« À 86 ans, j’ai parfaitement le droit de prendre ma retraite », sourit Madame Lavergne. « Madame Lavergne » et non Yvette Lavergne, car personne, semble-t-il, ne l’a jamais appelée autrement. Et le jeune retraité de poursuivre : « J’en ai finalement eu assez, surtout après m’être cassé la hanche en juin. Et puis tout s’est compliqué au niveau du management, avec les outils numériques. »
Fatigué, peut-être ? «Non», s’exclame-t-il. Pourtant, celle qui vient de vendre Libos Fleurs le 2 décembre n’a jamais mesuré ses efforts ni compté ses heures de travail : « Nous avons travaillé toute notre vie, du matin – à 5 ou 6 heures – pour recevoir les livraisons de camions chargés de fleurs en provenance de Hollande. ou le retour du marché de Toulouse, jusqu’au soir, à 19h30″, murmure-t-il sans le moindre remords pour ces journées de quatorze heures.
L’impact du commerce
Sa vie professionnelle débute en 1956. A cette époque, avec son mari Michel (décédé il y a six ans), elle ouvre une épicerie à Liboussou, dans la commune de Saint-Vite. Quelques années plus tard, son mari, visiblement né avec un passé d’entrepreneur, rachète le magasin Novoprim de la place Libos qui, sous sa direction, deviendra Primagic. Chacun à la tête d’une boutique, le couple ne reste pas les bras croisés.
En 1980, leur fils Thierry rejoint également Primagic pour travailler auprès de ses parents, qui viennent d’abandonner l’épicerie de Saint-Vite. Décidément insatiable, Michel Lavergne rachète le garage Laloge attenant au supermarché en 1984 et y fonde Libos Fleurs, l’entreprise dont la réputation dépasse largement les limites du grand Fumélois. Très vite, les clients viennent de partout pour acheter des fleurs, des plantes, des graines, des articles funéraires et autres produits pharmaceutiques.
Le jour de la Saint-Valentin, j’ai adoré voir la file des maris arriver vers 18 heures. Ils étaient faciles à servir ; nous pourrions lui vendre n’importe quoi”
« Mon mari a toujours voulu vendre ce que les autres ne vendaient pas. Alors un jour, il est allé acheter des ruches chez un producteur de Mimizan », se souvient le commerçant. Et si les gens venaient de loin, c’est parce que la boutique était réputée pour ses prix très attractifs. « Mon mari voulait avoir beaucoup de monde et a augmenté les marges pour compenser les chiffres. Lorsque le maire lui reproche d’avoir obstrué le passage, il rétorque : « Un village en désordre est un village vivant ». Il savait aussi négocier les prix avec les producteurs », sourit-il.
“Je me lèverai plus tard”
Interrogée sur ses souvenirs, elle raconte comment le sacristain a suivi son mari au marché de Toulouse pour choisir des fleurs pour l’église, et évoque ses fêtes préférées : Noël, la fête des mères, la fête des grands-mères, “qui s’est bien passée”, et surtout la Saint Valentin. . « J’ai adoré voir la file des maris arriver vers 18 heures. Ils étaient faciles à servir ; nous pourrions lui vendre n’importe quoi », rit-il.
A Libos on n’oubliera pas la figure tutélaire de la « Reine Mère », assise derrière sa caisse enregistreuse, à qui les trois vendeurs apportaient les billets sur lesquels ils avaient noté les achats de chaque client. A quelques jours du départ, Madame Lavergne a encore toute la paperasse à faire, mais avoue : “Je me lève plus tard.”
Harmonie Florale succede a Libos Fleurs
Bien que les Lavergne aient cessé leur activité, la boutique continue sous le nom d’Harmonie Florale. Harmonie Cros a en effet racheté l’entreprise avec son mari Philippe. Il revient ainsi à ses premières amours, lorsqu’il étudiait la fleuristerie et l’horticulture au lycée agricole Fazanis, à Tonneins. Il souhaite continuer dans le même esprit, « si possible en développant la fleuristerie et les plantes d’extérieur », précise-t-il.