Il y a 30 ans, le vol 8969 d’Air France, reliant Alger à Paris, était pris en otage, un drame de 54 heures marqué par l’intervention héroïque du GIGN.
Le 24 décembre 1994, l’aéroport d’Alger est en pleine tourmente. Les 227 passagers du vol Air France 8969 sont montés à bord, impatients de passer Noël en famille. Mais tout change à 11 heures du matin. Quatre hommes, se présentant comme des policiers, montent à bord. Une fois à l’intérieur, ils dévoilent leurs armes : pistolets, kalachnikovs, grenades.
« Nous sommes du GIA ! Nous sommes des tueurs, et nous prenons l’avion ! » Ces hommes sont membres du Groupe islamique armél’un des mouvements terroristes les plus radicaux d’Algérie. Leur revendication : la libération de deux dirigeants du Front islamique du salut, détenus en Algérie. Dès les premières heures, la tension monte. Les négociations échouent. Pour prouver leur détermination, des terroristes exécutent froidement un policier algérien. Son corps est jeté sur la passerelle. Les otages vivent un enfer. A Paris, la cellule de crise est en alerte maximale. Le 25 décembre, les femmes et les enfants sont libérés, mais le drame continue. Deux autres otages sont tués. Yannick Beugnet, chef français, est exécuté sous les yeux de tous. Les preneurs d’otages menacent : ils tueront un passager toutes les 30 minutes si l’avion ne décolle pas.
Chaque minute compte
La France intensifie la pression. Pas question de céder. Les terroristes obtiennent enfin le droit de décoller, mais l’avion doit s’arrêter à Marseille pour faire le plein. Il est 2h20 du matin le 26 décembre.
A Marignane, le GIGN se prépare dans l’ombre. Ces trente gendarmes d’élite ont été rappelés en urgence de leur congé. Leur mission : empêcher une éventuelle attaque kamikaze sur Paris. L’aéroport est fermé, les vols annulés. A bord, les otages survivent dans une tension insupportable.
Les terroristes continuent de gagner du temps. Ils ont exigé une conférence de presse, mais les négociations se sont enlisées. Les gendarmes peaufinent leur stratégie. Chaque minute compte.
L’assaut du GIGN
A 17h12, le signal est donné. Trois passerelles motorisées s’approchent de l’avion. A l’intérieur, la police entre par les portes arrière et avant. Fusillades, fumée, verre brisé. L’opération est chirurgicale.
La guerre éclate dans la cabane. Plus de 1 000 balles sont tirées en quelques minutes. Le copilote, paniqué, saute par une fenêtre pour s’échapper. Les otages terrifiés sont évacués par toboggans sous la protection de tireurs embusqués.
A 17h29, l’assaut était terminé. Les quatre terroristes sont abattus. Tous les otages sont sauvés. Dehors, les cris de soulagement se mêlent aux sirènes d’urgence. Parmi les blessés, treize passagers, trois membres d’équipage et neuf policiers.
Un acte héroïque
L’intervention est bien accueillie dans le monde entier. Les gendarmes du GIGN deviennent des héros nationaux. ” C’était l’enfer à l’intérieur, mais nous n’avions pas le droit d’échouer », confiera plus tard un membre de l’unité.
Trente ans plus tard, ce Noël de 1994 reste gravé dans les mémoires. Ce drame, mêlant horreur et héroïsme, nous rappelle la résilience face à la terreur. Pour toujours, l’histoire du vol 8969 symbolise la force de ceux qui ont risqué leur vie pour en sauver d’autres.