Des Indiens manifestent contre « l’esclavage » après la mort d’un travailleur sans papiers

Des Indiens manifestent contre « l’esclavage » après la mort d’un travailleur sans papiers
Des Indiens manifestent contre « l’esclavage » après la mort d’un travailleur sans papiers

Des milliers d’ouvriers agricoles indiens ont manifesté mardi 25 juin pour réclamer justice et la fin de « l’esclavage » en Italie après la mort tragique d’un ouvrier, qui a mis en lumière l’exploitation brutale des migrants sans papiers. Satnam Singh, un travailleur clandestin de 31 ans, est décédé la semaine dernière après s’être fait arracher le bras par une machine. Son employeur l’a abandonné sur le bord de la route, avec son membre sectionné.

« Il a été jeté dehors comme un chien. Il y a de l’exploitation, nous en souffrons tous les jours, cela doit cesser”, a déclaré Gurmukh Singh, chef de la communauté indienne de la région du Latium, au centre de l’Italie. “Nous venons ici pour travailler, pas pour mourir”, explique-t-il à l’AFP. Des enfants brandissaient des pancartes colorées indiquant « Justice pour Satnam Singh » alors que le cortège parcourait les rues de Latina, une ville située dans une zone rurale au sud de Rome qui abrite des dizaines de milliers de travailleurs indiens.

Abus systémique. Depuis le milieu des années 1980, les Indiens travaillent dans les marais pontins. Beaucoup récoltent des citrouilles, des poireaux, des haricots et des tomates. D’autres travaillent dans la production de mozzarella. La mort tragique de Satnam Singh, qui fait toujours l’objet d’une enquête, a relancé le débat dans la péninsule sur la lutte contre les abus systémiques dans le secteur agricole, où le recours aux travailleurs sans papiers et leur exploitation par des patrons de clans sans vergogne sont monnaie courante.

« Satnam est mort en un jour, je meurs tous les jours. Parce que moi aussi je suis victime du travail», confie Parambar Singh, lui-même grièvement blessé à l’œil lors d’un accident du travail. “Mon patron a dit qu’il ne pouvait pas m’emmener à l’hôpital parce que je n’avais pas de contrat”, raconte cet homme de 33 ans, qui a depuis du mal à travailler. « Cela fait 10 mois que j’attends justice », déplore-t-il.

Les travailleurs sont payés en moyenne 20 euros par jour pour 14 heures de travail, selon l’Osservatorio Placido Rizzotto, qui analyse les conditions de travail des travailleurs du secteur agricole. La Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni a cherché à réduire le nombre de migrants sans papiers en Italie, tout en élargissant les voies de migration légales pour les travailleurs non européens afin de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre.

« Actes inhumains ». Mais selon l’association agro-industrielle Confagricoltura, seuls 30 % des travailleurs titulaires d’un visa se rendent effectivement en Italie, ce qui entraîne une main d’œuvre insuffisante pour répondre aux besoins des agriculteurs. Début juin, Meloni a accusé les réseaux du crime organisé d’exploiter le système italien de visa pour faire passer des migrants illégaux. Elle a elle-même condamné les « actes inhumains » en disant « nous espérons que cette barbarie sera durement punie ».

La police financière italienne a identifié près de 60 000 travailleurs sans papiers entre janvier 2023 et juin 2024. Mais le plus grand syndicat italien, la CGIL, estime que jusqu’à 230 000 personnes, soit plus d’un quart des travailleurs agricoles saisonniers du pays, n’ont pas de contrat. Si certains sont italiens, la plupart sont étrangers. Les femmes sont particulièrement mal loties : elles gagnent encore moins que leurs homologues masculins et sont parfois victimes d’exploitation sexuelle, indique le rapport.

“Nous avons tous besoin de contrats de travail réguliers pour ne pas tomber dans cet esclavage”, insiste Kaur Akveer, 37 ans, parmi un groupe de femmes vêtues de saris colorés marchant derrière les fonctionnaires. « Satnam était comme mon frère. Il doit être le dernier Indien à mourir », conclut-elle.

Elle IDE

© Agence France-Presse

 
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