(Paris) Créateur de tubes planétaires de Frank Sinatra à Michael Jackson, le producteur et trompettiste de jazz américain Quincy Jones, dont le décès à 91 ans a été annoncé lundi, a marqué son époque en s’imposant comme un compositeur hors du commun, à la carrière multi-primée. .
Publié à 5h10
Mis à jour à 6h25
Fanny LATTACH
Agence France-Presse
Dans un milieu où les producteurs travaillent le plus souvent dans l’ombre, le musicien, compositeur, arrangeur et producteur est l’un des rares à s’être fait remarquer, s’imposant comme une référence de la musique américaine, période seconde moitié du XXe.e siècle.
Il “est décédé paisiblement” à son domicile de Los Angeles en présence de “ses enfants, de ses frères et sœurs et de sa famille proche”, a annoncé lundi son attaché de presse Arnold Robinson dans un communiqué.
“Bien qu’il s’agisse d’une perte incroyable pour notre famille, nous célébrons la belle vie qu’il a vécue et savons qu’il n’y en aura jamais un autre comme lui”, a déclaré sa famille. “Grâce à sa musique et à son amour sans limite, le cœur de Quincy Jones battra pour l’éternité”, a-t-elle ajouté.
“Votre âme est partie, mais votre héritage continuera de briller”, a salué le DJ français Bob Sinclar sur Instagram. « Avec toi, la vie était swingante, c’était jazzy, tu étais la joie et le rythme, tu étais un génie ! », a réagi sur X l’artiste française de music-hall Line Renaud, qui a fait carrière outre-Atlantique dans les années 1960.
La vie du compositeur flirte avec les belles histoires de l’Oncle Sam : né en 1933 dans une ville de Chicago frappée par la Grande Dépression, d’une mère atteinte de schizophrénie et d’un père charpentier, Quincy Delight Jones Jr., de son vrai nom, est tombé sur un piano à l’âge de 11 ans. C’est une révélation, la première note de sa vie d’artiste.
Dans ses mémoires, il décrit sa rencontre avec Ray Charles comme une « bénédiction », car cet aîné, avec qui il a interagi étant adolescent dans les clubs locaux, l’a guidé dans l’apprentissage de la musique.
Petit à petit les collaborations se succèdent, le rythme devient effréné : Quincy Jones compose pour des chanteurs d’univers différents, travaille régulièrement avec Frank Sinatra.
28 Grammy Awards
Son CV était déjà bien garni lorsqu’il connaît le tournant définitif de sa carrière, en 1978, grâce à la rencontre avec Michael Jackson, qui cherchait à explorer de nouvelles sonorités.
L’alchimie entre Jackson, Jones et l’ingénieur du son Bruce Swedien est bien plus que de simples étincelles. Il génère les trois meilleurs albums du « King of Pop » : Hors du mur (1979), Mauvais (1987) et surtout Thriller (1982), l’album le plus vendu de l’histoire, vendu à plus de 100 millions d’exemplaires.
Éclectique et travailleur acharné, Quincy Jones a sorti plus de 400 disques et remporté 28 Grammy Awards, accédant ainsi au statut de légende vivante.
En 1961, il fut le premier Afro-Américain à accéder à un poste de direction dans l’industrie du disque, devenant vice-président du label Mercury Records.
Quincy Jones a également vécu quelques années à Paris dans sa jeunesse, où il s’est installé en 1957, côtoyant les jazzmen et les stars de l’époque, de Charles Aznavour à Jacques Brel.
En 2014, il est nommé Commandeur des Arts et des Lettres à Paris par l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, qui salue ce « gardien des traditions et héraut des nouvelles tendances ».
Prolifique en musique et en famille – il a eu sept enfants – « M. Q”, comme on surnommait ce touche-à-tout, s’était également tourné vers la production cinématographique (La couleur violette de Steven Spielberg, 1985) et des séries comme Le Prince de Bel-Airqui a révélé Will Smith.
Engagé, le producteur a réussi à réunir un panel de stars, de Bob Dylan à Bruce Springsteen en passant par Cyndi Lauper, pour la chanson caritative à succès Nous sommes le monde (1985) enregistré par le « supergroupe » « USA for Africa » et dédié à la lutte contre la famine en Ethiopie.