Le 3 décembre à Conakry, capitale de la Guinée, Habib Marouane Camara, directeur de publication du site d’information lererevelateur224.com et journaliste d’investigation, a été appréhendé par les forces de sécurité et emmené vers un lieu inconnu.
Plus de trois semaines après cet enlèvement, sa famille et ses collègues sont toujours sans nouvelles de lui. Une situation qui plonge Mariama Lamarana Diallo, son épouse, dans l’angoisse.
« Si je dis que je me sens bien, c’est peut-être pour masquer un peu la réalité des choses. Je fais juste semblant de ne pas laisser apparaître cette tristesse en moi. Mais je suis toujours dans cette obscurité, je n’arrive pas toujours à trouver des réponses à mes questions, donc c’est un peu difficile pour moi, je ne me sens pas vraiment moi-même avec mon mari absent. a-t-elle confié.
Plusieurs jours sans voir leur père, l’ambiance devient pesante chez les enfants du journaliste qui commencent à poser des questions, notamment “Quand est-ce que papa vient?” ». La mère en situation familiale, faute de réponse à cette question légitime, se trouve incapable de satisfaire son enfant et est obligée de trouver d’autres alternatives pour satisfaire les préoccupations de l’enfant.
« Le plus grand garçon est celui qui est à l’âge perturbateur, il a six ans et demi. Il me demande à chaque fois : Papa, quand vient-il ? Cette fois, il a duré longtemps, car généralement, lorsqu’il voyage, il n’y consacre pas assez de temps. Pourquoi cela prend-il autant de temps cette fois-ci et pourquoi ne m’appelle-t-il pas au téléphone ? Il y a toutes ces questions qui reviennent depuis son départ. J’essaie toujours de trouver des réponses comme où est son père, il n’y a pas de réseau et je lui dis souvent que quand il m’appelle, il s’avère qu’il est en train de dormir”, maintient-elle tristement.
Pour rappel, son mari a été kidnappé dans la soirée du 3 décembre 2024 alors qu’il se rendait au KPC. Selon Mariama Lamarana Diallo, cette dernière aurait été l’une des premières personnes qu’elle a contactée après les faits.
« J’ai immédiatement eu l’idée d’appeler KPC. Je l’ai appelé deux, trois fois, je pense. Il n’a pas répondu sur le moment. C’est donc vers 23 heures après l’acte qu’il m’a rappelé. Il m’a confirmé que mon mari avait rendez-vous avec lui. Mais franchement, il n’en sait plus rien. Et jusque-là, il ne m’a plus rappelé, c’est resté comme ça. indique-t-elle.
Bien que cette situation suscite l’indignation de l’opinion nationale et internationale, Mariama Lamarana Diallo appelle à l’intensification des actions pour la libération de son mari. C’est pourquoi elle plaide auprès des associations de presse pour l’organisation de journées de mobilisation en faveur de son mari.
Après une première lettre adressée au Président de la transition sans réponse, Mariama Lamarana Diallo demande une nouvelle fois l’implication personnelle du Chef de l’Etat pour la libération de son mari.
« Je fais toujours appel à son implication personnelle, afin qu’il puisse m’aider à retrouver mon mari. Je ne demande pas grand-chose, je veux au moins recevoir un appel, même si ce n’est qu’un seul appel téléphonique pour le moment. Ça m’aurait soulagé, ça m’aurait aidé à vivre le quotidien avec les enfants, l’idée de savoir qu’il est vivant, qu’il va bien. Même s’il ne me dit pas où il est détenu, j’ai au moins cette chance d’entendre la voix de mon mari. Et je demande l’implication du président car en fait, il est le mieux placé pour enquêter », dit-elle.
« Si ça continue comme ça, je dois agir. Je dois me lever et ensuite je vais vers lui avec l’enveloppe à la main en espérant qu’ils la lui transmettront », conclut-elle.
Ombre JRI
