Actuellement, le secteur semble marquer le pas ; les commandes ont du mal à se concrétiser et certaines incertitudes demeurent au niveau national concernant la stratégie globale, l’accompagnement des projets de mobilité dans cette stratégie et le soutien de l’État. « Le temps de déploiement sera long » remplace Thierry Tournier, qui reconnaît l’existence de certains « incertitudes ». Des doutes qui ne remettent en aucun cas le secteur en cause.
« Le temps de l’industrie est long, indique cet ingénieur d’Alstom. Je n’ai aucune inquiétude quant à la pertinence de ces solutions. Cela rappelle une prédiction de France Hydrogène. Le coût global d’un produit (TCO, pour le coût total de possession) La rentabilité de cette technologie devrait s’équilibrer en 2030 par rapport aux autres solutions, avec des rendements qui continueront de croître, faisant baisser les coûts. La demande va également tirer les prix. Et Thierry Tournier rappelle un élément clé : « Toute la chaîne de valeur de l’hydrogène est présente ici. » Le Nord de la Franche-Comté fabrique des réservoirs, des piles à combustible, des électrolyseurs. Il a les compétences pour les tester et les intégrer dans des véhicules.
« La technologie reste intrinsèquement très pertinente [pour la mobilité] », Il souligne notamment pour le transport lourd, où la batterie n’est pas une option lorsque les camions roulent en permanence, sans temps de pause pour une recharge. Le pôle Véhicule du futur porte un projet de corridor Rhin-Rhône, dans lequel il veut initier un projet de décarbonation de la mobilité lourde. 12 000 camions circulent chaque jour sur l’A36 ; 30 % du trafic est régional. L’enjeu de ce projet, qui rassemble des transporteurs régionaux, est de multiplier les solutions pour réduire la pollution de ces camions : report modal vers le train ou le fluvial ; décarbonation des moteurs utilisant des batteries, des moteurs hydrogène-électriques ou à combustion interne à hydrogène.
Thierry Tournier est conscient que le soutien à la demande est essentiel pour assurer le décollage du secteur. Mais il souligne également que les subventions gouvernementales ne sont pas les seuls leviers possibles. Il souligne le poids de la réglementation, qui doit contraindre à l’avenir le recours aux énergies fossiles, renforçant ainsi l’attractivité et la pertinence des solutions hydrogène. « Nous avons besoin d’une confiance à long terme » insiste Thierry Tournier. Pour conclure : « Le potentiel reste intact. »
