Les navires de la compagnie Maersk ne savent plus où mouiller en Méditerranée. Depuis l’interdiction de deux navires en Espagne, l’armateur danois traîne des vagues d’indignation dans certains ports où il jette l’ancre. Dimanche 17 novembre, dans le port d’Ambarli à Istanbul, une manifestation pro-palestinienne a demandé au gouvernement AKP d’Erdogan de suivre l’exemple de Madrid. Et une semaine plus tôt, c’est au Maroc que des militants poussaient au boycott, alors que le navire Maersk Denver a marqué une escale dans le port de Tanger Med.
Suivi
Les porte-conteneurs, dont les mouvements peuvent être facilement géolocalisés via des applications comme MarineTraffic ou VesselFinder, sont accusés d’avoir transporté du matériel militaire américain vers Israël. Les soupçons sont alimentés par une enquête menée par le Mouvement de la jeunesse palestinienne sur « preuves des livraisons de Maersk à l’armée israélienne » de septembre 2023 à septembre 2024.
Les cargaisons comprenaient, selon ce document, des moteurs, des pièces de véhicules blindés, d’avions ou encore des systèmes de tir. C’est sur cette base qu’une partie de la flotte de Maersk est pointée du doigt, malgré les communications de l’entreprise, qui dément aujourd’hui accueillir une telle charge dans les navires incriminés.
Maersk demande à l’Espagne des éclaircissements sur sa position. Pour l’armateur danois, l’Espagne semble avoir « a modifié ses critères sur une base discrétionnaire et refuse désormais les navires transportant tout ce qui a trait à l’armée à destination ou en provenance d’Israël, même si cette cargaison est légale ».
L’affaire a pris une tournure politique à Madrid, où le gouvernement socialiste est le fer de lance de la création d’un Etat palestinien. « Nos plaintes visent à empêcher les armes d’atteindre Israël via les ports espagnols. » a rappelé mercredi 19 novembre le député de gauche (Sumar) Enrique Santiago, partenaire de la majorité au pouvoir, sur le réseau social « fournir des preuves juridiques » de “génocide” à Gaza.
Mode de fonctionnement
Les militants marocains et turcs suivent la même méthode pour interroger les autorités, tandis que les Maersk Denver, refusé au port d’Algésiras près de Gibraltar, est contraint de se dérouter vers celui de Tanger. Les protestations de la branche locale du mouvement pro-palestinien de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à Tanger ont incité le Parti de la Justice et du Développement (PJD) d’opposition à exiger une enquête pour déterminer la nature de l’envoi de Maersk Denver.
Dimanche dernier à Istanbul, c’est une organisation poursuivant les mêmes objectifs, le Comité d’action pour la Palestine, qui a à son tour sorti drapeaux et banderoles pour boycotter les navires de Maersk, mais aussi de la compagnie israélienne ZIM, dénonçant un gouvernement qui « ouvre sa juridiction et ses eaux territoriales ».
Le 3 novembre, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a annoncé son initiative d’envoyer une lettre conjointe de 52 pays – dont l’Arabie saoudite, le Brésil, l’Algérie, la Chine, l’Iran et la Russie – pour demander au Conseil de sécurité de l’ONU d’arrêter la fourniture d’armes à Israël. . Le Comité d’action pour la Palestine souligne que l’armateur ZIM s’attend à ce que 124 navires transitent par les ports turcs au cours des trois prochains mois.