Quatre agriculteurs souhaitent construire une unité de méthanisation à Nécy (Orne) dans une zone « qui ne présente pas d’enjeu environnemental particulier », avancent-ils. Le projet est porté par Méthabio Normandie. Les riverains s’y opposent. Leur association, Les Héissons Masques, a porté plainte.
Entreprise
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui composent la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé ou la famille.
France Télévisions utilise votre adresse email pour vous envoyer la newsletter « Société ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien présent en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité
Les hérissons masqués se sont retrouvés devant le tribunal administratif de Caen (Calvados), mardi 3 décembre 2024. L’association d’habitants mécontents au nom évocateur a saisi la justice il y a trois ans, lorsqu’elle a découvert le projet d’implantation d’une usine de méthanisation à Nécy, dans l’Orne.
Soutenu par Méthabio Normandie pendant sept ans, il prévoit un site de quatre hectares comprenant trois cuves de stockage dont une d’une capacité de 10 000 m3. Une usine de méthanisation qui réceptionnerait 25 000 tonnes de déchets de l’Orne, de la Sarthe et de la Manche pour les transformer en gaz et les revendre à GRDF.
Ce projet d’envergure ne plaît pas aux habitants de Nécy, qui estiment ne pas avoir été suffisamment prévenus en amont du projet. Parmi les arguments invoqués lors de l’audience, l’avocat de l’association a évoqué le l’éloignement des exploitations agricoles, le risque de pollution des eaux, le risque d’artificialisation des terres ainsi que l’intégration de l’usine dans son environnement.
En effet, le site est placé dans un cône de vue, espace réglementé par le schéma de cohérence territoriale (Écossais). Il s’agit d’un belvédère paysager, ici dans la plaine de Caen, plus ou moins protégé de la construction de nouveaux projets immobiliers.
De leur côté, les quatre agriculteurs impliqués dans le projet d’usine se disent plutôt confiants quant à l’issue du verdict du tribunal administratif.
“Tous les projets sont attaquables évidemment, mais cela reste un projet qui est très bien fait et qui a un dossier bien plus que complet, il suffisait d’écouter les conclusions du procureur de Caen pour s’en rendre compte.», déclare l’un de leurs représentants.
Ce ne sont que des arguments généraux de base sur la méthanisation, c’est un chantier qui n’a pas de sensibilité particulière dans un territoire qui n’a pas d’enjeu environnemental particulier.
Un représentant de Méthabio Normandie
L’avocate de l’association du hérisson masqué le sait bien : ses arguments ont peu de chance de convaincre le tribunal, qui ne s’intéresse qu’à la forme et non au fond du dossier. “Dans 90% des cas, le tribunal suit la position du rapporteur public», prévient-elle.
Les deux riverains le savent aussi, mais ont quand même décidé de s’attaquer au projet, par principe.
Nous venons en connaissance de cause, nous attendons la réponse du tribunal. Mais on suppose qu’il s’agit d’un réflexe citoyen. C’est une question que l’on peut poser à la société : si les gens étaient plus attentifs à leurs droits et au respect que nous leur devons en tant que citoyens, il serait moins facile de réaliser ce genre de projets en catimini.
Laurent GapaillardTrésorier des Hérissons Masqués
Au fond, le président et le trésorier ont beaucoup à dire et craignent une opération de greenwashing de la part de Méthabio Normandie. L’un des quatre agriculteurs apporterait par exemple à plus de 100 km des effluents provenant d’un élevage industriel de poulets.
“Ils se cachent derrière un aspect qui nous est présenté comme durable et vertueux alors qu’en réalité ce n’est pas du tout l’enjeu pour eux, c’est simplement financier, mais on l’habille de vert en le présentant comme un biogaz alors qu’il n’a rien d’organique. , aucun gaz n’est organique de toute façon», affirme sereinement la présidente des hérissons masqués, Dominique Delanoë.
Le tribunal administratif de Caen rendra sa décision dans un délai de trois semaines, les hérissons masqués se réservent le droit de faire appel. Les agriculteurs envisagent déjà de se réunir pour décider de la poursuite du projet. “L’objectif est que ce projet sorte de terre et émerge dans notre intérêt, mais aussi dans l’intérêt général.», déclare Vincent Meyer.