Marie Gicquel, avec AFP / Crédits photos : Christophe SIMON / AFP
19h59, 25 mai 2024modifié pour
Le réalisateur américain Sean Baker a remporté samedi soir la Palme d’or au Festival de Cannes 2024 pour son film “Anora”. C’est un thriller new-yorkais qui passe des bidonvilles aux villas luxueuses des oligarques russes, et augure d’un renouveau du cinéma indépendant américain.
Transition générationnelle à Cannes : le créateur de Guerres des étoiles, George Lucas, a reçu un prix d’honneur avant de remettre la Palme d’or à un représentant du nouveau cinéma indépendant américain, Sean Baker, qui a lancé un plaidoyer pour le cinéma en salles. « Il faut se battre pour faire des films qui sortent en salles. Le monde doit se rappeler que regarder un film sur son téléphone portable ou à la maison n’est pas la (bonne) façon de regarder des films », a-t-il déclaré. a déclaré Sean Baker en recevant son prix.
“Au cinéma, on partage la tristesse, la peur, le rire”, a-t-il ajouté sur une scène du Palais des Festivals où venaient de passer le relais deux légendes hollywoodiennes : Francis Ford. Coppola, finalement reparti bredouille avec Mégalopoleet George Lucas, à qui il est venu remettre sa Palme d’Or d’honneur.
Le film « Anora » rembobine efficacement les classiques du cinéma américain
Sean Baker, qui succède à Justine Triet et son film Anatomie d’une chute, est un amoureux des personnages marginalisés, débordant d’humanité, et tourne souvent avec des comédiens débutants ou amateurs. Renverser les mythes de Cendrillon ou Une jolie femme, Anora passe des bidonvilles de New York aux villas de luxe des oligarques russes, à la suite de la relation entre une jeune strip-teaseuse Anora et le fils d’un milliardaire.
Mafieux, voyages dans la communauté russophone de Coney Island, courses nocturnes à New York, homme de main aux faux airs de Robert De Niro, le film de 2h18 rembobine efficacement les classiques du cinéma américain et dépeint l’envers du rêve américain.
L’Iranien Mohammad Rasoulof repart avec un prix spécial
Autre décision marquante du jury de Greta Gerwig, qui comprenait également les acteurs Omar Sy, Lily Gladstone et Eva Green, le prix collectif décerné aux actrices de la comédie musicale de Jacques Audiard, Émilie Pérez. Ce prix fera date, car outre Selena Gomez, Zoe Saldana et Adriana Paz, une actrice transgenre, Karla Sofía Gascón, est récompensée pour la première fois. L’Espagnole de 52 ans, qui a entamé sa transition de genre à 46 ans, est la révélation de ce film dans lequel elle tient le rôle principal, celui d’une trafiquante de drogue qui se sent profondément féminine et change de genre.
Karla Sofía Gascón a dédié son prix à « toutes les personnes trans qui souffrent ». “Je veux que ces gens croient, comme Emilia Perez, qu’il est toujours possible de s’améliorer.” Grand favori, l’Iranien Mohammad Rasoulof repart finalement avec un prix spécial pour Les graines du figuier sauvagefilmé clandestinement.
Ce prix est un symbole pour les artistes iraniens victimes de la répression, et une consécration pour un réalisateur qui a défié la censure pendant des décennies avant de s’exiler, quelques jours avant le Festival. Depuis, il a fait sa première apparition publique à Cannes. « Permettez-moi d’avoir une pensée pour tous les membres de mon équipe qui ne sont pas avec moi pour célébrer cette récompense. Mon chef opérateur, de nombreux techniciens, qui sont sous pression. Mon cœur est avec eux avant tout », a déclaré Mohammad Rasoulof.
Le jeune cinéaste indien Payal Kapadia remporte le Grand Prix
Dans le reste du palmarès, l’acteur américain Jesse Plemons a reçu le prix de l’interprétation masculine pour son interprétation dans le dernier Yorgos Lanthimos, et le jeune cinéaste indien Payal Kapadia, représentant d’un 7ème art à l’ombre de Bollywood, a reçu le Grand Prix. . Tout ce que nous imaginons comme lumière était le premier film indien en compétition depuis 30 ans. Une autre réalisatrice a été primée : la Française Coralie Fargeat, récompensée pour son deuxième long métrage La substanceun film féministe ultra gore avec Demi Moore qui a fait vibrer la Croisette.
Les plus grandes déceptions de ce festival sont les légendes du Nouvel Hollywood, dont les œuvres, au crépuscule, repartent les mains vides. C’est le cas de Francis Ford Coppola, qui briguait une troisième Palme d’Or à 85 ans. Et de Paul Schrader, d’abord connu comme scénariste de Martin Scorsese avant de devenir un cinéaste confirmé, dont le film Ah le Canada !, avec Richard Gere dans le rôle d’un vieil homme mourant, déçu. Hollywood n’en a pas moins été en fête tout au long de cette édition, marquée également par la présentation hors compétition des films de Kevin Costner et Furiosadérivé de Mad Max.
Voici les gagnants du 77ème Festival de Cannes :
Palme d’Or
Anora par Sean Baker
grand Prix
Tout ce que nous imaginons comme lumière par Payal Kapadia
Prix de la réalisation
Miguel Gomes pour grande tournée
Prix du Jury
Émilie Pérez de Jacques Audiard
Prix spécial
Les graines du figuier sauvage par Mohammad Rasoulof
Prix du scénario
La substance de Coralie Fargeat
Prix de l’actrice féminine
Les actrices d’Emilia Perez de Jacques Audiard : Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz
Prix de l’acteur masculin
Jesse Plemons pour Sortes de gentillesse par Yorgos Lanthimos
Appareil photo doré
Armand par Halfdan Ullmann Tondel
Palme d’Or du court métrage
L’homme qui ne pouvait pas rester silencieux par Nebojsa Slijepcević
Palme d’or d’honneur
Georges Lucas