Lors de sa conférence de presse « marathon » de fin d’année, le président russe Vladimir Poutine a revendiqué les succès obtenus en Ukraine, mais a refusé de répondre aux questions sur la situation dans la région de Koursk où une offensive des forces ukrainiennes est en cours depuis août. La conférence de presse de Poutine intervient quelques semaines après la chute du régime syrien de Bachar al Assad, grand allié de Moscou, et quelques jours après l’assassinat du général Igor Kirillov à sept kilomètres du Kremlin, défini par le dirigeant russe lui-même comme le résultat de « graves erreurs » des services spéciaux russes.
Le rendez-vous annuel de Poutine avec les médias a duré plus de 4 heures et a eu lieu alors que se tenait à Bruxelles le Conseil européen auquel participe également le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le dirigeant russe a déclaré que la situation dans le conflit en Ukraine changeait « radicalement » et que la Russie se rapproche de la réalisation de ses « objectifs prioritaires ».
Zelensky réaffirme la nécessité d’un front uni entre les États-Unis et l’UE
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réitéré la nécessité d’un front uni entre les États-Unis et l’Union européenne pour apporter un soutien décisif au pays et parvenir à une paix juste.
S’adressant aux journalistes à Bruxelles jeudi aux côtés du…
Poutine a également souligné qu’il était prêt à rencontrer le président élu américain Donald Trump, tout en soulignant qu’il n’avait pas eu de contact avec lui depuis plus de quatre ans.
“Nous sommes prêts à négocier, mais nous avons besoin que les Ukrainiens soient prêts à négocier et à faire des compromis” pour mettre fin au conflit, a ajouté Poutine, soulignant que “la politique est l’art du compromis et les négociations sont un compromis”. notant que les autorités de Kiev ne sont pas légitimes.
“Nous n’avons aucune condition préalable pour entamer des négociations, mais les documents de paix ne seront signés qu’avec un dirigeant légitime”, a-t-il déclaré, faisant référence au président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a toutefois souligné que Kiev doit également faire preuve d’une réelle volonté de compromis, soulignant comment, en 2022, « l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a persuadé Kiev de continuer les combats », prolongeant ainsi le conflit.
« S’il y a des élections, si quelqu’un devient légitime, nous en parlerons à tout le monde, y compris à Zelensky. Si l’Ukraine veut réellement s’engager sur la voie d’une solution pacifique, elle peut certainement le faire. Mais nous ne pouvons signer (des accords de paix) qu’avec ceux qui sont légitimes. Et la Rada (Parlement ukrainien) et le président de la Rada sont légitimes », a déclaré Poutine.
Le dirigeant russe a lancé un défi aux États-Unis concernant le choc technologique, les invitant à intercepter le nouveau missile balistique hypersonique russe Oreshnik. “Ils peuvent désigner une cible à Kiev et voir s’ils peuvent l’abattre. Nous aimerions vraiment faire cette expérience”, a déclaré Poutine, ajoutant que le missile avait désormais une portée de 5 500 kilomètres.
Poutine a expliqué que les systèmes antimissiles installés en Roumanie et en Pologne « ne seraient pas en mesure de les contrer même à une distance de deux mille kilomètres », soulignant la supériorité technologique russe dans ce domaine. « Presque tous les pays de l’OTAN sont en guerre contre la Russie », a ajouté Poutine, déplorant la hausse des coûts du matériel de guerre pour l’Alliance et remettant en question la viabilité économique des dépenses militaires croissantes.
Lors de sa conférence de presse marathon de fin d’année, Poutine a également refusé de dire quand les forces russes reprendraient la région sud de Koursk à l’Ukraine, insistant sur le fait qu’elles avançaient « sur toute la ligne de front ».
La situation sur le terrain reste cependant complexe : l’armée russe continue de mener des opérations militaires de grande envergure, mais utilise des milliers de soldats mis à disposition par la Corée du Nord pour contrer l’offensive ukrainienne à Koursk qui, selon les renseignements ukrainiens, serait subissant d’énormes pertes.
L’Ukraine, soutenue par les pays de l’OTAN, résiste, mais comme le souligne récemment le président ukrainien Zelensky dans une interview, Kiev ne dispose pas de forces suffisantes pour reprendre le Donbass et la Crimée.
Poutine revendique des relations étroites avec la Biélorussie et la Chine
Sur le front de l’alliance stratégique, Poutine a réitéré l’importance des liens avec la Biélorussie, un allié clé dans la région. “Toute menace contre la Biélorussie sera considérée comme une menace contre la Russie elle-même”, a-t-il déclaré, soulignant l’étroite coopération avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko. Ce partenariat, selon Poutine, fait partie intégrante de la stratégie nucléaire russe actualisée, un signal clair aux adversaires occidentaux de la solidité de l’axe Moscou-Minsk.
La situation en Syrie a également fait l’objet d’une réflexion. L’intervention russe, selon Poutine, a réussi à empêcher la création d’une enclave terroriste similaire à celle d’autres pays, comme l’Afghanistan. “Ce n’est pas une défaite pour la Russie, nous avons atteint nos objectifs”, a-t-il déclaré, rejetant les critiques occidentales. Il a toutefois reconnu que la situation dans ce pays du Moyen-Orient reste complexe, exprimant l’espoir que la Syrie parvienne à la paix et à la stabilité. Poutine a également précisé que la présence militaire russe se limite à deux bases – une aérienne et une navale – et opère principalement en soutien aux forces locales et à certaines formations pro-iraniennes. Il a à cet égard confirmé le transfert de 4 000 combattants iraniens de Syrie vers Téhéran, à la demande des autorités iraniennes.
Lors de la longue conférence de presse, Poutine a également souligné que les relations avec la Chine représentaient un pilier de la politique étrangère russe. Poutine a salué le niveau de coopération entre les deux pays, décrivant leur alliance comme basée sur une « confiance mutuelle totale ». Il a souligné le volume des échanges commerciaux, qui a atteint entre 220 et 240 milliards de dollars, soulignant l’importance d’un partenariat économique solide pour relever les défis mondiaux. “Nous agissons conformément à nos intérêts nationaux”, a-t-il déclaré, qualifiant le président chinois Xi Jinping d’ami personnel.
[a cura di Simone Cantarini]