La proposition d’Ottawa de plafonner les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur pétrolier crée de l’incertitude à Terre-Neuve-et-Labrador, même si le gouvernement fédéral maintient que cette mesure n’empêchera pas l’industrie de se développer dans la province.
Le projet de règlement vise à réduire les émissions de carbone de 35 % d’ici 2030. GES compagnies pétrolières par rapport aux niveaux de 2019.
À mon avis, cela a jeté un froid et créé une incertitude
affirme Andrew Parsonsle ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de la Technologie de Terre-Neuve concernant le plafond fédéral.
Il est de plus en plus difficile d’attirer l’attention des explorateurs
ajouté Jim KeatingPrésident-directeur général deSociété PétrolièreSociété pétrolière et gazière publique de Terre-Neuve-et-Labrador.
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, avant une réunion du Conseil de la fédération en juillet 2024. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Darren Calabrese
Lundi, le Premier ministre Andrew Furey a publié une déclaration s’engageant à s’opposer toute approche ayant pour effet de limiter la production pétrolière et gazière
dans la province.
Andrew Parsons estime que l’incertitude entourant les questions réglementaires est en partie responsable du manque d’intérêt pour l’exploration au large de Terre-Neuve, alors que le processus par lequel les compagnies pétrolières acquièrent des droits d’exploration offshore ne suscite aucun intérêt pour une deuxième année consécutive.
Au total, 41 parcelles réparties sur plus de 10 millions d’acres offshore étaient disponibles cette année.
Les investisseurs iront ailleurs, où leur contribution aux émissions sera différente de ce qu’elle est ici.
Jim Keatingd’Société Pétrolièreaffirme que les compagnies pétrolières sont très sélectives et exigent une certitude réglementaire de la part des États dans lesquels elles investissent. Selon lui, le plafond d’émissions proposé par Ottawa rend l’industrie de Terre-Neuve-et-Labrador nerveuse et l’incite à prendre du recul
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Aucun impact sur la Baie du Nord, affirme Ottawa
En annonçant son plan de plafonnement des émissions du secteur pétrolier, le gouvernement fédéral a néanmoins indiqué que cette mesure n’empêchera pas l’industrie de croître. Ottawa estime que la production peut être encore augmentée en investissant dans le captage du carbone et d’autres technologies.
Notre analyse détaillée […] montre que la production dans le secteur pétrolier et gazier augmentera de 16 % d’ici 2030, tandis que la pollution diminuera de 35 %
a déclaré Steven Guilbeault, le ministre fédéral de l’Environnement, à l’émission Pouvoir et politique de Radio-Canada mois dernier.
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Le ministre canadien de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’adresse aux journalistes lors des négociations lors d’une réunion du caucus sur la Colline du Parlement à Ottawa, le 27 novembre 2024. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Gudie Hutchingsle ministre responsable de Terre-Neuve-et-Labrador au sein du cabinet Trudeau, n’a pas tardé à affirmer que cette mesure n’aura aucun impact sur le projet pétrolier Bay du Nord. Nous pourrons développer davantage l’industrie
a-t-elle insisté, début novembre.
Bay du Nord est un projet proposé par la société norvégienne Equinor dans des eaux de 1 200 mètres de profondeur à 500 kilomètres à l’est de Terre-Neuve. Cela pourrait représenter des milliers d’emplois et des milliards de dollars en redevances pour le gouvernement provincial.
Rappelons qu’Equinor a suspendu le projet en raison des pressions inflationnistes et envisage désormais de le développer plus lentement.
Le plafond d’émissions prévu par Ottawa pour 2026 n’affecterait que GES en amont du secteur pétrolier, c’est-à-dire les émissions directement liées à la production. Or, la grande majorité des émissions sont produites au moment de la combustion, soulignent notamment les groupes environnementaux qui s’opposent à Bay du Nord.
Dans un communiqué mardi, le Club Sierra du Canada dénonce l’engagement deAndrew Furey pour défendre la production pétrolière de sa province et l’accuse de prendre position contre les mesures climatiques qui pourraient contribuer à protéger les communautés et à demander des comptes aux grands pollueurs
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La société norvégienne Equinor propose le projet en eaux profondes Bay du Nord, à 500 kilomètres à l’est de Terre-Neuve. (Photo d’archives)
Photo : Équinor
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et Société Pétrolière ne sont cependant pas prêts d’abandonner l’industrie pétrolière. Le ministre Andrew Parsons rappelle qu’il a injecté des milliards de dollars dans le trésor public et créé des milliers d’emplois. Il espère que cela soutiendra l’économie et la main-d’œuvre pendant de nombreuses années.
Je reste très optimiste, très positif sur notre industrie offshore. Elle a encore une longue espérance de vie devant elle.
Avec les informations de Patrick Butler et de Terry Robertsde Radio-Canada