Des agriculteurs du syndicat de coordination rurale devant la préfecture d’Agen, dans le Lot-et-Garonne, le 19 novembre 2024 (AFP / Thibaud MORITZ)
Les agriculteurs manifestent mercredi pour la troisième journée consécutive en France, avec la Coordination rurale en action. Mardi soir, le gouvernement a dénoncé des dégâts et des blocages “inacceptables” dans six départements.
Au péage du Boulou, tout proche de la frontière franco-espagnole entre Barcelone et Perpignan, le blocage installé mardi midi dans le sens Espagne-France sur l’A9 tient toujours.
“Nous sommes toujours fermement attachés à notre action, nous avons le renfort de personnes qui n’étaient pas là hier”, a expliqué à l’AFP Philippe Maydat, président de la Coordination rurale (CR) des Pyrénées orientales.
Pour le deuxième syndicat agricole, qui a lancé mardi une vague d’actions, l’objectif est de bloquer “à long terme” le trafic de poids lourds depuis l’Espagne vers la France.
Selon les autorités françaises, celles espagnoles, “des détours ont été mis en place pour limiter les désagréments”.
D’autres interventions CR sont attendues mercredi en Occitanie, où un nouveau blocage est annoncé à la frontière espagnole à Fos, en Haute-Garonne, dans la matinée.
A l’autre bout de la France, à Charleville-Mézières, des agriculteurs ont passé la nuit devant la préfecture des Ardennes, également à l’invitation du CR. Ils installaient de la paille dans des camions à bestiaux et dormaient dans des sacs de couchage, selon le dirigeant syndical Thierry Lebègue.
Ils comptent y rester une partie de la journée et ensuite “probablement aller bloquer les frontières et nous espérons que cela se fera partout, jusqu’en Allemagne”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Alors que l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) a également manifesté en début de semaine, avec des actions symboliques comme allumer des “feux de colère” à la tombée de la nuit, le CR a choisi des méthodes de protestation plus virulentes.
Mardi, outre le blocage de la frontière espagnole, les manifestants CR ont déversé des déchets et du fumier devant plusieurs préfectures. A Guéret, la porte d’entrée de l’Office français de la biodiversité a été forcée.
Selon les images diffusées par le journal La Montagne, il s’agissait de manifestants portant des casquettes et des gilets jaunes de la Coordination rurale.
Mercredi matin, le ministre de l’Agriculture a estimé sur France 2 que les “actes de dégradation, de blocus à la frontière espagnole” étaient “inacceptables” et risquaient d’entamer la “sympathie” des Français envers la profession.
– Nouveaux événements –
Moins d’un an après une mobilisation historique, les syndicats agricoles estiment ne pas avoir suffisamment progressé.
L’alliance majoritaire FNSEA-JA prévoit également de manifester à nouveau “mardi, mercredi et jeudi prochains” pour dénoncer les obstacles à l’agriculture”, a annoncé mercredi le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur franceinfo.
La semaine prochaine, « dans chaque département », ces syndicats « cibleront les contraintes ou obstacles qu’ils jugent importants. Il peut s’agir de représentants de l’État, d’agences, ils peuvent être des liens avec des administrations. Ce sont eux qui décideront », a souligné Arnaud Rousseau.
“L’objectif est une fois de plus de faire pression pour dénoncer aujourd’hui ce qui n’est pas acceptable et, je le répète, toujours dans le respect des biens et des personnes”, a-t-il ajouté, affirmant se distinguer des actions organisées par le CR.
A la campagne, « tout le monde est épuisé. Et quand on est à bout de nerfs, invoquer le chaos, je trouve ça complètement irresponsable”, a-t-il déclaré à franceinfo.
La veille, la FNSEA et JA avaient salué “une première victoire” après l’annonce de la tenue d’un débat suivi d’un vote le 26 novembre à l’Assemblée nationale sur l’accord de libre-échange négocié entre l’UE et les pays du Mercosur, en grande partie rejeté tel quel par la classe politique française.
Ces manifestations paysannes se tiendront quelques semaines avant les élections professionnelles, qui détermineront la gouvernance des Chambres d’agriculture et les subventions versées à chacune.
A la tête des trois chambres agricoles (Lot-et-Garonne, Vienne, Haute-Vienne), le CR entend en « prendre 15 à 20 » à la FNSEA après les élections de janvier.