Comment les Réunionnais abordent-ils la mort selon leur foi ? En cette Toussaint, rencontre avec une famille de la communauté musulmane qui vit l’épreuve du deuil.
Chaque communauté a sa manière d’honorer les morts et d’entretenir une forme de lien avec un proche décédé. Frappées par le décès récent de leur père Azim Valdjee, 65 ans, commerçant bien connu de Saint-Benoît, ses filles, Nadia, Naîla et Shaznane racontent comment elles ont traversé cette épreuve, accompagnées de leur foi en l’Islam.
« Nous y sommes déjà parvenus. Maintenant, nous nous remettons de cette étape, très lentement. » note Nadia, l’aînée. “Voir toutes ces choses positives qu’on dit de lui, ça aide, ça fait du bien, et en même temps ça nous rappelle la perte de cet être qu’on aime beaucoup”, ajoute sa plus jeune fille, Shaznane.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Grand format : vivre la mort dans la tradition musulmane
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©Réunion 1ère
“Il n’est plus là physiquement, mais son âme est présente partout”
Naîla Valdjee, à propos de son défunt père
Présents à ses côtés jusqu’au bout, ils doivent désormais se projeter sans lui. « A la fin, il a offert son sourire et son regard à nous, ses trois enfants, et c’est ce qui nous donne aujourd’hui la force de surmonter cette épreuve »Nadia continue.
« Nous interprétons ce sourire comme une libération, une délivrance. Voilà enfin, ça y est, il prend son envol. Il est prêt, nous ses filles le sommes aussi, et il se dirige vers sa nouvelle destination sereinement, avec sérénité. Et que nous n’avons pas à nous inquiéter ni à nous sentir mal, car il va bien maintenant. décrit la grande sœur.
Azim, décédé d’un cancer en seulement trois mois, est décédé le jour de l’anniversaire de sa plus jeune fille, Naîla. « J’interprète cela comme une bénédiction. Je me dis qu’il attendait mon anniversaire pour partir.
Et d’ajouter : « Il n’est plus là physiquement, mais son âme est toujours présente partout. Là où je suis, il sera là aussi.
Les trois jeunes femmes pensent qu’il y a “quelque chose” après le décès : « Cela donne de l’espoir de pouvoir retrouver ses proches même une fois partis. Ce n’est pas fini, il y a encore une suite à venir.
Dans la tradition musulmane, il est de coutume d’enterrer les morts le plus tôt possible. Les filles d’Azim ont pu passer deux heures près de la dépouille de leur père. “Il est parti à 1h28 puis a suivi les rituels et il a été enterré à 13h. Je trouve qu’il n’y a pas assez de temps pour réfléchir” regrette Naila.
“En deux heures, le temps de se rendre compte, de verser des larmes, d’admirer chaque partie de son visage pour le retenir, ce n’est pas beaucoup de temps en fait”croit aussi sa plus jeune fille.
« Avoir plus de temps, cela ne signifie-t-il pas aussi plus de douleur lorsqu’il part ? Je ne sais pas, ça peut aussi être contradictoire”nuance Nadia.
En Islam, la mort n’est pas une Source d’angoisse. C’est la séparation du corps et de l’âme et un pont vers la rencontre avec Dieu. « Il y a des anges qui viennent prendre l’âme pour l’emmener au ciel et qui ramènent ensuite cette âme au tombeau. C’est ce lien entre l’âme et la terre qui fait alors qu’il y a ce verset du Coran où Dieu dit « De la terre tu as été créé, tu retourneras à la terre et tu ressusciteras de la terre »“ décrypte Mohammad Baghatte, Imam.
« C’est pourquoi vous et moi, un jour, serons ressuscités et ramenés devant Dieu pour répondre de nos actes sur cette terre »conclut-il.
La religion musulmane voit l’homme comme un voyageur, et sa vie, une simple escale sur cette Terre.