Soixante-quatre ans après l’indépendance, le Premier ministre Ousmane Sonko a déploré, ce vendredi lors de sa déclaration de politique générale, que « le Sénégal reste enfermé dans le modèle économique hérité de la colonisation ». Il décrit un pays qui « continue d’exporter ses matières premières comme l’or, le poisson, le zircon, le phosphate, le pétrole et bientôt le gaz – sans réelle valeur ajoutée, tout en important massivement des produits finis ».
L’énorme déficit de la balance commerciale, qui a dépassé les 5 300 milliards de francs CFA en 2023, soit près de 30% du PIB, et qui ne cesse de se creuser chaque année, illustre, selon Ousmane Sonko, la faible compétitivité de l’économie sénégalaise. Depuis 1960, la croissance économique moyenne du pays n’a été que de 3,1 %, tandis que la population a augmenté de 2,7 % par an en moyenne. En conséquence, le revenu réel par habitant n’a pas augmenté. « Les Sénégalais se retrouvent souvent avec des revenus équivalents à ceux de l’indépendance, voire dans une situation plus précaire », a-t-il observé.
Cette faible croissance est concentrée dans quelques régions, principalement le triangle Dakar-Thiès-Mbour. La réalité des chiffres depuis l’indépendance montre que le Sénégal est pris dans un cercle vicieux de sous-développement et de pauvreté : des matières premières locales mal transformées, un secteur privé national en difficulté, des secteurs peu compétitifs, une croissance structurellement faible et fragile, et un territoire peu développé et appauvri. .
Le Premier ministre a également évoqué le mal-être d’une jeunesse désillusionnée, privée de perspectives dans son propre pays. Les emplois créés sont bien trop faibles pour répondre à l’afflux annuel de jeunes sur le marché du travail.