Des affrontements dimanche 24 novembre entre supporters lors d’un match de football ont fait au moins des dizaines de morts à N’Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée, selon des sources médicales.
« Il y a une centaine de morts. Les corps sont alignés à perte de vue dans l’hôpital. D’autres gisent par terre dans les couloirs. La morgue est pleine »a déclaré à l’AFP un médecin de l’hôpital régional sous couvert d’anonymat car il n’était pas autorisé à parler aux médias.
“Il y a des dizaines de morts”dit un autre médecin. Des partisans en colère ont vandalisé et incendié le commissariat de N’Zérékoré, selon des témoins. Le gouvernement est resté silencieux dimanche 24 novembre au soir sur ce drame.
Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité, on voit de nombreux corps inertes. D’autres vidéos circulant sur les réseaux montrent des scènes de grande confusion dans les rues suite au déclenchement des affrontements. « Tout a commencé par une contestation d’une décision de l’arbitre. Les supporters ont alors envahi l’aire de jeu »a déclaré à l’AFP un témoin sous couvert d’anonymat pour sa sécurité.
Tournoi de soutien au chef de la junte
Selon la presse, il s’agissait d’un tournoi dédié au chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir après un coup d’État en septembre 2021 et devenu depuis président. De tels tournois se sont multipliés ces dernières semaines en Guinée, dans ce qui est considéré comme des événements de soutien à l’éventuelle candidature de M. Doumbouya à la prochaine élection présidentielle.
La junte s’était initialement engagée, sous la pression internationale, à céder la place aux élus civils avant la fin 2024. Elle a depuis indiqué qu’elle ne tiendrait pas sa promesse.
Plusieurs représentants de M. Doumbouya se sont récemment déclarés favorables à sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Mais le « charte de transition » établi par la junte peu après le coup d’État stipule qu’aucun membre de la junte ne pourra se présenter « ni aux élections nationales ni aux élections locales ».
Un scrutin prévu pour 2025 ?
Les autorités avaient indiqué fin septembre que tous les votes menant au retour à l’ordre constitutionnel auraient lieu en 2025. Fin juillet, elles ont présenté un avant-projet de Constitution dans le but de le faire voter par référendum avant la fin du mois de juillet. de l’année.
Mais aucune date n’a encore été fixée pour soumettre à la population ce texte rejeté par les principaux partis d’opposition et les organisations de la société civile. La junte cherche à faire taire toute forme de dissidence, en interdisant les manifestations et les médias critiques.
De nombreux dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, inculpés devant des juges ou contraints à l’exil. Début juillet, deux dirigeants d’un mouvement citoyen dissous qui réclamait le retour des civils au pouvoir ont disparu.