plus que la Russie, c’est la Hongrie de Viktor Orban qui menace les discussions

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plus que la Russie, c’est la Hongrie de Viktor Orban qui menace les discussions
Grigori Sysoïev / AFP Outre la Russie, la Hongrie de Viktor Orban ralentira le processus d’adhésion de la Hongrie à l’Ukraine. (Photo : Vladimir Poutine et Viktor Orban en octobre 2023)

GRIGORY SYSOYEV / AFP

Outre la Russie, la Hongrie de Viktor Orban ralentira le processus d’adhésion de la Hongrie à l’Ukraine. (Photo : Vladimir Poutine et Viktor Orban en octobre 2023)

INTERNATIONAL – La Russie est le grand ennemi de l’Ukraine, mais elle n’est pas la seule. Les négociations devant permettre l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ont officiellement débuté mardi 25 juin à Luxembourg.

Le président ukrainien s’est réjoui sur X d’un événement « historique » attendu depuis « décennies » par Kiev, saluant la réalisation d’un « Rêve européen ». Mais Volodymyr Zelensky n’est pas dupe : c’est un chemin semé d’embûches dressé par la Russie, mais surtout par la Hongrie, qui attend son pays avant de rejoindre les 27.

Orban bientôt à la tête du Conseil de l’UE

Ces derniers ont déjà dû se battre pour convaincre Viktor Orban de ne pas bloquer l’ouverture de ces négociations. En décembre, le Premier ministre hongrois a d’ailleurs menacé d’opposer son veto pour empêcher ces discussions d’avoir lieu. L’Ukraine n’est pas “prêt” d’adhérer à l’UE, a argumenté le dirigeant proche de Vladimir Poutine. Mais finalement, contre toute attente, Viktor Orban a fini par garder son pouvoir d’opposition en poche et a quitté la table du sommet des dirigeants des 27 sans dire un mot. Une première victoire indéniable pour l’Ukraine.

Évidemment, le chef de « l’illibéralisme » l’UE n’a pas dit son dernier mot et le fera « tout pour ralentir le processus d’adhésion de Kiev »anticipe l’historien Paul Gradvohl, spécialiste de l’Europe centrale contemporaine rejoint par Le HuffPost. D’autant que la Hongrie prend la présidence tournante du Conseil de l’UE à partir du 1er juillet pour six mois. Un poste qui lui permettra d’établir « Des programmes qui nuisent aux intérêts de l’Ukraine. » Sur la question de l’aide militaire, d’un montant de 6,6 milliards d’euros, la future présidence hongroise n’a par exemple pas l’intention de lever son veto.

La priorité « aux pays des Balkans occidentaux »

Les arguments pour s’opposer à l’entrée de l’Ukraine et à toute aide au pays sont multiples. Première pomme de discorde entre Volodymyr Zelensky et Viktor Orban : les droits de la minorité hongroise en Ukraine. Budapest accuse en effet Kiev depuis plusieurs années de “persécuter” Cette minorité de l’oblast de Transcarpatie, dans le sud-ouest de l’Ukraine, a donné à la Hongrie de quoi se remettre en question : «Viktor Orban a décidé que les Hongrois vivant en Ukraine ne devaient pas participer aux combats. Et semble penser que la seule solution pour qu’ils soient protégés est que Vladimir Poutine gagne la guerre.explicite Paul Gradvohl.

Budapest avance également des raisons économiques pour refuser la demande d’adhésion de Zelensky. « L’agriculture hongroise dépend essentiellement de l’aide européenne. C’est pourquoi le Fidesz [parti droite populiste de Viktor Orban] dit : « Non, nous ne partagerons pas le gâteau financier »poursuit l’historien Paul Gradvohl.

Andreas Bock, expert de la Hongrie au groupe de réflexion du Conseil européen pour les relations internationales, constate de son côté une certaine indifférence de la Hongrie à l’égard de l’Ukraine. « Dans sa politique d’élargissement, Budapest donne clairement la priorité aux pays des Balkans occidentaux plutôt qu’à l’Ukraine »fait valoir le spécialiste, citant notamment la Serbie et le Monténégro, avec lesquels Orban entretient des liens étroits.

Prétexte pour se rapprocher de Vladimir Poutine

Derrière la rhétorique hongroise bien rodée se cache une volonté plus grande du Premier ministre hongrois, celle de se rapprocher de Vladimir Poutine, le futur homme fort du monde, selon lui. “Viktor Orban croit que la Russie gagnera la guerre et que l’Occident sera le perdant”affirme à ce propos le professeur d’Histoire au Panthéon-Sorbonne.

La guerre en Ukraine a même contribué à alimenter le discours anti-ukrainien d’Orban et à lui valoir des points de sympathie auprès de Poutine. «Cette position anti-ukrainienne profite certainement à Poutine, qui cherche à empêcher l’intégration de l’Ukraine dans les alliances occidentales.» ajoute Andreas Bock sur ce point.

Il est toutefois difficile pour le leader populiste hongrois de défendre farouchement et ouvertement la Russie contre les États membres. Et pour cause : Budapest est dépendante du marché intérieur européen. « Si la Hongrie en sort demain, le taux de chômage atteindra 25 % d’ici six mois et toutes les usines automobiles allemandes qui la soutiennent quitteront le pays. » souligne Paul Gradvohl. En d’autres termes, la Hongrie a beaucoup trop à perdre en s’aliénant l’Union européenne en bloquant indéfiniment le désir des vingt-six autres membres d’intégrer Kiev dans l’UE. Une lueur d’espoir donc pour l’Ukraine.

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