Des deux côtés du Rhin règne une crise politique… Une telle simultanéité est rare entre les deux voisins. En France, mercredi 4 décembre, le gouvernement Barnier était au bord de la chute. En Allemagne, Olaf Scholz est également en difficulté. Depuis le 6 novembre et le limogeage de ses alliés libéraux, il ne dispose plus de majorité parlementaire. La chancelière posera la question de confiance au Bundestag le 16 décembre, dans le but d’ouvrir la voie à des élections anticipées, prévues le 23 février 2025. Comme en France, ce sont les questions budgétaires qui l’emportent sur la coalition tripartite, entre sociaux-démocrates, libéraux et écologistes.
Le parallèle entre Paris et Berlin s’arrête ici. « Par rapport à la France, la crise politique allemande actuelle est mineure, explique Marc Ringel, directeur du Centre franco-allemand de Ludwigsburg (DFI). L’Allemagne d’après-guerre a construit ses nouvelles institutions en adoptant une approche opposée à celle de la République de Weimar. Les procédures sont parfois lourdes, mais elles garantissent la stabilité. » De l’autre côté du Rhin, en effet, seule la chancelière peut provoquer la dissolution du Bundestag en posant une question de confiance, puis en se plaçant en minorité. Le scénario qui se dessine actuellement.
Il n’y a cependant pas de motions de censure à la française. Si l’opposition veut renverser le gouvernement, elle doit d’abord se mettre d’accord sur un nouveau chancelier et former une majorité alternative. Une option qui ne s’est concrétisée qu’une seule fois, en 1982.
Des élections pour retrouver la stabilité
Contrairement à ce qui se passe en France, la crise politique actuelle en Allemagne laisse donc espérer une clarification. « La coalition s’est dissoute, mais nous entrons désormais dans une situation normale, avec des élections anticipées et l’élaboration d’un budget préparatoire. C’est un processus prévu par la Constitution», Spiega Marc Ringel. « Les différents partis politiques souhaitent parvenir à un accord pour trouver une majorité dans la future assemblée. La construction de coalitions fait partie du système politique allemand. Cela contraste avec la culture politique française. » analyser.
La presse allemande partage le même constat sur le confinement actuel en France : « Si le gouvernement (sur Michel Barnier) tombe, la situation à l’Assemblée nationale restera la même. Le parti présidentiel n’a pas de majorité, il est coincé entre les blocs de gauche et de droite. » le journal conservateur l’a expliqué mercredi Frankfurter Allgemeine Zeitung (IL LE FAIT).
En Allemagne, l’absence actuelle de majorité au Bundestag retarde les décisions en matière de défense et de relance économique. Mais la crainte d’une instabilité durable est minime. Favorisés pour les prochaines élections législatives, les démocrates-chrétiens de droite (CDU) discutent déjà des scénarios pour l’après-23 février. Verra-t-on le retour d’un « Groko », c’est-à-dire d’une grande coalition avec les sociaux-démocrates ? La CDU laisse également la porte ouverte aux écologistes pour participer à un futur gouvernement. Au sein de la population, le soulagement est perceptible. La chute de la coalition tripartite d’Olaf Scholz met effectivement un terme à une période de cacophonie.
La France, « nouvelle Grèce » ?
Au contraire, vu de l’Allemagne, nous craignons que la France ne se retrouve dans une crise politique durable, sans gouvernement stable, sans budget et avec des taux d’endettement supérieurs à ceux de la Grèce. « La France est-elle la nouvelle Grèce ? “, merveilles Spiegel qui décrit un « Un Etat français très endetté, dirigé par un appareil politique dysfonctionnel et incapable de gérer les finances publiques ».
« Ce mélange toxique d’endettement élevé, de politique populiste et de hausse des taux d’intérêt cause des ennuis à l’Europe. » déplore le magazine, qui craint « une possible nouvelle crise de l’euro ». Une telle perspective apparaît comme un cauchemar pour une Allemagne qui peine à retrouver le chemin de la croissance.