Qui est Karim Bullet, le Toulonnais jugé pour le triple meurtre d’Ollioules

Qui est Karim Bullet, le Toulonnais jugé pour le triple meurtre d’Ollioules
Qui est Karim Bullet, le Toulonnais jugé pour le triple meurtre d’Ollioules

Des lunettes, un crâne lisse et un physique athlétique donnent à cet Antillais des faux airs de Lilian Thuram, l’ancien footballeur intellectuel. “Je suis une personne plutôt réfléchie», demande-t-il lors de son procès à Aix-en-Provence. L’illusion s’évapore lorsque les faits sont évoqués. Le 28 juillet 2019, Karim Bullet, aujourd’hui âgé de 40 ans, a appuyé à plusieurs reprises sur la gâchette d’un pistolet semi-automatique. Quinze balles de 9 mm.

Lui et un autre individu armé d’une Kalachnikov – la police a collecté une trentaine de caisses 7,62 – sont les auteurs de la fusillade d’Ollioules. Ce règlement de compte a fait trois morts, dont une victime innocente. “J’ai tiré après coup parce que je pensais qu’ils allaient riposter», plaide Bullet qui confie à son acolyte (entre les mains de la justice en Tunisie où il a fui) le rôle du premier tireur. La cour d’assises rendra son verdict en milieu de semaine.

Peu importe que la fusillade ait éclaté un soir d’été, à 19h32, au bord d’une route très fréquentée et à proximité de nombreuses habitations. “Ce n’est pas quelque chose qui entre en jeu, c’est dépassé par l’objectif de se débarrasser de ses deux attaquants.», rapporte l’un des psychiatres qui ont rencontré Karim Bullet à la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône).

“J’étais une âme blanche”

Cet objectif a été atteint avec la mort de Wicem Dhib, 29 ans, et Woigdi Ben Hassine, 30 ans, affiliés selon la PJ de Toulon à un clan au pouvoir.par la terreur» dans la cité Berthe à La Seyne. Les deux hommes convoitaient le deal point de La Baume, à Ollioules, détenu par Mehdi Tarhoumi et Karim Bullet (qui conteste ce rôle). “Ce sont eux qui ont lancé les hostilités. »affirme ce dernier en décrivant «les gens qui marchent calibrés».

La ville de La Baume à Ollioules, siège d’un “petit” point de deal dont le chiffre d’affaires était estimé à “mille à deux mille euros par jour”, selon un enquêteur. Photo Valérie Le Parc.

Mehdi m’a dit “ils veulent nous éteindre”.» La veille des faits, Tarhoumi aurait été menacé avec une arme et soumis à une scène d’humiliation. “Il m’a dit qu’ils voulaient me faire pire.» Karim Bullet soutient qu’il n’avait guère d’autre choix qu’entre «la tombe ou la prison». “Si M. Bullet s’était rendu au commissariat, quels moyens de protection auraient été mis en œuvre à son encontre ?», demande Me Laurie Mas, l’avocat de l’accusé. Réponse embarrassée d’un enquêteur.

Je suis coupable mais essaie juste de comprendre pourquoi», déclare Karim Bullet à ses juges. Pour cela, deux psychiatres se sont successivement attachés à sonder le natif de Fort-de-France. “J’ai eu une bonne éducation et c’est tout ce qu’il faut savoir.« Niveau intellectuel normal, impulsivité prédominante, peu ou pas de regrets…

Et un profil »antisocial» caractérisé par un mépris des règles. L’accusé nie : «Je suis respectueux des lois, j’étais une âme blanche, je n’ai pas commis d’agression sexuelle, je n’ai pas violé

« Naturellement optimiste »

Les experts essaient de me faire passer pour quelqu’un qui n’a pas de compassion (…) Je ne suis pas quelqu’un qui n’a pas de sentiments mais en prison, il ne faut pas montrer de signes de faiblesse», a-t-il également lâché.

Au centre pénitentiaire de Luynes, Karim Bullet joue aux cartes, fait beaucoup de sport et a entamé une rentrée scolaire interrompue au lycée. Diplôme donnant accès aux études universitaires, cours d’anglais et d’espagnol. Il est “respectueux du personnel mais pas toujours du règlement intérieur», indique l’administration. “Il postule pour un poste d’assistant de plancher (chargé du ménage, NDLR).»

Un enquêteur de personnalité dresse le portrait d’une personne »nonchalant». “Il vit dans le moment présent. D’un naturel optimiste, il reste confiant en l’avenir.»

