« Chaque année nous essayons de surprendre le public ! » – .

« Chaque année nous essayons de surprendre le public ! » – .
« Chaque année nous essayons de surprendre le public ! » – .

Aurélie De Lanlay est directrice adjointe des Rencontres d’Arles qui ouvriront leurs portes le 1er juillet pour trois mois avec pas moins de quarante expositions et quelque 4 200 œuvres à découvrir ou redécouvrir.

Objectif Gard : Quel est le programme de la 55e édition des Rencontres de la photographie d’Arles qui débute lundi ?

Aurélie De Lanlay : Nous avons construit une programmation dans laquelle nous présentons quarante expositions réparties dans vingt-cinq lieux patrimoniaux situés dans la ville. Ce sont des expositions autour de la photographie sous toutes ses formes avec de grandes figures historiques dont nous revisitons le travail, des expositions collectives qui entrent en résonance avec l’actualité ou qui permettent d’envisager la photographie avec un autre regard, à partir de la photographie émergente ou encore d’archives photographiques… et autour de cela nous déployons un certain nombre de séquences. La première d’entre elles s’appelle Remous, elle fait ainsi écho au sous-titre de cette 55e édition qui est Sous la surface.

La programmation de cette année sera particulièrement axée sur le travail de Mary Ellen Mark à travers une première grande rétrospective mondiale de l’œuvre de cette photographe américaine.

En effet! L’un des rôles des Rencontres d’Arles est de montrer une photographie de la scène française contemporaine mais aussi de s’ouvrir aux perspectives internationales en revisitant notamment le travail de photographes dont les rétrospectives n’ont pas toujours été réalisées. C’est le cas de Mary Ellen Mark dont nous sommes très heureux de présenter le travail. Elle a su apporter un regard humaniste et documentaire sur le monde qui l’entoure avec une extrême sensibilité concernant notamment la vie quotidienne dans ce qu’elle peut parfois avoir d’âpre, réalisant des portraits, souvent de personnes en marge, avec une grande empathie. Il est important pour nous de montrer le rôle du photographe et le regard qu’il peut avoir sur la société, et comment cela peut aujourd’hui éclairer notre propre regard sur le monde qui nous entoure.

« Comprendre la photographie des femmes photographes japonaises »

Que pouvez-vous dire du travail de Stephen Dock qui sera présenté à l’espace Croisière ?

Stephen Dock est au départ un photographe de guerre autodidacte français d’une quarantaine d’années qui a longtemps travaillé pour la presse. Petit à petit, il revisite ses propres archives photographiques en questionnant la notion de distance. La distance qu’il a lui-même sur place lorsqu’il photographie des scènes, la distance qu’il peut introduire en tant que photographe par rapport au spectateur en réinterprétant ses images, leurs formes, leur présentation. En utilisant diverses techniques et en utilisant des outils actuels, il a choisi de regarder ses archives autrement en écrivant son propre travail d’auteur tout en s’appuyant sur des références liées à l’histoire de la photographie. C’est un projet d’artiste très intéressant, qui, en s’éloignant de la photographie documentaire pure, présente un certain nombre de niveaux de lecture, de l’usage de la photographie à la déconstruction de l’image de la guerre.

La photographie japonaise est également à l’honneur cette année.

En effet! Nous présentons plusieurs projets autour du Japon et de la photographie japonaise, dont deux expositions dont l’une se tiendra au Palais de l’Archevêché avec la présentation des œuvres de 26 photographes japonais des années 1950 à nos jours. Les visiteurs pourront découvrir la diversité des images exposées et les différentes approches adoptées par les photographes. C’est l’occasion pour chacun, au vu du reste des expositions et de la diversité des projets, d’appréhender la photographie des femmes photographes japonaises. Nous connaissons assez bien la photographie japonaise dans l’histoire de la photographie, mais nous connaissons principalement le travail des photographes japonais, et relativement peu celui des femmes photographes japonaises. Cette exposition est l’occasion de découvrir, au cours du siècle dernier et jusqu’à nos jours, le lieu, la perspective et les expérimentations menées par les photographes japonais. La diversité des approches photographiques, la richesse des séries, les enjeux historiques et sociaux de la société japonaise rendent cette exposition passionnante et nécessaire.

