Un premier avion transportant des Israéliens évacués d’Amsterdam après les affrontements de jeudi en marge du match de football entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv a atterri vendredi à Tel-Aviv. La veille, les violences avaient suscité l’indignation à travers le monde.
Plusieurs personnes ont été blessées dans ces incidents, qualifiés d'”explosion d’antisémitisme” par le maire de la ville où Israël a envoyé des avions pour rapatrier des citoyens israéliens.
Un premier avion destiné à rapatrier des citoyens israéliens d’Amsterdam “vient d’arriver à Tel-Aviv”, a indiqué vendredi après-midi à l’AFP la porte-parole de l’autorité aéroportuaire, Liza Dvir. Selon la compagnie aérienne El Al, il s’agissait d’un vol régulier sur lequel étaient assis les Israéliens évacués.
Outre les vols réguliers, quatre vols d’évacuation spéciaux sont prévus ce vendredi et deux autres samedi, a indiqué la porte-parole de la compagnie Shira Kesselgross.
“Tous les vols qui atterrissent désormais sont des vols d’évacuation”, a-t-il déclaré. « En ajoutant les vols de ce matin, cela signifie qu’environ 1 850 Israéliens reviendront d’Amsterdam à Tel Aviv », a-t-il déclaré.
Interdiction des manifestations
Ces violences représentent une “explosion d’antisémitisme” qui n’a “pas été vue depuis longtemps”, a déclaré la maire d’Amsterdam, Femke Halsema, citant des personnes qui ont tabassé des supporters du Maccabi Tel-Aviv avant de s’enfuir, avec des “voyous en scooter”. à la recherche de partisans israéliens.
Il a également annoncé un renforcement des mesures de sécurité et une interdiction temporaire des manifestations dans la capitale.
La police en alerte
Largement déployée jeudi avant le match, la police néerlandaise était en état d’alerte après qu’un drapeau palestinien ait été arraché la veille d’une façade d’une rue principale du centre-ville.
« Les affrontements entre supporters avaient déjà commencé mercredi soir. Ce fut une nuit avec des incidents des deux côtés. Les partisans du Maccabi ont retiré un drapeau d’une façade de Rokin et détruit un taxi. Un drapeau palestinien a été incendié près du barrage”, a déclaré vendredi le chef de la police d’Amsterdam, Peter Holla.
La police a fait état vendredi de cinq personnes brièvement hospitalisées et de 62 arrestations après les affrontements de la nuit. Dans la nuit, « la police a dû intervenir à plusieurs reprises pour protéger les partisans israéliens et les escorter jusqu’à leurs hôtels. Malgré la présence policière massive dans la ville, des partisans israéliens ont été blessés », ont ajouté les autorités néerlandaises.
L’ONU et l’UE sont indignées
L’ONU et l’UE ont exprimé vendredi leur indignation après ces attaques. « Nous avons vu cette information très inquiétante. Personne ne devrait être soumis à la discrimination ou à la violence sur la base de son origine nationale, religieuse, ethnique ou autre », a déclaré Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite “indignée” par ces “attaques ignobles”. “L’antisémitisme n’a absolument pas sa place en Europe.”
En Israël, où les scènes de violence ont suscité de vives émotions, l’armée a annoncé l’interdiction pour tout son personnel de se rendre aux Pays-Bas “jusqu’à nouvel ordre”. Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, s’est entretenu avec son homologue néerlandais, Caspar Veldkamp, lui demandant d'”assurer la sécurité immédiate de toutes les personnes en danger”.
«Accident effrayant»
Ces violences surviennent dans un contexte marqué par la multiplication des actes antisémites à travers le monde suite à la guerre entre Israël et le Hamas, les représentants de l’UE et des États-Unis déplorant un « tsunami d’antisémitisme » en septembre. Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a qualifié les “attaques antisémites” de cette nuit d'”inacceptables”.
En Israël, les autorités ont réagi très vivement, le Premier ministre Benjamin Netanyahu déclarant qu’il considérait « cet incident effroyable avec la plus grande gravité » et « appelait (les autorités néerlandaises) à agir vigoureusement et rapidement contre les émeutiers ».
Netanyahu a également ordonné au Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, d’élaborer un plan d’action pour prévenir la violence lors de futurs événements sportifs.
Fans provocateurs
Ces événements « n’ont rien à voir avec le football », a commenté l’entraîneur du Maccabi Tel Aviv Ben Mansford à son retour en Israël. Fondé sous un autre nom en 1906, le Maccabi Tel Aviv est le club le plus ancien et le plus prospère d’Israël.
Ses supporters ne sont pas particulièrement violents, mais des images circulant vendredi sur les réseaux sociaux et présentées comme tournées à Amsterdam – dont l’origine n’a pas encore pu être vérifiée – montrent ce qui semble être des dizaines de supporters du club scandant en hébreu. Finissons-en avec les Arabes ! Nous gagnerons ! » ou encore « Laissons Tsahal gagner pour anéantir les Arabes ».
Jeudi après-midi, une centaine de supporters israéliens se sont rassemblés sur la place du Dam, encerclés par un important dispositif policier, avant de se diriger vers le stade Johan Cruyff d’Amsterdam.
Vidéo dont les faits sont en cours de vérification
Initialement, une manifestation pro-palestinienne était prévue près du stade, qui aurait condamné la venue du club israélien, mais pour des raisons de sécurité elle a été déplacée un peu plus loin, près de la mairie.
Match France-Israël
Interrogé sur le match France-Israël, prévu jeudi au Stade de France, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré qu’il n’accepterait pas son report.
« Certains réclament le déplacement du match France-Israël. Je ne l’accepte pas : la France ne se retient pas car cela équivaudrait à abdiquer face aux menaces de violences et à l’antisémitisme”, a-t-il écrit sur son compte X, ajoutant : “A ma demande, le préfet de police Laurent Nunez prend les mesures de sécurité nécessaires pour que ce match se déroule au Stade de France, comme à son habitude.
ATS