Le détenu ne reçoit ni courrier ni visite. “Je préfère savoir que les membres de ma famille sont en sécurité en ne les amenant pas dans la salle de visite. Ils n’y sont pour rien, tout le monde travaille, tout le monde est carré.« Sa sœur lui verse 300 euros par mois pour la cantine. Il économise 10 % de ces revenus pour l’indemnisation des parties civiles.

Sport et « collègues »

Sa détention a néanmoins été marquée par la découverte de 200 grammes de résine de cannabis le 11 février 2022. Réception commise sous la contrainte, a-t-il précisé. Lui qui “ne bois pas, ne fume pas et ne prends pas de pilules» assure qu’il «préféré avoir des amis plutôt que des ennemis».

Jusqu’à son interpellation le 27 août 2019, Karim Bullet vivait dans un studio rue Etienne-Dauphin (ici en juin 2019), au centre-ville de Toulon. PhotoDR/Google Maps.

A l’époque des faits, Karim Bullet avait ses amis à La Baume où il était toujours coincé. “Nous avons joué aux boules, nous avons eu des tournois.» Le trentenaire partageait un studio avec sa compagne, rue Étienne-Dauphin entre l’Opéra de Toulon et les Galeries Lafayette. Le couple vivait avec des minima sociaux. “Nous ne sommes pas des gens qui sortent“, elle dit.

Il avait son style de vie, s’il ne faisait pas de sport c’est qu’il était avec ses collègues du côté d’Ollioules.» Le couple a eu un enfant en 2003 mais les liens entre le père et le fils, élevé par ses grands-parents maternels, ont été rompus.pendant sept ou huit ans».

Le trafic de drogue « pour payer les factures »

Le soir, M. Bullet est revenu vers 21h30 ou 22h», dépeint son compagnon d’alors. Il s’allongeait sur le lit avec sa tablette connectée, poursuit-elle, puis il prenait une douche avant de dire ses prières. “Le matin, nous regardions des dessins animés à la télé

Ça devenait assez compliqué niveau argent», admet-elle. Il n’a plus travaillé depuis quelques expériences ratées dans la restauration, la maçonnerie ou le jardinage. “Je sais que vendre de la drogue est un crime, je ne l’ai pas fait pour devenir millionnaire mais par nécessité, pour payer les factures et remplir le frigo», explique Karim Bullet.

Son casier judiciaire comprend trois condamnations liées à la drogue. “C’était une petite entreprise, sinon j’aurais mis 5 ans», relativise-t-il. “A ma sortie de prison en 2018, j’ai arrêté

Il avait purgé une peine d’un an de prison après avoir été arrêté près de La Baume où il avait l’habitude de rencontrer Mehdi Tarhoumi. UN “relation fraternelle» attaché à l’époque où Bullet vivait dans le quartier de La Beaucaire. “On dit qu’on a eu le deal point La Baume pendant dix ans mais ce n’est pas vrai.

“Si c’était à refaire, je me ferais tuer.”

À l’entendre dire, le Toulonnais a suivi aveuglément son ami le soir de la fusillade. “Il m’a donné un manteau avec un pistolet dans la poche et m’a dit de monter dans la voiture“, il explique. Aucune question posée ? “Ce n’est pas crédible mais c’est comme ça que c’est arrivé», a-t-il répondu au président du tribunal, Benoît Persyn. “Je ne savais pas que ça allait devenir si grave (…) Je pensais juste que ça allait s’arrêter avec l’intimidation.»

La ville d’Ollioules a rendu hommage à Catherine Santos le 3 août 2019. Une stèle a également été installée, en 2021, sur les lieux du crime. Photo Valérie Le Parc.

Catherine Santos, chef d’entreprise de 57 ans, a été mortellement blessée par l’un des tirs de Karim Bullet. “Chaque jour c’est un fardeau, j’aurai ça sur la conscience pour le reste de ma vie (…) J’espère un jour me rendre sur la tombe de cette femme pour y déposer un bouquet de fleurs.», ose-t-il devant la famille de la victime.

Un sentiment de culpabilité ? “Si je pouvais donner ma vie maintenant pour que Catherine Santos revienne, je le ferais…« Les parties civiles continuent de se rassembler. Mais “Cette histoire devait se terminer dans le sang”, soutient Karim Bullet. “Si c’était à refaire, je me ferais tuer mais je ne travaillerai jamais pour eux, l’esclavage est fini.»

 
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