« Le rapport montre que l’équipe de cet établissement est engagée », confie le recteur

« Le rapport montre que l’équipe de cet établissement est engagée », confie le recteur
« Le rapport montre que l’équipe de cet établissement est engagée », confie le recteur

Entretien exclusif avec Sophie Béjean. Le recteur s’est rendu ce mardi 30 avril au matin au collège Arthur-Rimbaud pour discuter avec les personnels des conclusions de l’enquête administrative suite à l’attentat de Samara le 2 avril.

Les conclusions de la mission flash réalisée par la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, rendues publiques ce mardi 30 avril, n’ont identifié aucune défaillance fautive de la part des personnels du collège Arthur-Rimbaud, dans le cadre du Affaire Samara. Est-ce une satisfaction pour le recteur que vous êtes ?

Je ne vais pas utiliser le terme « satisfaction » car il faut rappeler qu’il y a une jeune étudiante de 13 ans, Samara, qui a été violemment agressée. Que c’est totalement inexcusable, quelles que soient les circonstances et je pense d’abord à Samara qui, évidemment, est une étudiante qui ne va pas bien aujourd’hui car il y a un impact physique mais surtout psychologique pour elle.

Il est important de le souligner d’abord parce que cela m’a amené à prendre des mesures immédiates contre les auteurs de l’attentat. Mesures de précaution et, ensuite, convoquer des conseils de discipline.

Trois des étudiants auteurs doivent comparaître cette semaine devant un conseil de discipline dans le cadre de la procédure de l’Education nationale. Et deux autres seront convoqués la semaine prochaine. J’espère de la fermeté lors de ses conseils de discipline tout en respectant, évidemment, le contradictoire. Mais je tiens à souligner qu’il s’agit de faits que les prévenus ont reconnus, selon les informations du ministère public.

Ce mardi matin, vous vous êtes rendu au collège Arthur-Rimbaud. Comment c’était ?

En effet, je m’y suis rendu pour discuter avec l’équipe de direction et, plus largement, avec l’équipe de l’établissement suite à la publication de ce rapport d’inspection générale, qui est une enquête administrative menée par le ministre. J’ai souhaité être à leurs côtés pour éclaircir les points importants soulevés par Nicole Belloubet dans le cadre de cette enquête qui, je le rappelle, est complémentaire à l’information judiciaire, qui se déroule en parallèle sous l’autorité de la justice.

Ce qui est constaté dans le rapport, c’est le travail qui a été réalisé dans le cadre de l’établissement tant pour accompagner les étudiants en général, en matière de prévention du harcèlement, que pour faire face aux situations de harcèlement. Et ce que montre ce rapport, c’est que l’équipe de cet établissement est engagée. Qu’il y a des référents qui ont été formés. Qu’il y ait un suivi des situations de harcèlement qui soit réel et concret.

Bien sûr, il y a des situations qui ont pu conduire l’établissement à prendre des mesures disciplinaires et il peut y avoir des situations qui perdurent. Quoi qu’il en soit, l’établissement est mobilisé à la fois sur la prévention du harcèlement et sur l’accompagnement des situations qui sont identifiées.

De plus, le rapport montre que les équipes éducatives ont fait ce qu’elles pouvaient compte tenu des informations dont elles disposaient au moment où elles devaient agir. C’est aussi un point important car parmi les informations qui ont pu être relevées par l’enquête administrative, qui est menée par l’inspection générale indépendante, les inspecteurs généraux ont pu, d’une part, consulter des documents. Mais a également réalisé une cinquantaine d’entretiens avec des enseignants, la vie de l’école, l’équipe dirigeante et les étudiants.

Comment les conclusions ont-elles été reçues au sein de cet établissement ?

L’équipe s’est félicitée qu’il y ait eu une enquête administrative indépendante qui a permis d’objectiver autant que possible la situation et les faits. Satisfait que leur engagement ait pu être objectivé. J’ai moi-même pu récolter un certain nombre d’informations et regarder comment les situations étaient gérées au Collège Rimbaud et je peux vous dire que c’est une équipe engagée dans la réussite des étudiants. Les résultats s’améliorent également. C’est une équipe qui s’engage également dans le programme pHARe (NDLR, programme de lutte contre le harcèlement à l’école) et dans la sécurité de ses élèves.

Par ailleurs, le rapport montre un fort attachement des personnels, enseignants et non enseignants, à leur établissement. Est-ce que c’est ce que tu as ressenti aussi ?

