les luttes des assistants parlementaires, abasourdis par l’annonce de la dissolution

les luttes des assistants parlementaires, abasourdis par l’annonce de la dissolution
les luttes des assistants parlementaires, abasourdis par l’annonce de la dissolution

« Nous avons reçu les cartons aujourd’hui… », lâche, déçu, ce mardi 11 juin, un jeune assistant parlementaire de la majorité. Comme lui, environ 2 000 collaborateurs parlementaires ont appris leur limogeage en direct à la télévision, dimanche 9 juin à 20h45. Depuis, tout s’est arrêté dans l’Hémicycle, en attendant les prochaines élections législatives anticipées. du 30 juin au 17 juillet 2024.

Pendant trois semaines, rien. Fini les commissions d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles au cinéma ou sur la croissance de la dette depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence, entre autres. Avorté également toutes les lois encore en gestation, comme celles sur la fin de vie, la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie ou la loi « anti-Airbnb ». Outre le va-et-vient des loges, les couloirs seront bientôt beaucoup plus vides, hormis les trois questeurs (députés élus par leurs pairs, chargés d’organiser l’Assemblée) et quelque 860 fonctionnaires de la chambre basse.

« À la poubelle »

«C’est super frustrant de voir tout notre travail tomber à l’eau» » déplore un collaborateur de l’opposition de gauche. Et l’un de ses homologues, lui dans la majorité, ajoute : « Nous savions qu’une dissolution planait au-dessus de nos têtes mais nous pensions plutôt qu’elle arriverait d’ici trois mois, à l’automne, lors du vote du budget. Pas maintenant, dans une telle précipitation. » Il reconnaît avoir cru à une « trêve politique » lors des Jeux olympiques, qui débutent le 26 juillet 2024. En tout cas, les deux soulignent que sur tous les sujets le prochain mandat devra repartir de zéro.

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Près d’un assistant parlementaire sur quatre a moins de 30 ans, soit 37% du total. (Source : bilan social ANNÉE 2023.)

Ces jeunes professionnels, y compris dans les rangs de la majorité présidentielle, ont directement partagé leur ” surprendre “ et leur “dépit” sur les réseaux sociaux, non sans une once de cynisme. Exemples d’histoires et de réactions anonymes : « Travailler sur l’assurance chômage un jour… et se faire virer à la télé le lendemain. » Merci Macron » ; « Viré en direct par le président de la République. Mine de rien, ça a l’air bien » ; « C’est un choc, nous sommes dégoûtés ! »

Du côté du Rassemblement national (RN), arrivé bien avant les élections européennes, les adjoints se montrent sans surprise plus calmes, et même un peu taquins avec leurs pairs. L’un d’entre eux nous a également proposé par message d’ajouter « une touche d’humour à notre article » : ” De nombreuses collaborations seront juilletistes cette année ! »

Épée de Damoclès

Il aura alors fallu moins de 24 heures, le temps à l’administration de l’Assemblée nationale de se replonger dans les archives de 1997 (date de la dernière dissolution), pour en savoir plus sur la façon dont s’organisera leur sortie. D’ici le 17 juin 2024, soit d’ici une semaine, ils devront rendre leur pupitre et leur badge. Selon nos interlocuteurs, ils auront trois mois pour restituer leur ordinateur.

Malgré le caractère ” violent “ de l’annonce, “Quand on fait ce genre de métier, on sait qu’on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête et que cela pourrait se terminer du jour au lendemain”, relativise Enzo*, 24 ans, assistant parlementaire au sein de la majorité présidentielle depuis moins d’un an. Le caractère éphémère fait partie du métier.

Légalement, les collaborateurs parlementaires sont employés par les députés, non par l’Assemblée nationale, et en CDI pour 91% d’entre eux, selon le dernier bilan social de l’Assemblée daté de 2023. Chacun des 577 députés peut avoir jusqu’à cinq salariés. , mais 40 % en ont trois. Si le mandat d’un adjoint-employeur prend fin (y compris en cas de dissolution), les contrats de ses adjoints prennent également fin. “C’est le jeu et je l’ai accepté” » concède Maria*, la vingtaine, qui avait pourtant signé son CDD au sein de la majorité présidentielle début juin.

« Panique à bord »

Il n’en demeure pas moins qu’une décision exceptionnelle entraîne des conséquences exceptionnelles. Certains de nos interlocuteurs, notamment les plus jeunes à peine sortis de l’école et les derniers arrivés, nous ont expliqué avoir été surpris dans leur vie personnelle par cette annonce. L’un d’eux nous fait part de ses inquiétudes quant au renouvellement de son titre de séjour (d’étudiant à professionnel) et un autre réfléchit à restituer son appartement à Paris. Même si leur précarité reste relative, l’impression de « panique à bord » est palpable.

De 2 100 à plus de 4 600 euros brut par mois

10 % des collaborateurs parlementaires gagnent moins de 2 159 euros bruts mensuels. Les 10 % qui gagnent le plus se situent au-dessus de 4 600 euros bruts mensuels. (Source : bilan social ANNÉE 2023.)

Misez tout sur la campagne

Acceptez d’abord le coup, puis réfléchissez aux conséquences. Alors que certains disent préférer attendre et voir ce qui se passe (« pourquoi ne pas rejoindre un cabinet ministériel ? » certains s’interrogent), d’autres, dans la majorité et à gauche, se jettent à corps perdu dans la campagne qui s’annonce éclair. Double objectif : sauver leurs MP et leur emploi. Cette option semble la plus évidente même si jusqu’à leur licenciement effectif le 17 juin 2024, ils n’ont pas le droit de faire campagne pendant leurs heures de travail. Alors ils s’organisent pour contourner cette interdiction, en y consacrant leurs soirées et leurs week-ends, voire en prenant une semaine de congés.

De toute façon, avec seulement vingt jours de mobilisation, chaque minute compte. Et Maria le sait bien : « On a à peine le temps de se mobiliser pour préparer la réélection, je réfléchirai au plan B plus tard en cas de défaite. » Réponse le 7 juillet 2024, à 20h

*À la demande des témoins, les prénoms ont été modifiés

Indemnité spéciale en attendant le chômage

Jusqu’à leur licenciement effectif (17 juin 2024), les assistants continuent d’être payés de manière traditionnelle (grâce au « crédit salarié » qui s’élève à plus de 11 000 euros par mois et par député). Ensuite, sur le modèle des licenciements économiques dans le secteur privé, l’Assemblée nationale prendra le relais avec des indemnités particulières (un à deux mois pour les contrats de plus de six mois). Enfin, viendra le temps des allocations de chômage et d’une éventuelle allocation dite de reconversion pouvant aller jusqu’à 12 mois.

 
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