Québec empêchera par décret ministériel les optométristes de se désaffilier du système public. Cette mesure sera en vigueur pendant au moins les six prochains mois, puis sera renouvelable deux fois pour la même durée si nécessaire, a-t-on appris. Devoir.
L’ordonnance sera rendue publique mercredi matin. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, utilise les pouvoirs que lui confère la Loi sur l’assurance maladie. Celle-ci prévoit que dans le cas où « la qualité ou la suffisance des services médicaux » serait affectée, elle pourra suspendre la possibilité pour les professionnels de la santé de devenir non-participants au régime public.
Il y a environ un mois, l’Association des optométristes du Québec (AOQ) annonçait qu’à compter du 21 novembre, 85 % de ses membres cesseraient de participer au régime public d’assurance maladie. Cela couvre les personnes de moins de 18 ans, de 65 ans et plus ainsi que les bénéficiaires de l’aide sociale.
Ces populations auraient donc dû débourser environ 140 dollars pour obtenir des examens de routine jusqu’alors gratuits pour elles.
Indemnisation « insuffisante »
En octobre, des optométristes affirmaient que la compensation qui leur est offerte par Québec est insuffisante. « Nos coûts de fonctionnement ont augmenté trois fois plus vite que les tarifs de rémunération à l’acte convenus par le gouvernement, de sorte que notre rémunération par visite d’un patient de la RAMQ est aujourd’hui de seulement 3,50 $ », a indiqué le Dr Guillaume Fortin, président de l’AOQ, dans un communiqué.
L’Association, qui compte quelque 1 500 membres, a également souligné qu’elle se trouvait dans une « impasse » dans ses négociations avec le gouvernement du Québec. Ces discussions portent sur le renouvellement de l’entente concernant la tarification et les conditions de participation de ces professionnels à la RAMQ. Cet accord a expiré en 2020.
Par écrit, le cabinet du ministre Dubé soutient qu’en attendant la fin des discussions avec les optométristes, « les enfants et les personnes âgées ne devraient pas faire les frais des négociations ». « Des services doivent être offerts aux patients vulnérables lors des pourparlers », a-t-il ajouté.