Le Prix Debouzy 2024 récompense Julien Jeanneney pour sa « Fièvre américaine »

Le Prix Debouzy 2024 récompense Julien Jeanneney pour sa « Fièvre américaine »
Le Prix Debouzy 2024 récompense Julien Jeanneney pour sa « Fièvre américaine »
Les travaux du professeur de droit public sur la nomination des juges de la Cour suprême des États-Unis ont séduit le jury. Exceptionnellement, un coup de coeur pour une bande dessinée sur les droits des femmes a également été attribué.

Pour sa treizième édition, organisée le 4 juin au Pavillon Ledoyen à Paris, le Prix Olivier Debouzy a tourné son regard vers les Etats-Unis. Ce concours, nommé en hommage au juriste dont « l’esprit décalé et original » a encore une fois rappelé les organisateurs, est orchestrée par le Club des juristes et le cabinet August-Debouzy. Il récompense chaque année depuis 2011 la meilleure publication juridique.

Après Olivier Lasmoles l’année dernière pour Le droit pénal fait son cinéma (LexisNexis, 2022), c’est Julien Jeanneney qui s’est imposé avec Fièvre américaine : choisir les juges de la Cour suprême (CNRS Éditions, 2024) parmi la quarantaine de candidatures. Le jury, représenté par l’avocat Gilles August, associé co-fondateur du cabinet August-Debouzy, a salué « la précision et l’intelligence de ce texte qui dresse une description inquiétante des Etats-Unis « .

Dans ses travaux, le professeur de droit public à l’université de Strasbourg cherche à retracer l’histoire des nominations des juges suprêmes américains et démontre comment cet événement judiciaire, potentiellement froid et aride, est un pilier de la vie politique outre-mer. Atlantique. Pour ce faire, il a profité d’un voyage de recherche à l’université de Yale, afin de passer au crible la mine d’or que sont les rapports d’audition devant le Sénat des prétendants à la Cour suprême.

Quand justice et politique cohabitent

A chaque nomination, ces dures périodes de questions auxquelles sont soumis les candidats juges reflètent toutes les questions et les idées qui traversent le pays. De l’abolition de l’esclavage à l’avortement, en passant par la répartition des pouvoirs ou le port des armes, ces moments politiques et juridiques sont au cœur de la démocratie américaine. ” Tous les trois ou quatre ans, selon les nominations, c’est l’occasion pour le pays de faire le point sur lui-même et de débattre des grandes questions qui l’animent. », a commenté Julien Jeanneney.

Ce carrefour entre justice et politique a séduit le jury. ” À une époque où les juges prennent de nombreuses positions politiques fortes, où politique et judiciaire se rapprochent partout et où le doute sur l’indépendance de la justice grandit, ces travaux sur le système américain sont éclairants. », a estimé Gilles Août.

Julien Jeanneney a finalement fait un clin d’œil à la situation française. Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, les candidats de la rue Montpensier doivent répondre aux questions des parlementaires, un système inspiré des Etats-Unis. Mais, comme l’a observé le professeur de droit public : « rien à voir avec les audiences de la Cour suprême « . ” Si celles-ci sont critiquables, elles sont bien plus précises et utiles que celles organisées en France. », tacle l’universitaire.

Un béguin pour les droits des femmes

Une fois n’est pas coutume, les organisateurs du prix Olivier Debouzy et le Club des juristes ont choisi de récompenser un deuxième ouvrage juridique. Même s’il ne faut pas y voir la création d’un nouveau prix, le jury a tenu à souligner un « crise cardiaque ” : des bandes dessinées Les droits des femmes (Gualino, 2024), co-écrit par Isabelle Rome et Juliette Mel et illustré par Mouche Cousue. ” Le format original et le sujet d’utilité publique ont suscité l’enthousiasme », a expliqué le jury.

Le travail de l’avocate Juliette Mel et de la magistrate et ancienne ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, revient sur des décennies de lutte pour les droits des femmes. Leurs textes entrent en résonance avec les dessins de l’illustratrice et juriste Mouche Cousue pour offrir un regard appuyé sur l’histoire des défis que les femmes ont dû surmonter pour ancrer leur liberté dans la loi.

Seule gagnante présente lors de la cérémonie, Juliette Mel a remercié le jury mais surtout son éditeur pour sa confiance. ” Publier une bande dessinée est un projet particulier pour un éditeur juridique, mais je pense que cela peut être un format puissant et pédagogique pour parler de droit. “, a déclaré l’artiste.

Comme depuis quatre ans, un dessin de presse a également été récompensé puisqu’Olivier Debouzy, dessinateur à ses heures, était un grand amateur de caricatures. Parmi une quarantaine de dessins envoyés, celui d’Ysope a été retenu. Déjà lauréat de la première édition, le créateur marseillais s’est imposé avec un croquis en référence aux Jeux Olympiques, thème de cette année. Moquant l’objectif de la baignade dans la Seine et les polémiques autour du burkini, le dessin d’Ysope avait tout pour faire rire un parterre d’avocats.

Louis Faurent

 
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