Il s’agit d’enseignants, d’équipes de vie scolaire mais aussi d’équipes de direction attachées à leurs élèves, à leur réussite, à l’accompagnement qu’ils peuvent leur apporter. Ce sont des personnes qui choisissent de venir dans les zones d’éducation prioritaire. Ce collège Rimbaud est un collège Rep +, qui appartient à la cité éducative de Mosson, qui accueille des étudiants pouvant rencontrer des situations sociales et familiales très complexes, parfois difficiles, et ces professeurs et équipes sont très engagés.

Si l’enquête administrative salue le bon fonctionnement de la vie scolaire et de l’équipe pédagogique au regard de cette problématique de harcèlement, elle recommande la désignation d’un assistant de prévention et de sécurité. Allez-vous en nommer un et quelle sera sa mission ?

Dans certains de nos établissements particulièrement confrontés à des situations de violence ou à des élèves particulièrement complexes, nous pouvons disposer de personnels qui sont des agents de prévention sécuritaire. Il y a un nombre limité de postes à l’Académie. M’appuyant sur les ressources de l’Académie, j’ai indiqué ce mardi matin que leur demande était légitime et que nous travaillerons à y répondre dans les plus brefs délais. Et en tout cas de stabiliser la situation l’année prochaine.

Le rôle néfaste des réseaux sociaux est également mis en avant dans les conclusions de cette mission flash. Quelle est votre analyse sur le sujet ?

C’est une question majeure. D’ailleurs, ce point a également été relevé par le procureur de la République dans une de ses communications, soulignant que l’origine de l’attaque à Samara provenait probablement d’une mauvaise utilisation des réseaux sociaux par les étudiants. C’est une préoccupation pour moi en tant que recteur, pour notre ministre, pour le gouvernement bien sûr qui a initié un plan d’action dans ce domaine. C’est également une préoccupation des enseignants et des équipes de vie scolaire. Au collège Rimbaud comme ailleurs.

Nous avons un réel besoin de travailler sur l’usage du téléphone et des réseaux sociaux à la fois auprès des élèves mais aussi auprès des parents pour les responsabiliser, les sensibiliser, leur donner les clés pour agir avec leurs enfants car ce n’est pas facile pour eux non plus. Il y a des choses qui échappent aux adultes. Les étudiants, du moins certains d’entre eux l’ont affirmé, ont pris conscience que l’utilisation abusive des réseaux sociaux et le fait de ne pas alerter les adultes pouvaient être dangereux. Nous devons donc travailler ensemble.

J’ai discuté avec l’équipe de l’établissement mais aussi avec mon délégué académique à l’éducation aux médias et à l’information et nous allons faire des propositions et accompagner les projets de l’établissement qui répondront à cette préoccupation.

Quels sont-ils ?

Premièrement, proposez des activités aux élèves à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’école. Nous avons parlé d’activités avec le vélo, avec le sport, avec les associations de quartier… Nous avons des moyens de financement avec la cité éducative. Nous avons parlé d’un projet de club de théâtre, nous avons des moyens de financement avec le « pass Cture ». Nous avons également parlé d’un café des parents pour leur donner quelques clés pour agir dans ce domaine. Et cela va au-delà du plan d’action du gouvernement et du ministère.

Ces réseaux sociaux sont véritablement un fléau. Il y a une mobilisation générale qui est nécessaire pour que nos étudiants s’en sortent. Échapper à ces formes d’algorithmes et aux tensions qui se développent sur les réseaux sociaux et qui peuvent malheureusement échapper aux adultes, aux parents et aux personnels éducatifs.

« Samara ne parlait pas aux adultes des difficultés qu’elle rencontrait », précise le rapport. N’est-ce pas là la racine du problème ? Quels conseils donneriez-vous aux victimes de harcèlement scolaire ?

Toute situation de harcèlement est une situation qui n’est pas acceptable. Et souvent, un étudiant victime de harcèlement se retrouve isolé et n’a plus d’amis, il n’est donc pas facile de s’exprimer dans ces circonstances. Il existe cependant plusieurs solutions. Tout d’abord le 3018, qui est un numéro d’écoute unique qui permet d’orienter et de mobiliser.

Mais il y a aussi des personnes formées dans les établissements. Au Collège Rimbaud par exemple, il existe une dizaine d’adultes référents qui peuvent être le personnel de la vie scolaire, l’infirmière et les enseignants. Il est important de se rapprocher d’eux et que les élèves aient cette confiance. Nous devons travailler pour progresser dans ce domaine.

Je note également que Samara a été reçue en janvier par un représentant en matière de harcèlement. Si elle n’a pas parlé à ce moment-là, peut-être pensait-elle que la situation était résolue. Du moins de son point de vue.

 
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