rendre compte qu’il y a toujours un lien avec l’enfance et de rester dans cette bulle de l’enfance. Ça me touche parce que je pense que j’ai un peu ce truc : l’angoisse de vieillir, ce truc de devenir adulte. Il y a une phrase de Jacques Brel que j’aime beaucoup qui dit : « pour que nous devenions vieux sans être adultes ». Je pense que c’est ça, devenir adulte, c’est ennuyeux.dit l’acteur-réalisateur.
Et quand le handicap mental est le plus souvent caricaturé à l’écran, « Un petit truc en plus » prend le parti du rire avec les personnes handicapées, et non à leurs dépens. Car ici, les deux « valides », incarnés par Clovis Cornillac et Artus, vont perdre. Père et fils à l’écran, ils incarnent deux petits voyous, qui décident de braquer une bijouterie. Pour échapper à la police, il ne leur reste qu’une seule chance : monter dans le bus qui emmène un groupe de jeunes handicapés mentaux dans une colonie de vacances.
Artus se fera passer pour un pensionnaire, mais sera très vite démasqué, donnant des scènes de pure comédie. Une démarche saine pour le réalisateur. « Je pense que nous devons rire de nos différences. C’est une véritable force que nous devons exploiter. Pendant très longtemps, j’ai été très gros et au contraire, il faut en rire”assure-t-il.
Le film était un pari pour Artus, connu jusqu’à présent comme une figure de l’humour et du petit écran, incarnant déjà des personnes handicapées dans des sketchs. Le succès lui donne raison. Cette aventure humaine l’a aussi profondément changé. « Cela ne peut que changer les gens quand on arrive sur un tournage comme celui-là. Déjà, quand vous arrivez le matin et que vous vous disputez avec votre femme, qu’il y a des embouteillages sur la route ou des petits problèmes et qu’il y a Soso (alias Sofiane Ribes) en fauteuil roulant qui a malheureusement une maladie compliquée et il a une banane, ben en fait, tes petits problèmes, tu les prends et tu les mets où tu veux. Nous ne pouvons que relativiser. Et ils ont une telle joie de vivre quand ils arrivent sur le plateau, honnêtement, je pense que c’était plus facile de faire ce film avec 11 acteurs handicapés qu’avec 11 acteurs. d’ego, tout va bien, la vie est belle”il explique.
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Sponsor des Jeux Paralympiques et depuis des années de Handicap International, Artus espère désormais que son film changera les perceptions. « Les retours que j’ai des spectateurs et des gens vont dans ce sens. Il y a aussi des associations qui ont plus de dons. J’espère, parce qu’en France, on est un peu en retard (.. .)»il murmure. Son souhait le plus cher : que l’effet ne se limite pas à la réussite du film. Et qu’un de ses acteurs “obtient une nomination aux Césars”.