« Réussir à faire entrer le public dans un nouvel univers »

Parmi les photographes invités, cette année, on retrouve Sophie Calle qui partage son temps entre Paris et le petit village du Cailar dans le Gard. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

C’est elle qui a motivé ce choix ! (Sourire) L’année dernière, en septembre, elle a visité l’exposition de Juliette Agnel sur les grottes préhistoriques d’Arcy-sur-Cure dans l’Yonne, installée aux cryptoportiques – un lieu souvent peu connu du public ! – ; et ce, au moment même où les œuvres commençaient à être endommagées en raison d’un taux d’humidité très élevé. Après avoir vu l’exposition, elle a dit à Christoph Wiesner (le directeur des Rencontres d’Arles, NDLR) : j’ai un projet pour toi ! Et c’est celle que le public découvrira cette année à travers une exposition très émouvante qui rassemble, entre autres, les photos de sa série Les Aveugles qui ont subi un dégât des eaux il y a quelques mois… Cette exposition, qui se tient bien entendu aux cryptoportiques, pose la question du regard de l’artiste, de la disparition, de l’absence et de la place que trouvent les œuvres dans le temps.

Pour la première fois, les Rencontres présentent un travail autour du graffiti, un univers qui n’est pas directement lié à la photographie !

C’est aussi ça, les Rencontres d’Arles : réussir pour chaque projet à faire entrer le public dans un univers nouveau. C’est ce qui fait que, quand on vient au festival, il y a des choses qu’on va adorer et d’autres qui vont nous surprendre. Et à chaque fois, il y a des surprises, et c’est ce que nous recherchons : surprendre les visiteurs ! Bien sûr, le graffiti n’est pas de la photographie, mais ce qui nous intéresse, c’est comment un mouvement d’appropriation de l’espace urbain et de rébellion a pu se faire une place en France et ailleurs depuis trente ans, et comment la photographie comme médium a permis à la fois de documenter et de développer ce mouvement.

« La photographie joue un rôle essentiel dans nos vies »

Une partie de l’impressionnante collection de la Fondation A (Collection Astrid Ullens de Shooten) dédiée à la photographie documentaire sera également présentée à la Mécanique générale…

C’est encore une autre voie pour la photographie ! Chaque année, les Rencontres accordent une attention particulière à la question de la collection. La spécificité de la collection d’Astrid Ullens est qu’elle est composée de plus de 5 000 œuvres créées par une centaine d’artistes qui possèdent chacun de très longues séries. Cette collection est construite autour de la photographie documentaire. On découvre de grandes figures de la photographie comme Bernd et Hilla Becher, Robert Adams, Lee Friedlander et Walker Evans. Cette exposition, qui regroupe des centaines de photos, est aussi une manière de revisiter l’histoire de la photographie.

Les Rencontres d’Arles prêtent-elles également attention à l’édition du livre photo ?

Oui. Depuis plusieurs années, nous sommes très attachés à l’édition photographique car le livre photo est un outil essentiel pour le photographe. Il l’utilise à la fois pour réfléchir à sa série et à son projet et pour diffuser et partager son travail. Cette année encore auront lieu les Book Awards dont l’objectif est de soutenir le développement de l’édition photographique et de contribuer à sa diffusion plus large.

Quel regard portez-vous sur l’avenir de la photographie ?

La photographie joue un rôle essentiel dans nos vies. Il suffit de regarder nos téléphones portables ou les gens dans la rue avec leur smartphone à la main pour se rendre compte de la place que les images occupent dans notre quotidien. Des espaces comme le nôtre, et comme bien d’autres aussi, sont absolument indispensables pour continuer à penser en permanence le médium, pour permettre aux artistes, photographes, commissaires d’exposition de révéler leur vision, leur regard, leur voix d’un monde en perpétuel mouvement aux multiples et personnels. histoires.

Programme complet des Rencontres d’Arles sur le site www.rencontres-arles.com

 
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